Erdogan rejette les appels de Washington à rompre les liens avec le Hamas
Ankara a aidé le Hamas à accéder à des financements par le passé et lesÉtats-Unis ont appelé la Turquie à sévir contre de potentiels futurs transferts de fonds
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a opposé samedi une fin de non-recevoir aux appels de l’administration américaine pressant la Turquie de rompre ses liens avec le mouvement terroriste islamiste palestinien Hamas.
Le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et de l’intelligence financière, Brian Nelson, a fait part de la « profonde » inquiétude de Washington au regard des liens entretenus par Ankara avec le Hamas, lors d’une visite cette semaine en Turquie.
Les Etats-Unis, a précisé M. Nelson, n’ont pas détecté de flux financiers en direction du Hamas via la Turquie depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait 1 200 morts, en majorité des civils.
Mais il a souligné qu’Ankara avait aidé le Hamas à accéder à des financements par le passé et a appelé la Turquie à sévir contre de potentiels futurs transferts de fonds.
Samedi, le président Erdogan a rappelé que Washington n’ignorait pas que la Turquie, à l’inverse des Etats-Unis, ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste.
« Tout d’abord, le Hamas est une réalité en Palestine, c’est un parti politique là-bas, qui s’est présenté aux élections en tant que parti politique et les a gagnées », a-t-il déclaré dans un texte publié par ses services.
« Nous élaborons et concevons notre politique étrangère à Ankara uniquement en fonction des intérêts de la Turquie et des attentes de notre peuple », a-t-il poursuivi.
« Je suis certain que nos interlocuteurs reconnaissent les efforts constants et équilibrés de la politique étrangère de la Turquie dans de tels crises humanitaires et conflits », a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat turc a plusieurs fois qualifié Israël d' »Etat terroriste », estimant que le Hamas était en fait un « groupe de moudjahidines qui protègent leur terre » – tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est devenu, selon lui, « le boucher de Gaza ».
Israël avait retiré fin octobre l’ensemble de ses diplomates en Turquie après une diatribe d’Erdogan, qui a accusé Israël de commettre « des crimes de guerre ».