« Entre les murs du ghetto de Wilno – 1941-1943 » d’Yitskhok Rudashevski
Ce journal retrace le quotidien d'un jeune adolescent enfermé dans le ghetto de Vilnius jusqu'à son assassinat
Les Editions l’Antilope ont publié, avec le soutien de la Fondation pour le Mémoire de la Shoah, le journal d’Yitskhok Rudashevski intitulé « Entre les murs du ghetto de Wilno – 1941-1943 ».
En 1941, Yitskhok Rudashevski a 13 ans lorsqu’il commence la rédaction de son journal, alors qu’il est enfermé dans le ghetto de Vilnius depuis sa mise en place en juillet 1941. Le jeune garçon y décrit le quotidien des Juifs du ghetto, les humiliations et ses réflexions liées à l’enfermement.
Lors de la destruction du ghetto Yitskhok Rudashevski, ses parents et la sœur de sa cousine, Sore Voloshin, se réfugient dans une cache qui fut par la suite découverte, rapporte Slate.
Ils sont en 1943 tous assassinés dans la forêt de Ponar. Seule Sore Voloshin réussira à s’échapper. Cette dernière fait partie d’une organisation secrète de résistance.
C’est d’ailleurs elle qui retrouvera le journal d’Yitskhok Rudashevski dans la cachette familiale en juillet 1944 après que la ville fut libérée.
« Dans un coin, couvert de poussière, gît un cahier. Mon chagrin me fait chanceler et mes yeux s’emplissent de larmes. Ce sont les notes de mon ami, son journal du ghetto. Je le ramasse. Il est couvert de poussière, tout sale. Que de souffrances ce garçon portait en lui. Il l’avait toujours sur lui, il le cachait. Il ne le montrait à personne, » écrit-elle en témoignage de cette découverte.
Ce qui est surprenant dans ce journal est la maturité des propos rapportés par ce jeune garçon.
Le 10 décembre 1942, il se questionne, « Est-il normal, en mes meilleures années, de voir cette seule ruelle, ces quelques cours encloses, étouffées ? Je voudrais crier au temps d’attendre, de cesser de courir. Je voudrais rattraper mon année passée et la garder pour plus tard, jusqu’à la nouvelle vie. Je n’éprouve par le moindre désespoir. Aujourd’hui, j’ai quinze ans et je vis confiant en l’avenir ».
Dans ce journal, Yitskhok Rudashevski témoigne du courage des habitants du ghetto qui ont continué à vivre, à travailler, à enseigner, à créer. L’activité devient dans le ghetto une forme de résistance.
Dans un passage de son journal, le jeune adolescent rapporte les nouvelles consignes concernant le port d’insigne jaune sur les vêtements des Juifs et de l’intellectualisation de cet événement pour que le port de cet insigne ne soit pas vu infamant pour les Juifs qui le porte.
« Longtemps, je n’ai pu porter ces insignes. (…) J’avais honte de me montrer avec ça dans la rue, non parce que c’est signe que je suis Juif, mais j’avais honte de ce que l’on fait de nous, honte de notre impuissance. (…) Nous n’avons pas honte de ces marques infamantes ! Qu’ils en portent la honte, ceux qui nous les ont accrochées. Qu’elles soient une brûlure sur la conscience de tout Allemand qui tente de penser à l’avenir de son peuple.»