Européennes : le FPÖ, fondé par d’anciens nazis, s’impose en Autriche
Le parti d'extrême droite, créé dans les années 1950, signe sa première victoire dans un scrutin national

Le parti d’extrême droite FPÖ est arrivé en tête à l’issue des élections européennes dimanche en Autriche, signant sa première victoire dans un scrutin national.
Il a recueilli 25,7 % des voix, selon des résultats quasi complets publiés par les médias dans la soirée.
Suivent de près les conservateurs de l’ÖVP (24,7 %), actuellement au gouvernement, puis les sociaux-démocrates du SPÖ (23,2 %). Les Verts affichent un score de 10,7 %.
Laminé après le retentissant scandale de corruption de l’Ibizagate, le Parti autrichien de la Liberté (FPÖ) n’avait décroché que trois sièges au Parlement européen à l’issue du scrutin de 2019, un chiffre qui devrait doubler dans le nouvel hémicycle.
Il a depuis remonté la pente sous la houlette d’un chef radical, Herbert Kickl.
« Les électeurs ont écrit une page d’histoire », a-t-il salué devant ses partisans réunis à Vienne. Avec la « volonté d’ouvrir une nouvelle ère politique en Autriche et en Europe ».

Arrivé à la présidence du parti en 2021, M. Kickl a su reconquérir les électeurs, notamment grâce à son discours « anti-vaccins » en pleine pandémie de Covid-19, dans un pays déchiré par les strictes mesures sanitaires qui sont allées jusqu’au confinement des non-vaccinés.
Sur la guerre en Ukraine, le tribun de 55 ans défend la « neutralité » de l’Autriche, fustigeant le soutien accordé à l’Ukraine et les sanctions de l’UE contre Moscou.
Pendant la campagne, le parti a placardé des affiches montrant la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen étreignant le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Après ce succès aux européennes, le FPÖ espère remporter les législatives prévues fin septembre, sans garantie cependant de trouver des partenaires pour gouverner.
Herbert Kickl a appelé dimanche à aller plus loin et évoqué « cette nouvelle étape qu’est la chancellerie fédérale ». « Ce pays a besoin d’un chef de gouvernement FPÖ », a-t-il lancé, alors que seuls les médias autrichiens avaient été autorisés à couvrir la soirée électorale.
L’ambiance était moins à la fête du côté des conservateurs, dont le score a chuté de 10 points comparé à 2019, même si le parti pouvait se féliciter d’avoir décroché la deuxième place.

Le chancelier conservateur Karl Nehammer a dit entendre « le message » lancé par les électeurs, promettant de regagner leur confiance en durcissant notamment la lutte contre « l’immigration illégale ».
L’Autriche connaît une extrême droite implantée politiquement depuis les années 1980.
C’est dans ce pays qu’elle a été associée au pouvoir au niveau national, pour la première fois au sein de l’Union européenne, en 2000 : 250 000 personnes avaient alors protesté dans la rue contre le succès de Jörg Haider.
Le FPÖ, fondé dans les années 1950 par d’anciens nazis, a de nouveau gouverné entre 2017 et 2019, toujours en coalition avec les conservateurs.
Au total, 6,4 millions de personnes pouvaient voter dans le pays alpin, qui dispose de 20 sièges dans le Parlement européen de 720 élus.