Israël en guerre - Jour 341

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État juif : Netanyahu et Gantz réagissent au discours d’Abbas à la Ligue arabe

Le chef de l'AP a indiqué qu'il ne pouvait pas reconnaitre Israël comme État juif car de nombreux immigrants en Israël, originaires de l'ex-URSS et d'Ethiopie, ne sont pas Juifs

Photo composite montrant à gauche le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aux côtés du chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, (à droite), s'exprimant séparément lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Hadash Parush/Flash90)
Photo composite montrant à gauche le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aux côtés du chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, (à droite), s'exprimant séparément lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Hadash Parush/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival, le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz, ont critiqué le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, samedi, pour son rejet du plan de paix au conflit israélo-palestinien récemment révélé par le président américain Donald Trump.

Gantz a indiqué dans un communiqué qu’Abbas, « une fois encore, ne rate pas une occasion de refuser » une proposition de paix, faisant écho à un argument avancé par le haut-responsable de la Maison Blanche Jared Kushner, également l’un des architectes du plan, selon lequel les Palestiniens ont été les seuls responsables de l’échec de toutes les négociations de paix menées au cours de ces dernières décennies.

« Le temps est venu de commencer à œuvrer pour les futures générations et en faveur de la paix plutôt que de rester bloqué dans le passé en empêchant la région entière de pouvoir se projeter dans un avenir d’espoir », a ajouté Gantz.

Gantz et Netanyahu se sont aussi insurgés contre une déclaration faite par Abbas au cours d’un discours tenu samedi devant la Ligue arabe et dans lequel il a affirmé que les Palestiniens ne pouvaient pas accepter Israël en tant qu’État juif dans la mesure où le pays comprend de nombreuses minorités qui ne seraient pas juives.

Abbas a estimé que de nombreux immigrants en Israël, originaires de l’ex-Union soviétique et d’Ethiopie, ne sont pas Juifs.

Le président de l’Autorité palestinienne montre des cartes (de gauche à droite) de la « Palestine historique », du plan de partition des Nations unies en 1947, des frontières de 1948 à 1967 des territoires palestiniens et d’Israël et une carte montrant les territoires palestiniens actuels sans les zones et implantations israéliennes au cours d’une réunion de la Ligue arabe sur le plan de paix du président américain Donald Trump au siège de la Liste arabe au Caire, le 1er février 2020 (Crédit : Khaled Desouki/AFP)

« Il y a un million et demi à deux millions de Russes en Israël aujourd’hui – certains sont chrétiens et certains sont Juifs. Quand l’Union soviétique s’est effondrée, les portes se sont ouvertes. Pour prouver qu’ils étaient Juifs, ils sont allés voir un rabbin, ils l’ont payé 100 roubles, ils ont obtenu un certificat attestant du fait qu’ils étaient juifs et ils sont allés en Israël », a affirmé le président de l’AP.

« Même chez les Falash Mura d’Ethiopie, croyez-moi, le pourcentage de Juifs est minuscule », a-t-il ajouté.

Répondant à cette affirmation, Netanyahu a écrit sur Twitter : « Apparemment, Abbas n’a jamais entendu parler des tribus d’Israël. » Le Premier ministre a ensuite appelé les immigrants d’Ethiopie et d’ex-Union Soviétique « nos frères et sœurs, la chair de notre chair, profondément juifs, qui ont rêvé en exil pendant des générations du retour à Sion et qui ont accompli leur rêve »

Gantz, pour sa part, a expliqué que « l’ignorance et le mépris d’Abbas pour nos immigrants de l’ancienne Union soviétique et d’Ethiopie – qui font partie intégrante du peuple juif – sont scandaleux. Et ce n’est pas ainsi que la paix peut se construire ».

La ministre de la Culture Miri Regev (Likud) a rejoint le choeur des condamnations, disant qu’Israël vaincrait le Hamas comme les Hébreux antiques avaient vaincu Pharaon.

La réunion d’urgence de la Ligue arabe pour discuter de la proposition de paix soumise par les Etats-Unis pour le conflit au Moyen-Orient, au siège de la Ligue, au Caire, alors que les délégués prennent place, le 1er février 2020 (Crédit : Khaled DESOUKI / AFP)

Le chef du Shas, Aryeh Deri, a pour sa part interpellé directement le chef de l’AP.

« Abu Mazen », a-t-il dit, utilisant le nom de guerre d’Abbas, « après avoir nié la Shoah, niez-vous maintenant la réalité ? » Abbas avait fait preuve de négationnisme face à la Shoah dans sa thèse de doctorat écrite en 1982 et intitulée : « L’autre côté : La relation secrète entre nazisme et sionisme ». Il avait ensuite renoncé à ces affirmations après être devenu dirigeant de l’AP.

« Depuis des milliers d’années, les Juifs de Russie et d’Ethiopie, et de partout dans la diaspora, rêvaient et priaient pour pouvoir venir en Israël. Nous continuerons à sauvegarder l’Etat juif et les traditions qui nous ont amenées ici », a dit Deri.

Les propos tenus par Abbas sur les immigrants soviétiques ont de manière frappante rappelé les mots prononcés par le grand-rabbin séfarade Yitzhak Yosef, le mois dernier. Yosef s’était référé à eux sous le terme de « païens haineux de la religion ».

« Des centaines de milliers ou des dizaines de milliers de païens sont venus en Israël sous les termes de la Loi du retour », avait déclaré Yosef lors d’un rassemblement rabbinique.

Lors de son discours prononcé devant la Ligue arabe, Abbas a également dit qu’il romprait tous les liens l’unissant à Israël et aux Etats-Unis, et qu’il mettrait notamment un terme à la coordination sécuritaire.

Abbas avait déjà annoncé en juillet 2019 son intention de « ne plus appliquer les accords signés avec Israël » lors d’une poussée de tensions, sans traduire cette démarche dans les faits.

En juillet 2017, Abbas avait déjà indiqué suspendre la coordination sécuritaire avec Israël, avant de la rétablir officiellement un an plus tard. Pendant cette année de pause, elle avait toutefois été maintenue de facto à 95 %, d’après la police palestinienne. Si Abbas a gelé les relations entre Ramallah et Washington en décembre 2017 – après la reconnaissance unilatérale par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël -, l’Autorité palestinienne a maintenu ses contacts avec la CIA.

Samedi, le président de l’AP a assuré qu’il n’y aurait désormais « aucune sorte de relation » avec les Israéliens « ainsi qu’avec les Etats-Unis, y compris en matière sécuritaire, à la lumière » du plan américain du président Donald Trump.

Alors que certains pays arabes avaient réagi de manière très prudente au plan – certaines capitales appelant même à l’examiner -, la Ligue arabe l’a officiellement rejeté.

Des Jordaniens brûlent un drapeau américain lors d’une manifestation à Amman contre le plan pour la paix israélo-palestinienne présenté par l’administration Trump, le 31 janvier 2020 (Crédit : Khalil Mazraawi/AFP)

Son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit, a estimé que le projet américain revenait à créer « un seul Etat avec deux catégories de personnes, soit un système d’apartheid, faisant des Palestiniens des citoyens de seconde zone ». « La proposition américaine s’apparente en réalité à un diktat », a-t-il souligné.

Le président de l’AP a annoncé qu’il se rendrait bientôt au Conseil de sécurité de l’ONU pour appeler à une conférence internationale visant à relancer les négociations avec Israël, sous l’égide d’un quartet incluant la Russie, l’Union européenne, l’ONU et les Etats-Unis.

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