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Etats-Unis : Un Palestinien qui devait être expulsé vers Israël a été libéré

Abdelhaleem Ashqar, qui avait été emprisonné pour avoir refusé de témoigner contre le Hamas, a été remis en liberté en Virginie

Dans cette photo du 1 février 2007, Abdelhaleem Ashqar est entouré par un caméraman alors qu'il quitte le tribunal fédéral avec sa femme à Chicago. (AP Photo/Charles Rex Arbogast)
Dans cette photo du 1 février 2007, Abdelhaleem Ashqar est entouré par un caméraman alors qu'il quitte le tribunal fédéral avec sa femme à Chicago. (AP Photo/Charles Rex Arbogast)

Un homme de Virginie du Nord dont l’expulsion vers Israël a été annulée la semaine dernière est rentré chez lui.

Patrick Taurel, avocat spécialiste de l’immigration, a affirmé qu’Abdelhaleem Ashqar était rentré chez lui à Alexandria, en Virginie, vendredi, après sa libération du centre de détention de Bowling Green.

Ashqar, qui dit craindre des tortures s’il était remis aux autorités israéliennes, a ainsi retrouvé les Etats-unis après qu’un juge a ordonné la semaine dernière aux autorités de l’immigration d’annuler son extradition et de le faire revenir d’Israël avant même qu’il ne sorte de l’avion.

Ashqar, âgé de 60 ans, vient de purger une peine de 11 ans de prison pour avoir refusé de témoigner devant un grand jury qui enquête contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Selon les documents du tribunal et des entretiens, les autorités américaines ont arrêté Ashqar la semaine dernière et l’ont extradé en vitesse sur un vol charter après lui avoir fait croire qu’il devait se présenter à un bureau d’immigration pour remplir des papiers.

Jeudi, Ashqar était pourtant de retour aux Etats-Unis. Il a été détenu dans un centre de détention à Bowling Green alors que son affaire attend d’être jugée à la 4e chambre d’appel du tribunal de Richmond.

L’annulation de dernière minute a suivi une audience tardive dans la nuit par un tribunal fédéral où le juge a demandé à l’avion transportant Ashqar de faire demi-tour.

Au final, l’avion a atterri en Israël, et des responsables américains ont affirmé qu’ils avaient l’intention de s’arranger afin de le remettre aux autorités palestiniennes.

Mais les extraditions vers le territoire palestinien doivent passer par Israël, a déclaré son avocat. Alors Israël pourrait soit intercepter et interroger Ashqar avant de le remettre aux Palestiniens, ou les Palestiniens pourraient simplement remettre Ashqar aux Israéliens, a déclaré Taurel.

Dans cette photo du 16 février 2004, Abdelhaleem Ashqar, à gauche, avec sa femme Asma, à droite, rencontre des journalistes au Club National de Presse à Washington afin d’annoncer sa candidature à la présidence de l’Autorité palestinienne.
(AP/Pablo Martinez Monsivais)

Ashqar, qui est né an Cisjordanie et a immigré aux Etats-Unis en 1989 avec un visa temporaire pour étudier à l’université du Mississippi, fait état d’une crainte crédible d’être torturé aux mains d’Israël, a déclaré Taurel. Ashqar a dit avoir été emprisonné et frappé par des interrogateurs israéliens dans les années 1980 après avoir manifesté contre le contrôle militaire israélien de la Cisjordanie.

En 2005, il s’est présenté pour succéder à Yasser Arafat en tant que président de l’Autorité palestinienne, alors qu’il était confiné à son domicile en assignation à résidence le temps d’attendre son procès. Il a fini quatrième sur sept candidats.

Après l’audience, le juge américain Judge T.S. Ellis III a publié une décision de justice dans laquelle il a noté qu’il n’avait aucune autorité pour intervenir dans l’extradition. Il a cependant déclaré qu’il était préoccupé du fait que les autorités de l’Immigration et de Douanes (ICE) n’ont pas exécuté cette expulsion dans les règles. L’ordre d’extradition d’Ashqar spécifiait qu’il soit expulsé vers la Jordanie, ainsi Ellis a interdit aux officiels de l’immigration de remettre Ashqar aux autorités israéliennes en chemin.

En faisant cela, il a écrit dans une note de bas de page que sa décision « ne doit pas être interprétée comme une décision acceptant l’affirmation d’Ashqar qu’il a été torturé par des officiels israéliens dans le passé et qu’il a une crainte crédible d’être torturé ».

Des officiels de l’ICE ont publié un communiqué samedi déclarant que le bureau avait totalement respecté l’ordre d’Ellis. La déclaration précisait que les officiers ont ramené Ashqar aux Etats-Unis jeudi parce qu’ils « avaient l’interdiction de procéder à l’extradition si Ashqar était remis aux autorités israéliennes ».

Le Bureau du procureur américain pour le district est de la Virginie, qui défend les actions du gouvernement, a refusé de commenter la décision samedi.

Taurel a déclaré que les autorités ne pouvaient pas expulser Ashqar en Jordanie parce que les Jordaniens ne l’accepteront pas. En effet, Taurel a déclaré que des compte-rendus d’une des procédures judiciaires d’Ashqar montrent que la secrétaire de l’époque au Département de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, avait directement soulevé la question auprès de ses homologues jordaniens, mais sans résultat.

Sur cette photographie du 22 octobre 2018, des agents de l’Autorité des l’immigration et des douanes entourent et arrêtent une personne lors d’un raid à Richmond, en Virginie. (AP Photo/Steve Helber)

Taurel a exprimé sa frustration sur la manière dont s’est déroulée l’extradition. Il a affirmé que les agents de l’ICE procèdent souvent à des extraditions surprises quand les gens se rendent aux bureaux de l’immigration pour des contrôles de routine. Mais il a dit que c’était la première fois qu’un client était extradé après avoir reçu des garanties explicites que cela n’aurait pas lieu.

La famille d’Ashqar a déclaré qu’ils l’ont accompagné au bureau d’immigration de Fairfax mardi quand il a été extradé. Sa femme, Asmaa, a déclaré que des agents l’ont assurée que tout allait bien même quand il l’ont embarqué avec des menottes. Elle a dit qu’elle a attendu quatre heures avant qu’un agent ne vienne l’informer que son mari avait été extradé et qu’il se dirigeait vers Israël.

« C’est comme dans un film. C’est incroyable », a-t-elle dit.

Après avoir purgé sa peine de prison, Ashqar a passé 18 mois supplémentaires dans un centre d’immigration alors que des officiels cherchaient à l’extrader. Il a finalement été libéré en décembre après que des avocats ont réussi à parvenir à des recours afin de le faire sortir de prison. Lors des cinq mois où il a été libre, Asmaa a affirmé qu’il « ne voulait pas quitter la maison. Il voulait juste rester à la maison avec nous ».

Le fils d’Asqar, Ahmad Mohammed, a comparé l’expulsion de son père à un enlèvement. Il a affirmé que sa famille avait pu parler avec lui au téléphone après son retour aux Etats-Unis.

« Il tient le coup, a-t-il dit. Il pense plus à nous qu’il ne pense à lui-même. »

Le Hamas a publié un communiqué la semaine dernière pour condamner l’extradition et qu’il tenait les Etats-Unis pour responsables de son traitement.

Le communiqué notait qu’Ashqar « est une icône nationale qui est connu pour son sens du nationalisme et pour sa loyauté envers son peuple. Bien sûr, tout le peuple palestinien est fier de lui ».

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