Erdogan dit qu’il peut inviter Assad en Turquie « à tout moment »
Les déclarations de M. Erdogan surviennent alors que les tensions se sont accrues depuis une semaine contre les réfugiés syriens en Turquie, une foule ayant attaqué des propriétés et des véhicules appartenant à des Syriens
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche qu’il pouvait inviter « à tout moment » son homologue syrien Bachar al-Assad en Turquie, un geste de réconciliation après la rupture entre Ankara et Damas entraînée par le début de la guerre en Syrie en 2011.
Les déclarations de M. Erdogan surviennent alors que les tensions se sont accrues depuis une semaine contre les réfugiés syriens en Turquie, une foule ayant attaqué des propriétés et des véhicules appartenant à des Syriens, dans la ville de Kayseri, en Anatolie.
« Nous pouvons envoyer une invitation (à Assad) à tout moment », a déclaré M. Erdogan aux journalistes de l’agence de presse officielle Anadolu à bord d’un avion en provenance de Berlin, où il a assisté au dernier match de son équipe nationale à l’Euro-2024 de football.
La Turquie avait au départ l’intention de renverser le régime de Bachar al-Assad, lorsque le conflit syrien a éclaté avec la répression violente de manifestants pacifiques en 2011.
Toutefois, après avoir soutenu différents groupes d’insurgés, Ankara s’est montrée récemment plus disposée à empêcher qu’un « corridor de la terreur », selon les mots de M. Erdogan en 2019, ne s’ouvre dans le nord de la Syrie.
M. Erdogan a fait savoir depuis longtemps qu’il pourrait reconsidérer ses relations avec M. Assad.
Face aux journalistes, le président turc a indiqué que certains dirigeants, dont le président russe Vladimir Poutine, avaient suggéré une rencontre avec M. Assad en Turquie.
« Nous en sommes arrivés à un point tel que, dès que Bachar al-Assad fera un pas vers de meilleures relations avec la Turquie, nous lui montrerons la même approche », a assuré M. Erdogan.
Violence
Cette semaine, les autorités turques ont arrêté plus de 470 personnes à la suite d’émeutes anti-syriennes dans plusieurs villes, déclenchées par des accusations selon lesquelles un homme syrien est soupçonné d’avoir harcelé une mineure syrienne, membre de son entourage.
Lundi, des centaines de Syriens ont manifesté dans toute la zone contrôlée par Ankara, certains manifestants armés attaquant des camions et des postes militaires turcs, et décrochant des drapeaux turcs.
M. Erdogan a accusé l’opposition d’attiser les tensions et a condamné les violences anti-syriennes en les qualifiant d' »inacceptables ». Il a en outre promis de révéler « quelles mains sales » ont déclenché les affrontements dans le nord de la Syrie.
Les émeutes à Kayseri se sont étendues à plusieurs autres villes, dont Istanbul cette semaine, tandis que des affrontements entre des manifestants armés et des gardes des positions turques dans le nord de la Syrie, ont fait sept morts.
Le sort des réfugiés syriens revient régulièrement dans le débat politique turc, des opposants au président Erdogan promettant de les renvoyer en Syrie.
La Turquie, qui accueille quelque 3,2 millions de réfugiés syriens selon l’ONU sur une population de 85 millions d’habitants, a été secouée à plusieurs reprises par des accès de fièvre xénophobe ces dernières années, souvent déclenchés par des rumeurs se propageant sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée.