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Erdogan compare – encore – Israël à l’Allemagne nazie

"Personne ne peut nous empêcher d'appeler un chat un chat", a affirmé le président turc lors d'une conférence à Istanbul sur Jérusalem, rejetant tout antisémitisme

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'adresse aux parlementaires musulmans pendant une rencontre consacrée à Jérusalem à Istanbul, le 14 décembre 2018 (Crédit : Service de presse présidentiel via AP, Pool)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'adresse aux parlementaires musulmans pendant une rencontre consacrée à Jérusalem à Istanbul, le 14 décembre 2018 (Crédit : Service de presse présidentiel via AP, Pool)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a comparé vendredi Israël à l’Allemagne nazie et accusé l’Etat juif de « génocide culturel » à l’encontre des Palestiniens.

« Aujourd’hui, les Palestiniens sont soumis à des pressions, des violences et à des politiques d’intimidation qui ne sont pas moins graves que l’oppression subie par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale », a-t-il déclaré lors d’une conférence consacrée à Jérusalem à Istanbul, selon une retranscription de ses propos publiée sur son site internet.

« A nos yeux, peu importe qui en est l’auteur. Dans les deux cas, il y a des massacres, des atrocités et des oppressions. Frapper à l’aide de bombes des enfants qui jouent sur les plages de Gaza est aussi grave qu’un crime contre l’humanité – tel que ce crime inhumain qu’on a appelé la Shoah ».

Ce à quoi Erdogan faisait directement référence reste indéterminé même s’il peut avoir ici évoqué un incident survenu pendant la guerre de Gaza, en 2014, qui s’était soldé par la mort de quatre enfants.

Les Palestiniens paient le prix de la Shoah, a continué le leader turc, qui a ajouté que les pays européens détournaient le regard des actions commises par Israël en raison de la « honte » ressentie pour ce qui est arrivé pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Turquie s’oppose à l’oppression « où qu’elle survienne et indépendamment de son identité, de sa religion, de son origine ethnique ou culturelle », a clamé Erdogan, rejetant tout antisémitisme dans ses propos.

« Ce n’est absolument pas de l’antisémitisme de réagir aux actes corrompus d’Israël. Personne ne peut nous empêcher d’appeler un chat un chat », a-t-il continué.

Prenant la parole lors de la deuxième édition de la « Conférence de l’association des parlementaires pour Al-Quds [Jérusalem] », le président turc a insisté sur le fait que l’Etat juif a, depuis un demi-siècle, tenté « d’effacer le patrimoine islamique » à Jérusalem, défiant par cela les faits historiques et la loi internationale.

« Ils commettent là-bas un génocide culturel en usurpant les terres, les commerces, les résidences et même les lieux de culte des musulmans. Vous vous trompez vous-mêmes si vous pensez que vous pouvez détruire l’identité spirituelle d’Al-Quds en déplaçant quelques ambassades et consulats là-bas », a-t-il dit.

Le Premier ministre australien Scott Morrison à Canberra, le 24 août 2018. (Crédit : Lukas Coch/AAP Image via AP)

Samedi, le Premier ministre australien Scott Morrison a officiellement reconnu Jérusalem-Ouest comme capitale d’Israël.

Il a aussi annoncé son intention d’ouvrir un bureau de commerce et de défense à Jérusalem, même s’il a souligné que Canberra ne pourrait pas déplacer là-bas son ambassade avant la conclusion d’un accord de paix israélo-palestinien.

Jusqu’à présent, seuls les Etats-Unis et le Guatemala ont installé leurs missions à Jérusalem. La République tchèque a récemment ouvert un consulat honoraire et un centre culturel dans la ville.

« La comparaison entre la carte de la Palestine en 1967 et celle de 2018 suffit pour se rendre compte du génocide culturel qui a lieu actuellement en Palestine », a dit Erdogan.

Ajoutant que les actions israéliennes sont soutenues par « certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU », il a demandé une réforme de l’organisation internationale.

Il a aussi blâmé le monde occidental qui, selon lui, attise volontairement les conflits dans le monde musulman pour des gains financiers.

« Lorsque les tensions se renforcent dans le monde islamique, les profits des entreprises occidentales s’élèvent. Lorsqu’un conflit se développe au Moyen-Orient, les entreprises occidentales vendent davantage d’armes », a-t-il continué.

Des querelles ont été attisées entre musulmans chiites et sunnites, a-t-il déploré.

« Les gagnants d’un tel conflit ne seront jamais les musulmans. Dans un tel paysage, ce sont les entreprises occidentales de vente d’armes et pétrolières qui se remplissent les poches. Ceux qui ont dessiné la carte de notre région conformément à leurs intérêts, il y a un siècle, jouent maintenant avec nos différences dans le même objectif. Aucun d’entre nous ne doit rester naïf face à un tel complot ».

A LIRE : Retour sur l’histoire des accords Sykes-Picot, accusés des crises actuelles du Moyen Orient

Les relations entre Israël et la Turquie sont tendues depuis longtemps, mais elles ont connu leur point le plus bas au mois de mai, suite aux ripostes israéliennes aux manifestations violentes inspirées par le Hamas sur la frontière qui ont fait des douzaines de morts du côté palestinien.

A l’époque, Erdogan avait attribué la seule responsabilité de ces morts, à Gaza, à Israël, accusant l’Etat juif d’être un « État terroriste » se rendant coupable de « génocide ». A ce moment-là également, Erdogan avait déjà comparé Israël à l’Allemagne nazie.

La Turquie avait ultérieurement rappelé son ambassadeur depuis Tel Aviv et expulsé les envoyés israéliens à Ankara et à Istanbul.

Israël avait répondu sur le même ton, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait indiqué qu’Erdogan « comprend très bien ce que sont le terrorisme et le massacre » et affirmé qu’Israël n’avait pas de leçons à recevoir de sa part en termes d’éthique militaire.

Israël avait expulsé le consul-général de Turquie de Jérusalem, qui représente Ankara auprès des Palestiniens, tandis que la Turquie avait menacé de porter plainte contre l’Etat juif devant la cour pénale internationale de La Haye.

Malgré des informations portant sur des pourparlers en coulisses entre les Israéliens et les Turcs pour tenter une reprise des relations diplomatiques, aucun des deux ambassadeurs n’est retourné pour le moment à son poste respectif.

La semaine dernière, Netanyahu a noté une très légère amélioration des relations bilatérales, s’amusant du fait qu’Erdogan qui, dans le passé, l’appelait quotidiennement Hitler, ne le faisait dorénavant plus que deux fois par semaine.

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