Est-ce que le meurtre de Shlomit Krigman aurait pu être empêché ?
Les signes étaient là, ont insisté les résidents de Beit Horon, et même après les mesures sécuritaires n'ont pas été prises

La fatale attaque au couteau de la semaine dernière qui a eu lieu dans l’implantation cisjordanienne de Beit Horon, et qui a entraîné la mort d’une jeune femme de 23 ans et blessé une femme de 58 ans, a été menée à quelques mètres de la maternelle locale – qui une semaine plus tard n’est toujours pas surveillée.
Bien que la plupart des rapports sur l’attaque terroriste ont décrit que l’attaque ayant eu lieu en dehors de l’épicerie de l’implantation, Ibrahim Alan et Hassin Abu Gush ont commencé leur attaque meurtrière dans le jardin à l’extérieur de l’école – seulement 15 minutes après que les enfants aient quitté la maternelle à la fin de la journée.
Pour beaucoup dans la communauté, les signes laissaient présager qu’une attaque de ce genre allait se produire. Depuis le début de la vague de violence en octobre, et même avant, les membres de la communauté réclamaient une sécurité accrue, en particulier pour la zone autour de l’école maternelle, où l’attaque a eu lieu.
« Nous attendions seulement une catastrophe et un désastre est arrivé », a déploré un résidente, une mère de jeunes enfants, qui a requis l’anonymat.

La clôture par laquelle Alan et Abu Gush sont passés a toujours été une source de discorde au sein de la communauté avant l’attaque au couteau.
Bien que l’implantation en Cisjordanie soit bien gardée par une base de la police des frontières d’un côté et par le mur de béton séparant Israël de la Cisjordanie de l’autre, la petite barrière à côté de la vallée est le talon d’Achille de Beit Horon – ce dont la police avait conscience.

Avant le début de l’année scolaire, un représentant de la police a noté que la zone autour de l’école était à risque, compte tenu de sa proximité avec le village arabe voisin, Efi Gilad, a déclaré un membre du conseil représentatif de l’implantation.
« Ils ont dit que nous n’étions pas à la hauteur. C’était juste une question d’argent », a-t-il dit.

Même si la police a noté le risque potentiel, ils n’ont rien fait pour augmenter la sécurité. Et même après qu’il y ait eu un certain nombre d’attaques sur la route 443, qui est adjacente, a entraîné l’inquiétude des résidents, la police et l’armée ont refusé d’augmenter la sécurité dans la région, a déclaré Gilad.
Les jeunes Palestiniens dans les villages environnants de la route ont lancé des pierres et des bombes incendiaires sur les voitures qui passaient et en novembre, un soldat de Tsahal a été poignardé à mort dans une station d’essence juste à l’extérieur de l’implantation.
Même après l’attaque de la semaine dernière, et le plus important du bilan des victimes qu’il aurait pu avoir compte-tenu de la proximité avec l’école maternelle, les Beit Horonites soutiennent que le gouvernement n’a pas fait assez pour répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité.
« Une clôture n’est pas la solution »
L’armée israélienne a commencé à renforcer la barrière qu’Alan et Abu Gush ont escaladé pour entrer dans Beit Horon, en ajoutant quelques mètres supplémentaires de la barrière.
Gilad a, cependant, écarté cela comme étant une mesure relativement insignifiante. « Si quelqu’un veut passer par-dessus une clôture d’1 mètre 50, ils peuvent franchir une clôture de deux mètres. Une clôture n’est pas la solution », a-t-il dénoncé.
Mais à part cela et une augmentation temporaire du nombre de gardes, il n’y a pas grand-chose qui est fait par le gouvernement pour prévenir d’une future attaque, selon les habitants.
« Maintenant, je dois y réfléchir, dois-je envoyer ma fille à l’école maternelle et la mettre en danger ? », s’interroge la mère.
La solution, affirment certains habitants, est un agent de sécurité permanent à l’extérieur de l’école.

Suite à l’attaque au couteau, le Conseil régional de Binyamin Mateh, dont fait partie Beit Horon, a demandé à la police d’en placer un pour l’école, a déclaré Doron Cohen, le chef de la sécurité de l’école pour le conseil, au Times of Israel.
Le Conseil a déclaré qu’il avait accepté de fournir temporairement un agent de sécurité privé pour l’école jusqu’à ce que les policiers décident s’ils vont fournir une protection pour l’école.
« Mais qu’est-ce qui va se passer dans deux ou trois semaines ? », s’est demandé Gilad.
Lundi après-midi, alors que les enfants étaient encore dans le bâtiment et il n’y avait pas de garde ou un soldat posté à l’extérieur.
Selon Cohen, l’agent de sécurité et un véhicule de patrouille auraient dû être postés à l’extérieur de l’école à l’époque. Mardi, a-t-il dit, l’agent de sécurité de l’implantation serait l’extérieur du bâtiment pour assurer que la garde serait, en fait, être présent.
Bien que Cohen a déclaré que le Conseil avait accepté sa demande, il a rejeté les demandes des parents à Beit Horon qui exigent plus de sécurité comme étant « exagérées ».
« Le Hamas tire des roquettes sur toutes les écoles en Israël mais est-ce que toutes ces écoles ont une protection supplémentaire ? Non, ils ont une protection supplémentaire à Sderot – et cette mesure a été prise même après que quelques milliers de roquettes Qassam ont atterri sur eux », a déclaré Cohen, se référant à la ville israélienne qui a subi de plein fouet les tirs de roquettes à partir de Gaza.
Mais même des mesures relativement simples, qui « ne coûteraient quelques centimes », n’ont pas encore être prises pour protéger la vie des enfants de la communauté, a soutenu Efi Gilad.
Bien que les jeunes enfants étudient à Beit Horon, dans les écoles maternelles et élémentaires de la communauté, les enfants plus âgés sont transportés par autobus dans la ville voisine de Modiin. À la fin de la journée, ils sont déposés à quelques 700 mètres à l’extérieur de l’implantation sur la route 443, à côté d’un village arabe, a poursuivi Gilad.
Pendant les mois d’hiver, au moment où ils sortent de l’école et sont déposés à l’extérieur de l’implantation, il fait déjà nuit dehors, a-t-il ajouté.
Gilad, avec d’autres parents, se bat pour que cela change depuis plus de trois ans, mais même à la lumière de la vague de la violence dans la région, le ministère des Transports et le ministère de l’Education ont refusé de changer l’itinéraire du bus pour déposer les élèves de Beit Horon à l’intérieur des portes de l’implantation, a-t-il expliqué.
« Ils nous ont dit, que statistiquement, cela n’était pas nécessaire », a déclaré Gilad. « Eh bien, statistiquement, nous n’aurions pas dû avoir une attaque terroriste mais que pouvez-vous faire quand les statistiques ne fonctionnent pas et que nous avons une attaque terroriste ? ».
Un peu plus de soldats pendant un temps
En attendant, l’armée israélienne a placé temporairement dans l’implantation des soldats réservistes à sa porte d’entrée. Mais selon Gilad, c’est plus pour apaiser les esprits qu’une réelle solution sécuritaire.
« Ils ont accepté d’apporter quelques réservistes supplémentaires pendant deux semaines. Mais c’est un peu comme, ‘prenez et taisez-vous’ », a déclaré Gilad. « Et finalement, tout le monde va oublier – jusqu’à la prochaine fois ».
En plus des renforts temporaires de l’armée, l’implantation a également intensifié ses propres mesures de sécurité pré-existantes. Les résidents, qui ont une expérience militaire, font partie de l’équipe d’intervention d’urgence de la communauté.
« Nous avons quelques 25 soldats réservistes, y compris deux colonels, qui font partie de notre équipe d’intervention d’urgence. Ils gardent tout leur équipement à la maison. Ils ont été les premiers sur les lieux. Ils ont guidé l’armée car ils connaissaient bien la région », a-t-il précisé.
Bien que cela puisse être admirable, a fait valoir Gilad, en protéger l’implantation ne devrait pas être de la responsabilité des résidents, mais du gouvernement.
« Pour que l’Etat me dise que comme vous êtes celui qui est poignardé, vous avez besoin d’assurer votre sécurité, n’est tout simplement pas juste. Nous pensons que le gouvernement d’Israël doit être celui qui assure cela pour nous », a déclaré Gilad.
« Et en tant que citoyen israélien qui paie ses impôts, je pense que je le mérite », a-t-il ajouté.
« Une série de miracles »
Bien que Beit Horon soit sur le côté cisjordanien de la Ligne verte, il est situé sur le côté israélien de la barrière de séparation.
De par leur emplacement, les résidents affirment qu’ils ne sont qu’une vague pensée lorsque les décisions sur l’augmentation de la sécurité sont prises.
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Pour les résidents, cette attaque a réfuté cette théorie.
Les deux terroristes sont entrés dans l’implantation juste avant cinq heures lundi après-midi armés de couteaux et de bombes artisanales. Juste une demi-heure plus tôt, l’école maternelle était encore pleine d’enfants.
« S’ils étaient arrivés 15 à 20 minutes plus tôt, les choses auraient été différentes », a déclaré Gilad au comité de direction de l’implantation. « Vous ne voulez même pas imaginer ce qui aurait pu se passer. Il y avait 70 enfants dans ce bâtiment ».
Gilad estime que la maternelle était la cible de l’attaque terroriste mais ils ont peut-être été retardés par la boue ou les rochers glissants sur leur chemin qui les menait à l’implantation, a-t-il dit.
« Je ne crois pas que cela soit une coïncidence qu’ils soient arrivés quand ils sont arrivés », a affirmé Gilad. « Peut-être que c’était à cause de la boue qu’ils étaient 15 minutes en retard. »
Pour entrer dans la communauté, les terroristes ont dû traverser une vallée, ont rampé dans un égout qui est ouvert dans les mois d’hiver pour permettre l’écoulement des eaux de pluie dans la rivière Modiin à proximité, puis ont grimpé sur la clôture, selon Yehudit Tayar, un résident de Beit Horon, qui est infirmier et le porte-parole pour le Conseil de Yesha, l’organe représentatif des implantations en Cisjordanie et dans la Vallée du Jourdain.
Alan et Abu Gush étaient armés de plusieurs armes, et ils ont dû collecter des informations à l’avance afin de connaître l’existence de l’égout sans lequel leur attaque aurait échoué.
L’attaque terroriste était « très bien préparé », a ajouté Tayar.

L’attaque a terrifié la communauté, qui est en général calme et paisible, qui n’a jamais connu d’attaque sur son territoire, ont indiqué des habitants.
La victime de 23 ans, Shlomit Krigman, qui a été tuée pendant l’attaque, était la chef du mouvement local des jeunes, Bnei Akiva. Elle était bien connue et appréciée. Elle est décrite comme « une fleur au sourire tranquille qui éclairait son entourage », et son décès a ébranlé la petite communauté.

Mais en y regardant de plus près, beaucoup ont aussi réalisé que l’attaque aurait pu être bien pire.
Si les terroristes étaient arrivés 15 minutes plus tôt, si leurs bombes artisanales avaient explosé, si le propriétaire de l’épicerie Mordechai Shalem n’avait pas été en mesure de garder les terroristes hors de sa boutique, ou même si le temps avait été plus agréable, des dizaines d’enfants auraient pu également être tués.
L’attaque a eu lieu pendant la fête juive de Tou Bichvat, la célébration des arbres.
Si les prévisions météorologiques n’avaient pas prévu de la neige pour ce jour-là, les enfants de l’école maternelle auraient été dans un jardin à l’extérieur du bâtiment, exactement à côté de l’endroit où Alan et Abu Gush sont entrés, en train de planter des arbres pour célébrer le « Nouvel An des arbres », comme la fête est connue en hébreu.
Heureusement, les prévisions prévoyaient de la neige et l’événement a été reporté, et les enfants avaient tous quitté le quartier au moment où les terroristes sont entrés dans l’implantation.
Seule une « série de miracles » a pu empêcher une tragédie plus importanre, a déclaré Gilad.
Mais les parents de Beit Horon disent qu’un « miracle » ne suffit pas.
« Nous exigeons qu’ils gardent [en sécurité] nos enfants. Juste veiller sur nos enfants – qui sont la chose la plus fondamentale », a imploré la mère de Beit Horon.
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