Israël en guerre - Jour 432

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Erekat : l’AP n’a pas quitté la table des négociations

Le négociateur palestinien affirme que les Etats-Unis n’ont jamais mis par écrit leurs propositions de paix malgré les demandes répétées

Le chef de l’équipe palestinienne, qui a passé neuf mois à négocier la paix avec Israël sous l’égide américaine, a rejeté les critiques faites par l’ancien envoyé Martin Indyk.

Ce dernier a affirmé que les Palestiniens avaient quitté la table des négociations. De plus, le chef de la délégation palestinienne accuse les Etats-Unis de n’avoir jamais mis ses propositions par écrit.

Lors d’une interview avec Al-Monitor, publiée mardi, Saeb Erekat affirme que les médiateurs américains présents aux pourparlers de paix, qui se sont effondrés en avril dernier, avaient une attitude détachée.

« En réalité, je n’ai reçu aucune proposition écrite de John Kerry [secrétaire d’Etat américain] », raconte-t-il. « Les Américains nous ont oralement présenté 18 éléments et ensuite ils n’arrêtaient pas de les changer. J’ai demandé à Martin une fois, ‘si vous me promettez quelque chose oralement et que quelques semaines’ plus tard nous sommes en France, à Londres, en Arabie Saoudite ou en Jordanie et vous n’êtes pas d’accord sur quelque chose et vous me répondez ‘Je ne vous ai pas dit ça’, qu’est-ce que cela signifie ? S’il vous plaît, donnez-nous vos propositions par écrit pour que nous puissions les présenter aux dirigeants et aux Arabes. Imaginez la situation, vous voulez régler le conflit israélo-palestinien mais vous refusez de présenter quelque chose par écrit ».

« Si je me marie, je signe un papier », continue Erekat. « Si je trouve du travail, je signe un contrat. Est-ce que les Etats-Unis et les Israéliens ne traitent pas des questions par écrit, est-ce qu’ils n’ont pas de contrats, est-ce qu’ils traitent de tout à l’oral ? ».

Les pourparlers ont commencé fin juillet 2013. Ils avaient neuf mois pour obtenir un accord visant à mettre fin à ce conflit qui dure depuis des générations. En juillet, lors d’une interview avec The Atlantic, quelque temps après avoir démissionné du poste d’envoyé spécial, Indyk a affirmé que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas « a quitté les négociations » à cause des annonces répétées d’Israël qui affirmait qu’il allait construire de nouvelles implantations.

Cependant, Erekat affirme que le temps imparti n’était pas trop court mais trop long. Le vrai problème, c’est que les deux équipes n’ont pas commencé par définir les contours d’une solution à deux Etats.

Le secrétaire d'État américain John Kerry, la ministre israélienne de la Justice et négociatrice en chef Tzipi Livni et le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat répondent aux questions des journalistes, le 30 juillet 2013 (Crédit : US State Department/domaine public)
Le secrétaire d’État américain John Kerry, la ministre israélienne de la Justice et négociatrice en chef Tzipi Livni et le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat répondent aux questions des journalistes, le 30 juillet 2013 (Crédit : US State Department/domaine public)

« Neuf mois c’est beaucoup trop long », affirme-t-il. « Le problème n’est pas le temps. Lorsqu’on me demande ce qui a mal tourné, à chaque fois, je réponds que c’est le fait que nous n’avions pas de carte sur la table. On aurait dû commencer en délimitant les frontières. Le terme de « carte » était un mot interdit pour Netanyahu et son équipe. »

« C’est une erreur dont nous sommes tous responsables. Nous n’avons posé une carte sur la table. Mon erreur a été de laisser les choses suivre leur cours sans mettre une carte sur la table. Je ne vais discuter de rien d’autre. Comment pourrais-je parler de la sécurité sans savoir où sont mes frontières ? ».

Les responsables palestiniens ont aussi insinué que Kerry a passé deux fois plus de temps avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’avec Abbas. Apparemment, Netanyahu avait plus de temps pour être convaincu.

« Il n’a pas besoin de convaincre Abbas », explique-t-il. « Abbas accepte la solution à deux Etats, reconnaît Israël et ne construit pas d’implantations. Il sait que les Israéliens refusent même de jeter un coup d’œil sur une carte, refuse les deux Etats avec les frontières de 1967 ».

« Est-ce qu’ils peuvent me montrer ce qu’ils m’ont proposé ? Je veux que [la ministre de la Justice Tipzi] Livni et [le négociateur Yitzhak] Molcho se lèvent et affirment, ‘nous proposons aux Palestiniens ces choses-là’. Je veux les entendre déclarer : deux Etats avec les frontières de 1967, une ville ouverte pour les deux, et qu’ils acceptent un échange [de territoire] ».

Cependant, malgré ses critiques, Indyk était « un professionnel », affirme Erekat.

Martin Indyk, émissaire du département d'Etat américain au Proche-Orient (Crédit: Miriam Alster/Flash90)
Martin Indyk, émissaire du département d’Etat américain au Proche-Orient (Crédit: Miriam Alster/Flash90)

« Nous avons bien travaillé ensemble », se remémore-t-il. « Il sait très bien que depuis le premier jour où il est entré en fonction que nous, les Palestiniens, nous acceptons la solution à deux Etats basés sur les frontières de 1967, acceptons les échanges [de territoire], que Jérusalem soit une ville ouverte avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine et Jérusalem-Ouest celle d’Israël ».

Les négociations ont échoué et se sont arrêtées lorsque les Palestiniens ont rejoint 15 institutions internationales – une mesure qu’ils avaient promis de ne pas prendre – et quand l’AP a formé un gouvernement d’union nationale avec le Hamas, qui est considéré par Israël comme un groupe terroriste.

Israël, pour sa part, refuse de relâcher le dernier groupe de prisonniers comme convenu dans le cadre de la procédure de négociations et a annoncé la construction de 700 immeubles d’habitations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

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