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Analyse

État palestinien : L’évolution de la pensée de Benjamin Netanyahu

Le Premier ministre était contre un État palestinien, mais y était auparavant favorable, puis a fini par s'y opposer à nouveau

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu prononce un discours lors de la célébration des 50 ans d'implantation juive en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, lors d'un événement commémoratif dans le bloc d'implantations de Gush Etzion, le 27 septembre 2017. (AFP PHOTO / MENAHEM KAHANA)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu prononce un discours lors de la célébration des 50 ans d'implantation juive en Cisjordanie et sur le plateau du Golan, lors d'un événement commémoratif dans le bloc d'implantations de Gush Etzion, le 27 septembre 2017. (AFP PHOTO / MENAHEM KAHANA)

JTA – Il n’y a pas si longtemps, la plupart des grands responsables politiques israéliens soutenaient la création d’un État palestinien.

Aujourd’hui, il n’est pas certain que l’un d’entre eux le fasse, y compris l’actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

M. Netanyahu a commencé sa carrière politique dans les années 1970 en s’opposant à un État palestinien, une idée qui avait déjà été abandonnée mais qui gagnait du terrain. Trente ans plus tard, en 2009, il prononçait un discours décisif en faveur de cette idée de principe. En 2015, cependant, Netanyahu fit marche arrière, à la veille des dernières élections.

Depuis, il a clarifié sa position : le Premier ministre s’oppose à la création d’un État palestinien, incluant le retrait israélien de toute partie de la Cisjordanie. Lors des rencontres de Netanyahu avec son allié, le président américain Donald Trump, les deux dirigeants ont évité de s’engager pour une solution à deux États. Les partenaires de droite de Netanyahu s’opposent encore plus à la création d’un État palestinien, poussant au contraire Israël à annexer les implantations de Cisjordanie – avec un éventuel « renforcement » de l’autonomie palestinienne avec des frontières et des activités militaires toujours contrôlées par Israël.

Les rivaux de Netanyahu ne se sont pas non plus prononcés en faveur d’un État palestinien. Kakhol lavan, la coalition centriste qui se présente contre Netanyahu aux prochaines élections d’avril, ne soutient pas cette idée. L’un des dirigeants de Kakhol lavan est un opposant de longue date à la solution à deux États.

Voici une brève explication de la façon dont la solution qui était autrefois taboue, puis semblait inéluctable, s’est peu à peu estompée de la politique israélienne.

Benjamin Netanyahu est-il favorable à un État palestinien ?

Le Premier ministre était contre un État palestinien, mais y était auparavant favorable, puis a fini par s’y opposer à nouveau

En 1978, alors âgé de 28 ans, il plaidait contre un État palestinien dans un débat à la télévision locale de Boston. Il y apparaissait sous son nom américanisé de Ben Nitay.

« Le véritable cœur du conflit est le refus regrettable des Arabes d’accepter l’État d’Israël », a-t-il dit. « Il est injuste d’exiger la création d’un 22e Etat arabe et du second Etat palestinien aux dépens du seul Etat juif ».

Tout au long de son ascension dans les rangs du parti de droite israélien du Likud au cours des 15 années suivantes, Netanyahu n’a pas changé de position : Il considérait un État palestinien comme un danger inacceptable pour la sécurité et l’intégrité territoriale d’Israël.

« Je crains pour ma maison, pour ma terre, je crains même pour mon fils », avait-il ainsi déclaré lors d’un discours prononcé devant les partisans de l’accord de paix israélo-palestinien de 1993, qui devait conduire à des pourparlers sur le statut permanent des frontières, des réfugiés et de Jérusalem. « Ce qui est en jeu ici, c’est l’essence : la terre d’Israël est en jeu, et nous défendons tous la terre d’Israël ».

Cela changea en 2009, année où il revînt au pouvoir. Il soutenait désormais l’idée d’un État palestinien sous certaines conditions.

« Si nous obtenons une garantie de démilitarisation, et si les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’État juif, nous sommes prêts à accepter un véritable accord de paix, un État palestinien démilitarisé côte à côte avec l’État juif », dit-il lors d’un discours prononcé à l’Université Bar-Ilan.

Mais les négociations en vue d’un traité de paix n’ont abouti à rien. Une courte série de pourparlers en 2010 s’est achevée au bout de quelques semaines, et des négociations durant neuf mois en 2014 furent tout aussi infructueuses. Puis vint l’enlèvement de trois adolescents israéliens et la guerre de Gaza en 2014. Depuis, il n’y a pas eu de négociations.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son épouse Sara assistent à une cérémonie commémorative en l’honneur de Ron Nahman, fondateur d’Ariel, l’une des plus grandes implantations israéliennes en Cisjordanie, le 2 février 2017 à Ariel. (AFP PHOTO / JACK GUEZ)

Depuis le début, les implantations en Cisjordanie se sont étendues. Même lors d’un gel des implantations de 10 mois en 2009, Netanyahu prévenait : « Vous pensez peut-être que nous allons démanteler les implantations, mais vous devez comprendre que nous allons faire exactement tout le contraire ».

En 2015, Netanyahu dut faire face à une rude concurrence pour sa réélection. Pour rallier sa base de droite un jour avant les élections, il s’est de nouveau prononcé contre un État palestinien.

« Quiconque veut aujourd’hui créer un État palestinien et se retirer des territoires donne la possibilité à l’islam radical d’attaquer l’État d’Israël », avait-il alors déclaré au site d’information israélien NRG. Quand on lui a demandé si cela signifiait qu’un État palestinien ne serait pas créé sous sa direction, il a répondu : « En effet. »

Alors que pense-t-il aujourd’hui ?

Netanyahu dit souhaiter que les Palestiniens jouissent d’une autonomie, mais pas d’un État entièrement indépendant.

En octobre, bien avant la campagne électorale actuelle, il a déclaré qu’il voulait un « Etat-moins, autonomie-plus, autonomie-plus-plus » palestinien.

Et ça veut dire ?

« Une solution envisageable est une solution dans laquelle les Palestiniens ont tous les pouvoirs pour se gouverner eux-mêmes, mais aucun pour nous menacer », a-t-il déclaré lors de l’Assemblée générale des fédérations juives d’Amérique du Nord en octobre de l’an dernier. « A l’ouest du Jourdain » – c’est-à-dire dans les zones contestées où vivent 2,5 millions de Palestiniens et 623 000 résidents d’implantations – « Israël et Israël seul sera responsable de la sécurité ».

Et d’ajouter : « Ce n’est pas seulement la possibilité de poursuivre les terroristes. C’est aussi la nécessité d’être là tout le temps ».

Cela signifie que l’armée israélienne restera en Cisjordanie, où un État palestinien est envisagé. Netanyahu a également déclaré qu’il ne démantèlerait aucune des implantations israéliennes. Les Palestiniens réclament depuis longtemps un retrait israélien total de la Cisjordanie comme condition à tout traité de paix.

Un nouveau projet de logement dans l’implantation de Naale en Cisjordanie, le 1er janvier 2019. (AP Photo/Ariel Schalit)

Beaucoup d’alliés de Netanyahu à droite veulent aller plus loin. Le ministre de l’Éducation, et président du parti HaYamin HaHadash, Naftali Bennett, soutient depuis au moins six ans l’annexion officielle par Israël de toutes les implantations. Aujourd’hui, de nombreux politiciens du Likud, le parti de Netanyahu, soutiennent également l’annexion, qui ferait officiellement des implantations – mais pas des villes palestiniennes – une partie intégrante d’Israël.

Donc les opposants de Netanyahu prônent-ils la création d’un État palestinien ?

Ce n’est pas clair. Benny Gantz, le principal rival de Netanyahu aux élections du mois prochain, veut un accord de paix avec les Palestiniens. Mais comme Netanyahu, il ne soutient pas l’idée d’un État palestinien.

En fait, le programme de Kakhol lavan ressemble beaucoup à la position de Netanyahu : promouvoir le développement économique, renforcer les grands blocs d’implantations et une « frontière de sécurité » dans la vallée du Jourdain, qui est à l’extrémité est de la Cisjordanie. Le programme stipule que le parti restera ouvert à un futur accord, mais exclut également un retrait unilatéral de la Cisjordanie. L’un des hauts responsables politiques de Kakhol lavan, l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, s’oppose explicitement à la création d’un État palestinien.

Cela signifie-t-il que les Israéliens ne veulent plus la paix avec les Palestiniens ?

Les Israéliens dans leur ensemble veulent toujours la paix. Mais ils ne croient pas que cela arrivera.

Une majorité d’Israéliens (57 %) souhaitent des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne, qui a la responsabilité administrative civile et sécuritaire dans certaines parties de la Cisjordanie. Mais seulement 23 % pensent que ces négociations ne mèneront nulle part, selon une enquête réalisée en décembre par l’Institut israélien de la démocratie.

Des milliers d’Israéliens ont participé à une marche organisée par le mouvement « La paix maintenant » de la place Rabin au QG de Tsahal à Tel Aviv, le 24 octobre 2015. (Crédit photo : Miriam Alster / Flash90)

Les Israéliens et les Palestiniens sont également moins favorables à la solution à deux États. En août dernier, seulement 43 % des deux populations soutenaient les États indépendants palestinien et israélien cohabitant côte à côte.

C’est « le plus bas niveau en près de deux décennies d’enquêtes conjointes palestino-israéliennes », selon les organismes qui ont mené l’enquête – l’Université de Tel Aviv et le Palestinian Center for Policy and Survey Research.

Alors, à quoi faut-il s’attendre après les élections israéliennes ?

Les Israéliens se rendront aux urnes le 9 avril. Pour l’instant, personne ne sait qui va gagner. Mais quel que soit le prochain Premier ministre israélien, il n’entrera probablement pas en fonction en soutenant explicitement un État palestinien.

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