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Eric Emeraux, le gendarme spécialiste de la traque des génocidaires

Patron pendant trois ans de l'office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, le colonel publie "La traque est mon métier"

Eric Emeraux. (Crédit : Twitter / Eric Emeraux)
Eric Emeraux. (Crédit : Twitter / Eric Emeraux)

Il rêvait d’être musicien mais sa famille s’y est opposée, alors Eric Emeraux a intégré la gendarmerie et découvert à Sarajevo les horreurs des guerres génocidaires. À la tête de l’office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), il s’est fait une spécialité : la traque de ces criminels.

Patron pendant trois ans (2017-2020) de cette unité créée en 2013, le colonel Emeraux a voulu clore ce chapitre de sa vie professionnelle avec un livre La traque est mon métier (Plon, 333 pages, 21 euros), paru début septembre au lendemain de son départ à la retraite.

C’est à l’ambassade de France à Sarajevo, où il est attaché de sécurité intérieure de 2012 à 2017, qu’Eric Emeraux participe à une enquête de police franco-bosnienne sur une affaire de traite d’être humains et découvre les atrocités d’une guerre civile. Il veut comprendre les ressorts qui conduisent aux crimes de masse, aux génocides.

Alors lorsqu’en 2017, on lui propose de prendre la tête de l’OCLCH, il accepte tout de suite. Durant ces trois années, le dossier rwandais sera l’un des plus importants traités sous sa direction.

Eric Emeraux voit une similitude entre les différents génocides, quelles que soient les époques. « Il s’agit des mêmes dynamiques collectives qui s’appuient sur les fragilités de l’être humain et la soumission de certains », explique-t-il à l’AFP.

« Dans son livre Des hommes ordinaires, l’historien Christopher Browning, spécialiste de l’Holocauste, raconte comment le 101e bataillon de policiers allemands a pu participer à la ‘solution finale’ en tuant, le 13 juillet 1942, 1 800 Juifs en Pologne », relate l’officier.

« Leur commandant Trapp avait demandé à ceux qui ne voulaient pas participer à ce massacre de faire un pas de côté. Seuls 20 % d’entre-eux ont fait ce pas », ajoute-t-il, « Browning décortique comment on en vient à commettre ces crimes ».

Du « concepteur » à « l’exécutant »

« Au niveau le plus haut », décrit à son tour Eric Emeraux, « il y a les concepteurs, les entrepreneurs, qui, autour de thèses historiques, religieuses, philosophiques, vont fédérer autour d’une identité, un idéal de pureté qui serait menacé par l’autre avec un grand A ».

« Il y a ensuite les intermédiaires et enfin les exécutants (…) Dans cette société paranoïaque bâtie par les concepteurs, l’exécutant ne se pose pas la question ‘pourquoi tuer’. Son ordinaire, c’est de savoir ce qu’il va faire des corps et quand il va manger », poursuit le colonel.

« L’exécutant croit lutter pour sa famille, pour lui, et manque de capacité à sortir du cadre imposé par les concepteurs. »

Ce mécanisme a été, selon lui, à l’œuvre pendant la Seconde Guerre mondiale avec l’Holocauste comme au Rwanda en 1994 avec le génocide des Tutsi (un million de morts), et l’est dans tous les génocides récents.

Quand on lui demande ce qui l’a le plus marqué au cours de ses années à la tête de l’OCLCH, il répond sans hésitation « l’arrestation de Félicien Kabuga », en mai dernier en banlieue parisienne.

Agé de 87 ans, cet homme, présenté comme le « financier » du génocide, a échappé à la justice internationale pendant vingt ans.

« Quand on est entré dans son appartement, on a conscience d’ouvrir la porte d’un présumé génocidaire de cette ampleur. On sait qu’il est un élément de ce mécanisme, qu’il est une main armée par un concept. »

La traque de cet homme a été « longue », reconnaît l’officier, mais, comme les autres personnes recherchées pour crimes contre l’humanité, il s’est « appuyé sur la diaspora » qui l’a aidé.

Le colonel insiste sur l’aide déterminante apportée par les ONG aux enquêteurs. « Ce sont des chercheurs de preuves. Il font un travail important de détection sur le terrain », ajoute-t-il.

Eric Emeraux vit maintenant dans le sud de la France et garde secret son lieu de résidence.

À 56 ans, il a décidé de se consacrer à l’écriture mais aussi à sa passion de compositeur de musique électro, sous le nom de scène de « Matthias KA ». Une passion qu’il a toujours entretenue et, confie-t-il, lui a permis de « s’évader » toutes ces années durant.

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