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Etat des lieux du programme nucléaire nord-coréen

Pyongyang a annoncé mercredi avoir mené un quatrième essai nucléaire, le premier avec une bombe à hydrogène

Drapeau de la Corée du Nord (Crédit : Zscout370/Domaine public/Wikimedia common)
Drapeau de la Corée du Nord (Crédit : Zscout370/Domaine public/Wikimedia common)

La Corée du Nord a annoncé mercredi avoir mené un quatrième essai nucléaire, le premier avec une bombe à hydrogène. Voici un état des lieux du dossier:

Question: La Corée du Nord est-elle une puissance nucléaire?

Réponse: Non, du moins pas encore, au sens où elle n’a pas prouvé sa capacité à équiper un missile balistique d’une charge nucléaire. Elle progresse cependant sur le plan technologique. Elle avait déjà réalisé auparavant trois essais nucléaires, en 2006, 2009 et 2013, très vraisemblablement à partir de bombes au plutonium à faible rendement pour les deux premiers et possiblement à l’uranium pour le troisième avec peut-être dans ce cas un engin miniaturisé.

Cette fois, elle clame qu’il s’agit d’une bombe thermonucléaire à hydrogène mais les experts émettent des doutes: « Les données sismiques indiquent que l’explosion est très en-deçà de celle que provoquerait une bombe H », note Crispin Rovere, expert australien de politique nucléaire.

Q: Quelles sont les capacités balistiques de Pyongyang?

R: La fusée tirée en décembre 2012 et la mise en orbite d’un satellite (même si celui-ci n’a pas survécu) avaient marqué un jalon dans le développement d’un missile balistique intercontinental (ICBM) bien que des obstacles techniques demeurent.

Les experts soulignent que si la fusée était alors entrée dans l’espace, elle n’est pas revenue dans l’atmosphère en poursuivant une trajectoire de « frappe » sur un objectif terrestre. La Corée du Nord a démontré qu’elle pouvait envoyer un engin dans l’espace mais pas qu’elle pouvait le faire revenir sur terre.

Ils estiment par ailleurs que la mise au point d’une capacité nucléaire embarquée dans un ICBM prendra encore beaucoup de temps.

Q: Où cet essai a-t-il eu lieu?

R: De même que les précédents, il a été effectué sur le site nucléaire de Punggye-ri, dans une région isolée et montagneuse du nord-est du pays, à environ 100 km de la frontière avec la Chine et 200 km de la frontière russe.

Les experts sud-coréens estiment que la construction du site a démarré il y a plus de 20 ans. Il a été largement observé et documenté par des satellites espions, jusqu’à ces dernières semaines.

Q: A quoi sert ce quatrième essai et pourquoi maintenant?

R: « Le but est tout d’abord de montrer au monde que la Corée du Nord s’est dotée d’une nouvelle technologie dans le cadre de son programme d’armes nucléaires, avec une bombe à hydrogène offrant une bien plus grande puissance grâce à la fusion nucléaire alors que les précédentes reposaient sur la fission », a expliqué à l’AFP Toshimitsu Shigemura, professeur de l’Université de Waseda et expert de la Corée du Nord.

Et de préciser: « Cet essai est fait en préparation d’un congrès du parti en mai. Jusqu’à maintenant, Kim Jong-Un n’avait pas de grande réussite à afficher, mais maintenant, il peut se targuer de ce succès que n’ont pu revendiquer ses grand-père et père Kim Il-Sung et Kim Jong-Il ».

Sans doute Kim Jong-Un a-t-il jugé que c’était le bon moment parce que les États-Unis sont occupés ailleurs (Syrie, Irak, Arabie Saoudie/Iran) et que le président chinois Xi Jinping est confronté à des difficultés économiques », souligne Shigemura.

Q: Quelles seront les conséquences internationales ?

R: Cet essai va être analysé à l’étranger (Etats-Unis, Corée du Sud, Japon) mais il pourrait n’en ressortir que très peu d’information autre que celle fournie par le régime nord-coréen.

La Chine, principal interlocuteur de Pyongyang, « va faire face à une pression accrue à la fois nationale et internationale pour punir et freiner Kim Jong-Un et pour le forcer à renoncer à ses armes nucléaires », estime Xie Yanmei, analyste de l’International Crisis Group en Asie du Nord basé à Pékin.

Les relations avec la Corée du Sud sont également susceptibles de souffrir et Seoul pourrait être tentée, à l’instar du Japon, de renforcer son arsenal législatif et militaire face la menace que représente le régime communiste nord-coréen.

Les précédents essais nucléaires et de missiles ont été systématiquement condamnés et sanctionnés par des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies.

Une réunion de ce dernier devrait avoir lieu dès ce mercredi.

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