Enfants israéliens et palestiniens chaussent les crampons ensemble
Peres : "Vous n’allez pas jouer l’un contre l’autre mais ensemble. Montrez-nous, vous la génération de demain"
Pour la rentrée des classes, des enfants palestiniens et israéliens ont laissé derrière eux 50 jours de guerre pour être, le temps d’un match, des adversaires dans les règles du ballon rond.
Quatre-vingt enfants, âgés de 6 à 16 ans et venus du sud d’Israël et du village de Yatta (sud de la Cisjordanie), se sont retrouvés lundi sur la pelouse du kibboutz Dorot, au sud d’Israël à quelques kilomètres seulement de la bande de Gaza.
L’appréhension est là. Ils ne se sont plus vus depuis la guerre. Mais le plaisir du jeu reprend vite le dessus.
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« C’est génial de revenir ici après deux semaines coincés à la maison sans sortir et de se défouler un peu », se réjouit Ofir, 11 ans, originaire de Sderot, une ville du sud d’Israël qui a été exposée à un déluge de roquettes tirées depuis la bande de Gaza.
« Tous les Arabes ne sont pas méchants. Il y en a des gentils qui veulent la paix comme moi », poursuit cet apprenti attaquant aux grandes boucles blondes.
Pour rejoindre le terrain de sport, les enfants palestiniens ont dû passer un checkpoint et être fouillés par l’armée israélienne, une première pour certains d’entre eux.
Après trois heures de route, lorsque leur bus arrive sur la pelouse du kibboutz, ils cachent leur gêne en s’asseyant en ligne, leur capitaine devant, en attendant les instructions de leur entraîneur.
« J’aime quand on joue ensemble. J’espère qu’un jour on aura la paix entre juifs et arabes, et non plus la guerre et les morts », déclare solennellement Koussay du haut de ses onze ans.
« Le jeu, pas la violence »
Cette rencontre a été organisée par la Fondation pour la Paix que dirige l’ancien président israélien Shimon Peres qui s’est déplacé, dans une rare apparition publique depuis la fin de son mandat en juillet, pour venir donner le coup d’envoi du match.
« Vous n’allez pas jouer l’un contre l’autre mais ensemble. Montrez-nous, vous la génération de demain, comment on joue ensemble, comment on vit ensemble car vous êtes les enfants de la paix, les enfants qui ont choisi le jeu face à la violence », lance Shimon Peres, le ballon à la main.
Ce projet d’éducation à la paix par le sport a vu le jour il y a 12 ans avec une rencontre entre des Palestiniens de Jérusalem-Est et des enfants des quartiers défavorisés d’Israël.
Le projet s’est ensuite étendu à une quinzaine d’écoles des deux côtés du mur qui sépare Israël de la Cisjordanie occupée, qui se rencontrent plusieurs fois par an.
« En 12 ans on en a vu des guerres et des tensions, mais on sait comment les gérer. Les adultes et les entraîneurs s’assoient et racontent ce qu’ils vivent, aident chaque partie à comprendre la réalité de l’autre, et ensuite c’est au tour des enfants », explique Meïr Azram, l’un des coordinateurs du projet.
La reprise du programme n’est en effet pas comme les autres.
Les enfants israéliens ont passé l’été sous les roquettes tirées depuis Gaza tandis que leurs camarades palestiniens de Cisjordanie vivaient aux rythmes des patrouilles de l’armée israélienne, des arrestations et des affrontements.
Mais, sur le terrain, ces enfants oublient tout. Ils crient se défoulent, s’interpellent chacun dans une langue que l’autre ne comprend pas, se parlent avec les mains et se tapent dans le dos.
En tentant d’oublier les tensions de l’été, ils exorcisent le conflit dans lequel ils sont nés et espèrent ne plus devoir grandir.
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