Enquête ouverte sur les émeutiers d’extrême-droite qui s’étaient introduits dans des bases militaires
Presque deux semaines après les faits, la police et l'armée ont confirmé que des investigations sur la prise d'assaut de Sde Teiman et de Beit Lid étaient en cours
Presque deux semaines après l’entrée par effraction sur des bases militaires d’ultranationalistes et de plusieurs responsables élus qui avaient voulu perturber les procédures judiciaires lancées à l’encontre de réservistes soupçonnés d’avoir abusé de prisonniers palestiniens, les autorités ont indiqué pour la toute première fois, samedi dans la soirée, qu’une enquête avait été ouverte concernant ces prises d’assaut.
La police israélienne et la Division des enquêtes criminelles de la police militaire ont toutes les deux confirmé que des investigations avaient été lancées à l’encontre de tous ceux qui, le 29 juillet, s’étaient infiltrés à Sde Teiman et à Beit Lid. Parmi eux, deux députés et un ministre, ont indiqué les médias israéliens samedi.
Le ministre de la Sécurité d’extrême-droite Itamar Ben Gvir a affirmé, selon la Quatorzième chaîne, que le Shin Bet avait exercé des pressions sur la procureure-générale Gali Baharav-Miara, lui demandant avec insistance d’ordonner l’ouverture d’une enquête. Des sources issues du Shin Bet, qui se sont exprimées auprès du site Walla, auraient démenti cette affirmation.
Aucune arrestation n’a encore eu lieu. Aucun suspect n’a encore été convoqué en vue d’un interrogatoire dans le cadre de cette saga qui s’avère être extrêmement sensible d’un point de vue politique.
Des appels en faveur du lancement d’investigations avaient été lancé à Bahara-Miara et aux responsables de la police très rapidement après l’incident.
Toute décision concernant d’éventuelles poursuites judiciaires du ministre et des députés qui ont été impliqués dans l’incident sera soumise à la procureure-générale, qui devra y donner son feu vert.
Des dizaines d’activistes étaient entrés sur la base militaire de Sde Teiman, le 29 juillet, après l’arrivée de la police militaire sur le site. Cette dernière était venue arrêter et placer en détention dix réservistes soupçonnés d’avoir commis de graves abus à l’encontre de prisonniers sécuritaires palestiniens emprisonnés sur la base.
Parmi les personnes qui étaient entrées sur la base sans autorisation, les députés Nissim Vaturi, élu sous l’étiquette du Likud, et Zvi Sukkot de Hatzionout HaDatit – ainsi que le ministre du Patrimoine national Amichay Eliyahu, qui appartient à la formation d’extrême-droite Otzma Yehudit.
Des images avaient montré les manifestants affronter et agresser des soldats alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de la base.
Les demandes en vue du lancement de poursuites judiciaires à l’encontre des manifestants, y compris à l’encontre des responsables publics, avaient été immédiates.
La députée d’Avoda Efrat Rayten avait appelé, le même jour, la procureure-générale à ouvrir une enquête sur Vaturi et sur Sukkot pour leur intrusion illégale dans la base de Sde Teiman.
A la fin de la même semaine, le Mouvement pour un Gouvernement de qualité, un groupe de veille, avait envoyé une lettre à Baharav-Miara, au commissaire de police par intérim Avshalom Peled et au chef du département des enquêtes et des renseignements de la police en leur demandant que des poursuites judiciaires soient intentées à l’encontre des officiels de la coalition et du gouvernement, ainsi qu’à l’encontre de tous ceux qui étaient entrés par effraction sur les bases.
Des images qui ont été diffusées par la Douzième chaîne, mardi – elles avaient fuité – ont prétendu montrer des militaires en train de sodomiser un détenu palestinien à Sde Teiman avec un objet. Dans la séquence, des soldats prennent à part l’un des détenus qui est allongé sur le sol, face contre terre, puis l’entourant de boucliers anti-émeutes pendant qu’ils commettent leurs sévices. Le détenu a ensuite été emmené à l’hôpital, où il a été pris en charge pour de graves blessures.
Le centre de détention de Sde Teiman avait été mis en place immédiatement après le pogrom du 7 octobre. Ce jour-là, les hommes armés du Hamas avaient franchi la frontière et ils avaient fait irruption dans le sud d’Israël. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza. Ce centre de détention devait initialement seulement accueillir les terroristes présumés par Tsahal dans l’attente d’être incarcérés dans des prisons israéliennes.