En voulant créer de l’oxygène sur la lune, une firme israélienne fait une découverte
Helios a trouvé le moyen de purifier les aciéries en remplaçant le carbone par du sodium pour extraire de l'oxygène
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Une société israélienne qui travaille sur une technologie visant à produire de l’oxygène sur la lune en vue d’implantations futures a découvert une méthode qui, selon elle, pourrait réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone et les coûts de l’industrie sidérurgique.
En 2022, près de deux milliards de tonnes d’acier ont été produites à travers le monde.
Selon Jonathan Geifman, cofondateur et PDG d’Helios, une société basée dans le centre d’Israël, quelque deux tonnes de dioxyde de carbone sont émises pour chaque tonne d’acier produite, ce qui rend l’industrie responsable de huit pour cent de l’empreinte carbone globale.
La première étape de la production d’acier consiste à produire du fer, présent dans la terre sous forme d’oxydes de fer. Les oxydes de fer sont extraits et placés dans des hauts fourneaux à très haute température avec du charbon pour que les molécules d’oxygène du fer se lient au carbone du charbon. Le sous-produit est le dioxyde de carbone, un gaz qui est une composante principale du réchauffement de la planète.
Helios a découvert que le sodium – utilisé pour fabriquer le sel de table – pouvait être utilisé pour remplacer le charbon riche en carbone. Les molécules de sodium se lient aux molécules d’oxygène du minerai de fer pour former de l’oxyde de sodium. On peut ensuite séparer l’oxyde de sodium en sodium et en oxygène, et libérer ce dernier dans l’air, permettant ainsi la réutilisation du sodium.
L’idée d’utiliser le sodium dans l’industrie sidérurgique découle des travaux actuels de l’entreprise sur un réacteur lunaire produisant de l’oxygène, dont l’objectif est de séparer l’oxygène des oxydes de fer présents dans la roche lunaire.
Geifman a expliqué qu’avec la méthode au sodium, le mélange ne devait être chauffé qu’à environ 400 °C, contre plus de 1 200 °C avec la méthode traditionnelle du haut fourneau.
Helios dispose déjà d’un prototype dans son laboratoire qui remplacera le haut fourneau conventionnel dans au moins une usine sidérurgique à l’étranger avant la fin de l’année, selon Geifman.
« Nous sommes en contact avec de grands sidérurgistes et nous allons mettre en place des modèles réduits au sein de leurs chaînes de production afin d’utiliser l’infrastructure énergétique existante », a-t-il expliqué.
En remplaçant le carbone par du sodium, la solution trouvée par son entreprise a permis de réduire à zéro les émissions directes de carbone pendant cette étape du processus de fabrication de l’acier.
Elle a également permis de réduire de moitié les besoins en énergie et de 80 à 90 % les émissions indirectes (provenant du charbon ou du gaz naturel utilisé pour alimenter les fours).
« Dans le calcul du prix de l’acier, c’est le coût de l’énergie qui est le plus volatil », a expliqué Geifman. « Pour l’aciériste moyen, la réduction du facteur le plus volatil permettrait donc de stabiliser le prix ».
Il a ajouté que, bien qu’elle en soit encore à ses débuts, Helios est certaine que sa méthode peut réduire les coûts de production de l’acier de « dizaines de points de pourcentage ».
Helios a déjà testé cette technologie et a constaté qu’elle fonctionnait aussi avec d’autres métaux tels que le cuivre et le nickel, a ajouté Geifman.
Helios compte parmi ses investisseurs la multinationale minière Anglo American, la société israélienne Doral Energy, un fonds de capital-risque de la Silicon Valley et un grand fonds d’investissement européen.
Helios espère envoyer un petit prototype de son usine à oxygène sur la Lune en 2025.