Est-ce que le ‘Marteau hébreu’ atteindra son rêve olympique en 2018 ?
Un juif américain cherche à représenter Israël à l'épreuve de skeleton à PyeongChang
NEW YORK – De la glace, n’importe quel type de glace, semble être une idée tellement rafraîchissante là maintenant dans la chaleur de l’été.
Mais qu’en serait-il si vous deviez foncer tête la première sur une piste de bobsleigh à 130 kilomètre/heure et ressentir jusqu’à 5,5 G de force pour obtenir votre dose de givre ? Pour AJ, « le Marteau Hébreu » Edelman, qui espère devenir le premier athlète olympique de skeleton d’Israël, c’est juste la partie la plus amusante.
Le chef de produit de 24 ans pour Oracle est originaire de Brookline dans le Massachusetts et a grandi en étant une star de hockey.
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Edelman n’est pas étranger à la glace et au froid. Maintenant, il vit en Californie, mais il consacre tout son temps libre, et beaucoup de ses propres ressources, à la formation et la compétition à ce sport qui procure beaucoup d’adrénaline.
Cette semaine marque le début de sa campagne de financement Indiegogo, une organisation à but non lucratif, pour sa candidature olympique autofinancée déductible d’impôt.
Il a les yeux fixés sur les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang, en Corée du Sud. Mais même s’il porte fièrement une combinaison bleue et blanche moulante, avec la Magen David estampillée dessus, il y a encore du pain sur la planche.
The Times of Israel a retrouvé Edelman, qui s’entraînait au Park City d’Utah (qui a accueilli les Jeux olympiques d’hiver de 2002, le premier jeu avec une compétition de skeleton depuis 1928), pour en savoir plus à propos de l’avenir olympique du Marteau Hébreu.
Même à Park City, les températures estivales ne sont pas exactement propices à la glace. Quel type d’entraînement suivez-vous aujourd’hui ?
Au début de chaque course, nous faisons un sprint de 30 à 50 mètres, puis nous sautons la tête la première sur le traîneau.
En dehors de la saison, c’est à peu près la seule chose sur laquelle nous pouvons nous entrainer. Je suis dans l’Utah parce Park City est l’un des deux endroits en Amérique du Nord pourvu d’une piste hors-saison. Nous courons et sautons ensuite sur un traîneau à roues attaché à quelque chose qui ressemble à une voie ferrée.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire du skeleton en premier lieu ?
Au collège, j’ai refusé des offres pour fréquenter une école de préparation qui m’aurait mis sur la bonne voie pour jouer dans la Division 1 de la NCAA pour hockey sur glace [le plus haut niveau de collégiale de hockey sur glace] pour que je puisse continuer mon éducation juive à la Maimonide’s School. Je jouais au hockey au MIT, mais après l’université ce sentiment de compétition n’a jamais disparu.
D’abord, j’ai essayé le culturisme et j’ai participé aux compétitions pendant un an, mais je sentais que quelque chose manquait. En octobre 2013, j’ai allumé la télévision et j’ai vu les essais de l’équipe des États-Unis en skeleton et de bobsleigh. A ce moment-là, j’ai décidé que les Jeux Olympiques seraient un magnifique défi.
Et c’est seulement un bonus que cela soit un sport d’hiver – aussi difficile que cela soit de dire aux jeunes enfants juifs ou israéliens qu’ils peuvent aller loin dans un sport, il est encore plus difficile de leur dire qu’ils peuvent aller loin dans les sports d’hiver.
Qu’elle est la réaction de votre mère à propos de cette ambition ?
Elle a eu deux crises cardiaques – que je ne me marierais jamais et que je n’obtiendrai jamais un emploi. Elle m’a envoyé dans une école de formation à Lake Placid à New York [qui a accueilli les Jeux olympiques d’hiver de 1932 et de 1980] en espérant que cela allait m’ouvrir les yeux. La première fois que je suis allé sur la piste, c’était comme une drogue.
Nous sommes à moins de trois ans des Jeux olympiques d’hiver de 2018. Qu’est-ce que vous devez accomplir pour vour qualifier pour PyeongChang ?
Tout dépend de la saison 2017-2018. Trente athlètes masculins sont choisis parmi le top 60 du classement mondial. Je suis actuellement 91e au classement mondial. Donc, dans l’intervalle, je gagne en expérience et devient un meilleur athlète.
La saison dernière, j’ai participé à quatre courses sur le circuit de la Coupe nord-américaine. Cette saison, je serai en compétition dans 12 courses sur le circuit de la Coupe Intercontinental, qui va m’amener partout, de Whistler, au Canada, au lieu qui a accueilli les Jeux olympiques de 2010, à Saint-Moritz, en Suisse, le berceau du skeleton.
Vous participez déjà sous les couleurs israéliennes, mais il y a un petit hic : Vous n’êtes pas israélien. Comment cela se fait-il ?
Les règles du Comité olympique d’Israël stipulent que vous devez être un citoyen ou être résident pendant un an avant les jeux dans un pays.
Je vais commencer le processus plus tard cette année, mais je travaille sur la logistique afin de ne pas interrompre ma formation. J’espère d’ici mars, pour pouvoir faire mon service militaire après la saison.
Les Jeux olympiques sont l’exemple parfait d’athlètes changeant de passeports pour qu’ils puissent s’assurer une place. Non pas que quelqu’un ait fait une quelconque allégation sur vous, mais comment répondez-vous à cette conception ?
Je me promène avec une kippah sur ma tête, je porte du blanc et du bleu. Je ne le ferais que si c’est pour Israël. Pas de doute dans mon esprit.
Je pensais rejoindre l’équipe de hockey sur glace nationale israélienne – je suis un meilleur joueur de hockey qu’un athlète de skeleton – mais ils ne vont pas réussir à se qualifier aux Jeux olympiques pendant une longue période. C’est toujours un moment particulier pour moi quand l’animateur annonce : « piste libre pour Israël ».
Ma raison personnelle pour entrer dans le sport, c’était avant tout de changer la perception des Juifs dans le sport et de représenter ma communauté. Je suis toujours le seul joueur de hockey juif que mes coéquipiers aient jamais rencontré. Grâce à la réalisation de l’excellence sportive, je suis capable d’agir comme un ambassadeur pour ma communauté. Beaucoup plus d’enfants de ma communauté jouent désormais au hockey sur glace.
J’ai un talent sportif unique et je veux faire quelque chose de positif avec.
Il est regrettable que, dans la journée à l’école juive ou de la vie orthodoxe moderne, on n’exige pas beaucoup des enfants juifs en terme d’excellence sportive et ne sont pas autant encouragés que les autres communautés.
D’où vient le surnom du « Marteau Hébreu » ?
Mon surnom original était « The Chosen Frozen » [L’Elu Gelé]. Mais il était censé représenter une équipe, pas seulement moi-même. J’ai laissé tomber le nom parce que ça sonnait comme si j’étais choisi, mais je suis juste une personne normale qui vient d’une famille juive normale. Je ne suis pas une superstar. Certaines personnes ont vu le film ou vont le voir comme un jeu de mots drôle.
Quels ont été vos plus grands défis en tant qu’athlète de skeleton ?
À Calgary, j’étais tellement meurtri et amoché que mes hanches ressemblaient à des pamplemousses. Comme si j’avais joué au ping-pong avec mon corps. Je me suis cassé une de mes côtes. Je pouvais à peine marcher. Je suis retourné dans la ‘cave’ où je logeais, me suis couché dans le lit, et je ne voulais plus me lever.
Puis je me suis rendu compte que si je venais d’expérimenter le pire, cela n’était pas si mal. J’ai pris des coups avant… pour moi, cela fait tout simplement partie de l’expérience. Pour beaucoup de gens, ça les arrête. La seule réponse est de faire mieux.
Il y a aussi l’épée à double tranchant du fait d’être dans un programme d’une petite nation. Je n’ai pas les ressources, les aides, ou l’entraînement, mais je n’ai pas à rivaliser avec quelqu’un d’autre dans mon programme, ce qui est un avantage merveilleux. Je peux être ami avec tout le monde sur le circuit. Je serais ravi d’avoir un entraîneur et des installations, mais pour moi, ça fonctionne.
Malheureusement les courses ont généralement lieu le vendredi et le samedi. J’ai pris la décision de glisser pour Shabbat, mais je ne vole ou ne prend pas le train à Shabbat.
En grandissant, je ne jouais pas au hockey à Shabbat, ce fut pour moi un choix personnel. Mais je retiens de faire tous les autres mélakhot [les activités interdites à Shabbat] du mieux que je peux.
Le casher est un plus grand défi – sortir avec vos amis est un peu plus difficile, mais aussi une merveilleuse occasion de les éduquer. Je suis un ambassadeur pour toutes les choses juives.
Les Juifs ne sont pas exactement connus pour affluer vers les destinations de sports d’hiver, mais comme un athlète solitaire sur le circuit de skeleton, comment les communautés juives locales vous ont reçu ?
Quand je suis arrivé à Park City, je suis resté à un Best Western et je me suis rendu compte que si ma mission est d’inspirer plus de Juifs à faire du sport, alors je devais sortir et rencontrer autant de Juifs que je pouvais.
Je suis allé au temple de Park City et dit que je serai ici pour la moitié de la saison, et immédiatement la congrégation a commencé une grille de rotation pour que je reste dans les maisons des gens quand je serai là. J’étais ému, ce n’était pas quelque chose à laquelle je pensais.
J’ai passé la seconde moitié de la saison à Calgary. J’ai envoyé un message à la synagogue orthodoxe moderne et ils m’ont mis en contact avec une famille qui a dit que je pouvais rester avec eux chaque fois que je le souhaitais.
J’ai rencontré des Juifs dans des endroits que je n’aurais jamais imaginé.
La plus grande surprise lors de ma rencontre avec les Juifs est non seulement leur hospitalité, mais qu’il y a un véritable esprit de camaraderie qui me rend si fier de représenter Israël et notre peuple.
Même pour les Juifs ayant grandi en étant non religieux, quand ils passent par les parcs de circuit de glisse, ils voient l’étoile de David sur le dos de la combinaison et demandent : « Israël participe aux sports de glisse ? ».
C’est un peu comme l’équipe de bobsleigh jamaïcaine – si elles n’avaient jamais été aux Jeux olympiques de Calgary en 1988, de nos jours, même les Jamaïcains ne le croiraient pas.
Voilà c’est la même perception que vous retrouverez si vous allez le demandez à chaque personne juive normale. Les gens diraient que c’est fou, vous venez d’un pays désertique, cela ne marchera pas…
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