Encel : “le monde arabe n’en finit plus de se morceler”
Dans les Échos, le géopoliticien revient sur les raisons profondes du désaccord entre plusieurs pays du monde arabe et le Qatar, avec qui les relations ont été rompues
Si le clivage entre sunnites (le quasi-ensemble du monde arabe) et chiites (dominés par l’Iran) explique en partie la crise actuelle entre le Qatar et une partie du monde arabe, du fait de la proximité du Qatar avec son voisin iranien, il n’explique pas tout.
« Il faut comprendre qu’il s’agit d’abord d’une question inter-arabes, voire inter-bédouins. Il y a, dans cette région, une forte concurrence économique, politique, religieuse, et même matrimoniale entre les grandes familles des grandes tribus qui se sont partagées la Péninsule arabique, » explique Frédéric Encel dans un entretien paru dans Les Échos.
Mais « la toile de fond de cette rupture spectaculaire est que le Qatar est accusé de complaisance vis à vis de groupes pro-iraniens au Yémen, ajoute-il, comme il a déjà été accusé de complaisance vis-à-vis des groupes islamistes radicaux en Syrie, en Irak et jusqu’au Sahel. »
Mais pour Frédéric Encel, cette crise n’est que le dernier épisode d’une détérioration générale de l’unité du monde arabe qui « n’en finit plus de se morceler et de se balkaniser. Cela a commencé avec la Somalie, puis le Soudan, l’Irak, la Syrie, jusqu’au Yémen et aux Comores.. Il y a un effondrement soit économique, soit politique, soit géopolitique et militaire, soit les trois, avec une division profonde au sein de la Ligue des 22 États Arabes. »