Enquête pour crime de haine après la découverte de graffitis au bureau d’un recteur de l’université du Michigan
"C'est un message qui vise à effrayer les Juifs", a commenté Jordan Acker qui, aux côtés d'autres membres du conseil d'administration de l'université, a récemment été pris pour cible par les manifestants anti-Israël
SOUTHFIELD, Michigan — Une enquête pour crime de haine a été ouverte après la découverte de graffitis pro-palestiniens et anti-israéliens à l’extérieur des bureaux d’un cabinet d’avocats du Michigan, a fait savoir la police de la périphérie de Détroit dans la journée de lundi.
Jordan Acker, membre du conseil d’administration de l’Université du Michigan et avocat, a évoqué un acte de vandalisme « antisémite ». Les employés du cabinet d’avocats Goodman Acker qui se rendaient aux bureaux de la firme, à Southfield, ont découvert les graffitis peints à la bombe dans la matinée de lundi, a-t-il précisé.
Des taches de peinture rouge recouvraient le panneau situé au-dessus de la porte du bâtiment qui signalait le cabinet d’avocats. « LIBEREZ LA PALESTINE », était-il écrit à la peinture noire sur les murs, tandis que les inscriptions « DESINVESTISSEZ MAINTENANT » et « L’U-M TUE » – une référence faite à l’université du Michigan – étaient écrites en lettres rouges sur au moins une fenêtre et sur un trottoir.
Le chef de la police de Southfield, Elvin Barren, a annoncé que les enquêteurs pensaient que les graffitis avaient été réalisés entre 1h39 et 1h46 du matin, lundi. Le FBI et d’autres agences apportent leur aide dans le cadre des investigations.
« Ne vous y trompez pas, cibler des responsables élus juifs est de l’antisémitisme », a commenté auprès de journalistes Acker, qui est Juif.
« Cela n’a rien à voir avec la Palestine, avec la guerre à Gaza ou avec quoi que ce soit d’autre », a-t-il continué. « C’est un message qui vise à effrayer les Juifs. Je ne suis pas pris pour cible aujourd’hui parce que je suis recteur. Je suis pris pour cible parce que je suis Juif. »
Acker a été élu au conseil d’administration de l’université en 2018 et il est l’un des huit recteurs de l’établissement d’enseignement supérieur. D’autres membres du conseil ont aussi été visés par les manifestants, lors des récents mouvements de protestation qui ont éclaté à l’université du Michigan.
Les campements dressés par les opposants à la guerre à Gaza se sont multipliés sur les campus américains et européens ces dernières semaines. Les étudiants demandent à leurs universités de cesser d’investir en Israël ou dans les entreprises qui, considèrent-ils, soutiennent l’État juif dans sa campagne militaire contre le Hamas, au sein de l’enclave côtière – une guerre qui a été déclenchée par l’assaut sanglant lancé par les hommes armés du groupe terroriste en Israël, le 7 octobre. Les organisateurs du mouvement de protestation cherchent à amplifier les appels en faveur d’un arrêt définitif des combats.
Il y aurait eu au moins 85 incidents depuis le 18 avril, donnant lieu à des arrestations lors de rassemblements organisés sur les campus, dans tous les États-Unis. Plus de 3 110 personnes ont été appréhendées par les forces de l’ordre sur les campus de différents établissements d’enseignement supérieur.
Le 21 mai, la police a procédé au démantèlement d’un campement pro-palestinien qui était dressé depuis un mois sur le campus Ann Arbor, au sein de l’Université du Michigan. Environ 50 personnes qui occupaient le Diag, dans l’école – un site connu depuis des décennies pour accueillir des mouvements de protestation – ont été dispersées, et quatre au moins ont été arrêtées.
Un groupe formé d’une trentaine de manifestants s’était présenté, le 15 mai, devant l’habitation de la présidente du Conseil des recteurs Sarah Hubbard, plaçant sur la pelouse des draps teintés de rouge et rembourrés, leur donnant l’apparence de sacs mortuaires. Ils ont joué du tambour et crié des slogans, seulement interrompus par le bruit d’une corne de brume.
Des individus dont le visage était dissimulé ont aussi placardé des revendications sur les portes d’autres membres du conseil d’administration, Acker précisant qu’une liste de demandes avait été laissée à son domicile à 4h40 du matin.
Les protestataires appellent l’université à cesser d’investir dans les entreprises qui entretiennent des liens avec Israël. Mais l’université affirme ne procéder à aucun investissement direct. Elle a fait savoir qu’une somme s’élevant à moins de 15 millions de dollars avait, en effet, été placée dans des fonds susceptibles de comprendre des firmes israéliennes, mais elle a noté que ce placement représentait moins de 0,1 % des dotations.