Israël en guerre - Jour 435

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“L'une de mes premières expériences politiques était avec deux femmes juives. Alors, faisons en sorte qu'on soit plus nombreuses au pouvoir !

Erin Schrode aurait pu devenir la plus jeune (juive) du Congrès américain

Elle a créé deux organisations caritatives et a voyagé à travers le monde afin d’aider les plus démunis. Maintenant, elle voit la politique comme un moyen de construire "un monde meilleur"

Postée le 29 mai 2016, cette photo montre Erin Schrode en pleine campagne (électorale), dans le comté d'Humboldt, en Californie du Nord. (Crédits : Facebook / Erin Schrode)
Postée le 29 mai 2016, cette photo montre Erin Schrode en pleine campagne (électorale), dans le comté d'Humboldt, en Californie du Nord. (Crédits : Facebook / Erin Schrode)

Erin Schrode n’est peut-être pas un nom qu’on entend beaucoup dans les foyers américains – pas encore du moins. La jeune activiste juive de 25 ans souhaitait attirer suffisamment de ses pairs millenials vers les urnes pour les primaires démocrates californiennes le 7 juin, ce qui lui aurait permis de devenir la plus jeune de la Chambre américaine des Représentants – et la plus jeune femme à jamais avoir été élue au Congrès. La jeune fille a recueilli 7 % des voix dans le 2e arrondissement de Californie du Nord s’inclinant devant Jared Huffman, déjà titulaire de deux mandats, qui a obtenu près de 75 % des votes.

Quelques jours avant l’élection, Schrode avait été inondée de messages antisémites sur les réseaux sociaux et sur son téléphone. La militante progressiste avait qualifié les messages de « mal absolu » et avait déclaré à Buzzfeed que des gens avaient contacté le FBI en son nom.

Schrode n’a pas remporté les élections mais qu’importe, ses ambitions demeurent entières et sa carrière politique devant elle.

Enfant du 21e siècle et fière de l’être – Schrode évite de caractériser ses pairs comme étant paresseux et croyant que tout leur est dû.

A 13 ans, elle a fondé Devenir Vert, une organisation caritative qui promeut l’éducation écologique et son plaidoyer. En 2010, après le tremblement de terre catastrophique en Haïti, Schrode a lancé Le Cartable, qui fournit du matériel scolaire à des élèves dans le besoin autour du globe.

Cette qualité entrepreneuriale lui a valu la reconnaissance de la communauté juive, ainsi qu’une place dans la liste des adolescents juifs les plus inspirants du Forward, et un prix de 36 000 dollars (31 600 euros) de la part du programme pour ados Tikkun Olam de la Fondation familiale Helen Diller.

Cette native du Nord de la Californie a fait face à des défis majeurs dans la course à la primaire contre l’actuel tenant du poste Jared Huffman dans le 2e District, qui s’étend depuis la frontière avec l’Oregon jusqu’au pont Golden Gate : Huffman a levé quelques 620 000 dollars (544 000 euros) et Schrode 2250 dollars (1975 euros). Pourtant, sa candidature culottée a fait les gros titres dans tous le pays.

Schrode a pris un bref répit dans le tourbillon permanent de sa vie pour parler avec JTA de son identité juive, de ses positions concernant Israël et de politique.

Elle a à peine 25 ans mais a déjà créé des organisations à but non-lucratif, gagné des récompenses, et voyagé dans le monde entier pour aider ceux qui en ont besoin (Crédits : John LaCunha / JTA)
Elle a à peine 25 ans mais a déjà créé des organisations à but non-lucratif, gagné des récompenses, et voyagé dans le monde entier pour aider ceux qui en ont besoin (Crédits : John LaCunha / JTA)

Avez-vous toujours été intéressée par l’idée d’être candidate pour un poste gouvernemental ?

Non ! (rires)

Il semblerait que la plupart des millenials [génération née entre 1985 et 2000] ne soient pas excités par le gouvernement ces jours-ci.

Totalement. Jamais au grand jamais – je ne me pense toujours pas comme étant une politicienne. Le service public a été ma vie et continuera de l’être… Cependant, les personnes les plus talentueuses et capables que je connais ne veulent rien avoir à faire avec la politique. Donc où est-ce qu’on en arrive ? Les mêmes politiques défectueuses, le même gouvernement divisé, le même pays qui lutte. Donc [j’y suis allée – j’ai plongé] dedans (la politique) parce que je ressens que c’est l’endroit où je peux être la plus efficace en ce moment.

Des enfants haïtiens se réjouissent d'avoir reçu des cahiers Ecojot donnés par l'organisation d'Erin Schrode, le Cartable, qui fournit aux enfants démunis des fournitures écologiques. Septembre 2011. (Crédits : Facebook / The Schoolbag)
Des enfants haïtiens se réjouissent d’avoir reçu des cahiers Ecojot donnés par l’organisation d’Erin Schrode, le Cartable, qui fournit aux enfants démunis des fournitures écologiques. Septembre 2011. (Crédits : Facebook / The Schoolbag)

Quelles sont les propositions politiques que vous auriez souhaité voir mises en place si vous aviez été élue ?

Nous avons quatre piliers principaux, qui sont l’environnement et la santé publique ; l’apprentissage et le futur du travail ; les droits de l’Homme, et l’innovation technologique.

Je suis passionnée par le sol, la terre. Elle a cette capacité incroyable de piéger le carbone, de retirer les gaz à effet de serre de l’atmosphère et de les envoyer là où ils doivent être, afin d’empêcher davantage d’acidification des océans et également d’enrichir nos sols. Inciter les fermiers à planter des cultures couvrantes et à utiliser l’agroforesterie est absolument essentiel.

Concernant la santé publique, nous n’avons pas eu de pourparlers globaux à propos de réformes dans ce pays depuis 40 ans. Donc comment est-ce qu’on s’assure que les populations les plus vulnérables – femmes enceintes, enfants, bébés – ne ressentent pas le poids de nos déchets environnementaux ?

Dans l’apprentissage et la future catégorie de travail, la dette étudiante constitue déjà un fardeau paralysant. Comment pouvons-nous faire baisser les taux [d’intérêt], mettre en place des programmes d’oubli de prêt et permettre aux gens de réellement refinancer la dette ?

Quant à la perspective des droits de l’Homme, parlons d’égalité de genre, parlons de congé paternité et maternité [pour s’occuper] des nouveaux nés et des personnes âgées. La réforme de la justice criminelle représente un autre sujet majeur pour moi. Des condamnés pour usage ou trafic de drogues non violents remplissent nos prisons, et la population carcérale explose.

Cette photo du 26 avril 2016 montre Erin Schrode en train d'être interviewée par NBC News dans la ville d'Eureka, en Californie, dans le comté d'Humboldt. La candidate a parlé des sans-abris et de l'activisme communautaire dans ce district. (Crédits : Facebook / Erin Schrode)
Cette photo du 26 avril 2016 montre Erin Schrode en train d’être interviewée par NBC News dans la ville d’Eureka, en Californie, dans le comté d’Humboldt. La candidate a parlé des sans-abris et de l’activisme communautaire dans ce district. (Crédits : Facebook / Erin Schrode)

Comment ont réagi les gens par rapport à votre âge durant la campagne ?

Cela a été un voyage incroyable. Quand nous avons commencé cette campagne, je ne m’attendais pas à une telle résonance. Les gens ont vraiment envie de quelque chose de différent en politique et se sont [présentés] comme un soutien fort à ma candidature. Nous avons beaucoup de jeunes gens qui disent ‘Nous n’avons jamais été intéressés par la politique’. C’était la première fois qu’ils voyaient se présenter à un mandat quelqu’un qui leur ressemblait, qui parlait comme eux, et comprenait un tant soit peu ce que c’est d’être comme eux.

Mais, pour vous dire la vérité, les responsables politiques n’ont pas été aussi ouverts à l’idée de notre candidature. Je mets au défi les cadres démocrates et cela leur secoue les plumes. Il n’y a pas de soutien de la part [d’officiels] élus, du parti ou d’organisations qui soutiendraient habituellement. Alors, pour nous, le pouvoir vient vraiment de la base.

Quelle a été votre éducation juive ?

Je pense qu’un de mes premiers souvenirs, visuellement, est la boîte de tsedakah au milieu de la table à la maison de mes grands-parents [à Philadelphie]. Cette idée m’a été inculquée dès mon plus jeune âge.

En Californie où j’ai grandi, j’allais au Temple Emmanuel à San Francisco. J’ai fait ma Bat Mitzvah là-bas, dans ce que je pense être la plus belle synagogue au monde. Je ne suis pas impartiale. Maintenant, je vois vraiment le tikkun olam comme étant la force dans ma vie. Réparer le monde est la mission, n’est-ce pas ? Si plus de gens suivaient ce principe, vivaient ces valeurs, nous aurions un monde bien meilleur.

Bien qu’étant Juive, je n’avais jamais eu de lien avec l’Etat d’Israël. J’y suis allé pour la première fois grâce au programme Birthright lorsque j’avais 19 ans et j’ai eu une réponse physique, viscérale, à mon arrivée à l’aéroport Ben Gurion. Ce sentiment profond de retour à la maison, d’appartenance, d’être avec ma tribu, mon peuple. Et j’y suis retournée, j’ai étudié à Tel Aviv pendant six mois. Et j’y suis allée plusieurs fois.

Sur votre site internet, on apprend que vous « avez écrit un programme pour un centre d’éco-éducation pour des jeunes Palestiniens, Israéliens et Jordaniens ».

Lorsque j’étudiais à Tel Aviv, j’ai travaillé avec une organisation appelée Amis de la terre du Moyen-Orient. Ils étaient sur le point d’ouvrir le premier centre d’éducation dans l’Autorité palestinienne pour rassembler la jeunesse palestinienne, israélienne et jordanienne autour des questions environnementales comme moyen de construire la paix, d’utiliser des ressources naturelles partagées.

Etant enthousiaste pour l’éducation environnementale, j’ai écrit, en hébreu et en mauvais arabe, heureusement j’avais des amis qui parlent couramment les deux, un programme centré autour du jardinage, de la biodiversité, de conservation de l’eau. Ce sont des éléments d’unification avec lesquels tout le monde doit composer au Moyen Orient, et pour beaucoup de ces enfants, c’était la première rencontre avec quelqu’un qui n’est pas comme eux, qui n’a pas la même culture.

Des enfants se tiennent derrière une clôture, dans le camp pour migrants de Moria, transformé par la police en centre de détention, à Mytilene, sur l'île de Lesbos, le 3 avril 2016. (AFP / Aris Messinis)
Des enfants se tiennent derrière une clôture, dans le camp pour migrants de Moria, transformé par la police en centre de détention, à Mytilene, sur l’île de Lesbos, le 3 avril 2016. (AFP / Aris Messinis)

Vous avez cité le discours controversé du Premier ministre Benjamin Netanyahu au Congrès sur l’accord du nucléaire iranien dans un tweet l’année dernière : « L’époque où le peuple juif restait passif devant des ennemis génocidaires est finie. #plusjamais ». Alors, vous êtes vraiment pro-Israël ?

Je commencerai avec cette idée du « plus jamais ». Il y a environ huit mois, j’ai vu une photo de ce petit garçon réfugié de trois ans qui s’était noyé en Turquie. Et cela m’a secouée. Parce que nous disons « plus jamais », et dans mon esprit « encore » est ce qui se produit de l’autre côté de la Méditerranée. Alors, j’ai pris un avion, et je suis allée à Lesbos [en Grèce]. Je travaillais avec des réfugiés syriens, irakiens et afghans là-bas sur les côtes.

Je crois fondamentalement au droit à un Etat pour notre peuple juif. Et cela doit être la condition de base pour n’importe quel processus de paix. Je crois à la paix, je crois à la solution à deux Etats. J’ai passé beaucoup de temps à voyager au Moyen-Orient. Il y a beaucoup d’être humains extraordinaires, vraiment extraordinaires ; je n’ai jamais vu autant d’hospitalité. Mais pour commencer à discuter, il faut avoir comme accord de base : en tant que peuple juif, nous avons le droit d’exister. Et, quand cette base est mise en danger, c’est effrayant.

Qui est votre politique juif préféré ?

Barbara Boxer et Dianne Feinstein sont ici [en Californie] ; ce sont les sénatrices qui représentent mon Etat. J’ai grandi avec elles. Dans mon esprit, ce sont les premières figures politiques importantes : deux femmes juives. Alors c’est quelque chose de fort. Il en faut plus comme nous au pouvoir, pas vrai ? Je pense que le monde serait un endroit meilleur.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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