Évacuation de l’avant-poste de Netiv Haavot avant sa démolition
15 maisons construites illégalement en Cisjordanie vont être démolies sur ordre de la Cour, qui a statué que les maisons étaient construites sur des terres palestiniennes privées
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

La police a entamé l’évacuation de 15 constructions illégales dans l’avant-poste de Netiv Haavot en Cisjordanie.
Près de 2 500 agents de la police des frontières ont été déployés pour garantir que la démolition, ordonnée par la cour, se déroule pacifiquement.
Des agents de la police israélienne, non-armées, en chemise bleue, ont procédé à l’évacuation des familles.
Les deux premières maisons ont été évacuées sans encombre. Les familles en sont sorties de leur plein gré. Les parents ont enlacé leurs enfants alors qu’ils empruntaient une navette qui les a conduits jusqu’au préfabriqué dans lequel ils logeront, sur une colline voisine.
Les familles ont été accompagnées par des sympathisants.
Les officiers ont encerclé l’avant-poste, un quartier de l’implantation d’Elazar, situé dans le Gush Etzion, au sud de Jérusalem.
Quelques heures plus tôt, des centaines de jeunes des communautés voisines du Gush Etzion ont également afflué pour protester contre la démolition.
Trois jeunes ont été arrêtés après s’être battus avec des policiers, selon les premières informations depuis Netiv Haavot.
Les 15 logements qui doivent être démolis ont été ornés de bannières qui dénoncent « l’absurdité » de la décision de la Haute cour, qui a statué que les maisons étaient construites sur des terres palestiniennes privées. Les résidents contestent cette décision, qu’ils estiment rendue par une cour « de gauche » pas intéressée par un compromis.
« J’habite à Netiv Haavot depuis 15 ans, et dans cette maison depuis 9 ans », a confié Matan Yechezkely au Times of Israel mardi. « Avant ça, je vivais dans une caravane. Tous mes enfants sont nés ici. C’est un jour sombre pour le système judiciaire israélien. C’est un jour sombre pour notre gouvernement de droite, qui n’a pas été capable d’empêcher cela. Il ne peut pas faire son travail. »
« C’est inacceptable que la cour décide de démolir des maisons à cause de 40 centimètres qui n’appartiennent à personne », a-t-il dit, en référence à certaines maisons qui doivent être rasées sur ordre de la cour, après qu’il s’est avéré qu’elles ont été partiellement construites sur une parcelle de terre n’appartenant pas à l’Etat.
« C’est vrai que 350 unités de logement seront construites ici, mais nous devons tirer des conclusions de l’absurdité [de ce qui se passe] ici », a dit Yechezkely.

Les résidents de Netiv Haavot ont appelé d’autres Israéliens à les rejoindre pour assister à l’évacuation, mais ont exhorté les jeunes manifestants à éviter d’avoir recours à la violence contre la police.
La semaine dernière, les familles de l’avant-poste se sont engagées auprès du Commandement du Centre de l’armée israélienne à ce qu’il n’y ait pas de violences durant la démolition mais que dans deux des maisons, des manifestants soient autorisés à « résister pacifiquement ». L’accord signifie probablement que la police devra traîner les manifestants un par un pour les extraire des maisons.
La démolition de mardi survient 21 mois après que la Haute cour de justice a statué que 17 constructions du quartiers avaient été bâties sur une terre n’appartenant pas à l’état, et avait ordonné leur démolition avant le 8 mars 2018.
Deux des structures, un magasin de bois et un monument à la mémoire de deux soldats israéliens tués au Liban, ont été démolis l’an dernier.

Les 15 constructions résidentielles devaient être rasées en mars mais la Cour suprême a accordé un délai supplémentaire de trois mois pour préparer un logement temporaire pour les résidents évacués.
En février, le cabinet a approuvé une proposition consistant à légaliser le reste de Netiv Haavot. Il s’agit de 20 logements supplémentaires dans l’avant-poste, qui ont également été construits illégalement mais qui ne sont pas situés sur une terre privée palestinienne, mais sur des terrains qu’Israël a déclaré comme appartenant à l’Etat. Les résidents ont l’intention d’utiliser l’autorisation du gouvernement sur un projet de construction officiel pour autoriser la construction de 350 logements supplémentaires dans le quartier.
Un groupe de sept Palestiniens a revendiqué la propriété du terrain sur lequel Netiv Haavot a été construit en 2001, insistant sur le fait qu’ils ont été expulsés par les résidents. Après une longue bataille juridique, la cour a statué en leur faveur et ordonné la démolition.
Une autre audience est attendue dans les prochains moins. Dans l’éventualité d’une victoire pour les Palestiniens, les résidents de Netiv Haavot seront dans l’impossibilité de concrétiser leur projet de légalisation et d’expansion du quartier, qui, selon les plaignants (palestiniens), a également été construit sur un terrain leur appartenant.

Bien que les maisons aient été construites illégalement, le cabinet a approuvé en février une compensation pour les 15 familles évacuées, et le ministère des Finances versera près de 60 millions de shekels au conseil régional du Goush Etzion, le représentant de l’implantation d’Elazar, où est situé Netiv Haavot.
Près de la moitié de ces fonds – 29 millions de shekels – seront consacrés à la construction de logements temporaires au sommet d’une colline voisine où les familles vivront dès mardi soir.
Les 24 millions supplémentaires, soit 1,6 million par famille, reviendront à chaque famille pour les indemniser de la démolition de leur maison.