Ex-grand rabbin séfarade : Même les Haredim « bons à rien » doivent être exemptés
Selon Yitzhak Yosef, la présence de soldates, d'officières et de blasphématrices au sein de Tsahal justifie que les ultra-orthodoxes ne soient pas enrôlés au sein de Tsahal
Dans un enregistrement rendu public mercredi par la chaîne publique Kann, on peut entendre l’ancien leader séfarade déclarer que tous les hommes ultra-orthodoxes – ou Haredim – devraient être exemptés de l’enrôlement militaire obligatoire, même ceux qui n’étudient pas à temps plein dans une yeshiva.
« Tous les érudits [fils de la Torah] sont dispensés d’aller à l’armée, même s’ils sont des bons à rien et n’étudient pas », a déclaré le rabbin Yitzhak Yosef. « Il y a des soldates, des officières et des blasphématrices. Il y a des choses terribles là-bas – n’y allez pas, un point c’est tout. »
Cette interdiction déclarée fait suite à la mise en garde du ministère des Finances contre la conscription des Haredim dans l’armée, estimant qu’elle compromettrait les efforts déployés pour les intégrer sur le marché du travail.
Le 9 juillet, le ministre de la Défense Yoav Gallant a annoncé que Tsahal commencerait le processus de conscription des hommes ultra-orthodoxes à partir du mois d’août, « conformément aux capacités d’absorption et de sélection [de Tsahal], et après avoir achevé un important processus d’affinement des données existantes sur les recrues potentielles ».
L’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël (MQG) a déposé un recours auprès de la Cour suprême de justice pour obtenir qu’elle ordonne au gouvernement et à l’armée de procéder sans délai à la conscription de 63 000 ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva, tout en accusant Tsahal de ne pas tenir compte de la décision de la Cour.
En juin, la Haute Cour de justice avait statué que le gouvernement était obligé d’enrôler les étudiants en yeshiva pour le service militaire, car tous les cadres juridiques permettant de les exempter avaient expiré. Bien que la Cour n’ait pas précisé comment et quand les étudiants haredim devraient être enrôlés, la procureure générale a appelé le gouvernement à « agir immédiatement » pour entamer le processus d’enrôlement de quelque 4 800 étudiants pour l’année de service 2024.
Dans un rapport sur l’impact économique du recrutement des Haredim dans l’armée, le ministère des Finances a indiqué que l’accent mis sur la conscription de la population masculine ultra-orthodoxe active risquait d’avoir un impact négatif sur leur intégration dans le marché du travail à l’avenir, étant donné la crainte de se retrouver dans le groupe de personnes identifiées comme ayant besoin d’être recrutées.
Au lieu de cela, le ministère des Finances a exhorté Tsahal à créer des critères clairs et transparents pour le recrutement de jeunes hommes ultra-orthodoxes qui répondront aux besoins de l’armée et n’affecteront pas leur comportement.
Par ailleurs, le ministère des Finances a calculé que le recrutement de 1 000 ultra-orthodoxes au sein d’unités de combattants permettrait d’économiser 10 à 14 jours de réserve par an et par personne, soit une économie de 1,3 milliard de shekels par an.
Les dirigeants religieux et politiques haredim s’opposent avec véhémence à tout effort de conscription des étudiants ordinaires en yeshivot qui se consacrent à l’étude de la religion.
La question du recrutement des ultra-orthodoxes est l’une des plus clivantes au sein de la société israélienne.
Alors que de nombreux Juifs ultra-orthodoxes estiment que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie et craignent de voir ceux qui s’enrôlent se séculariser, de nombreux Israéliens laïcs qui effectuent leur service militaire estiment que les exemptions générales accordées depuis des dizaines d’années leur font supporter le fardeau de manière injuste. Ce sentiment s’est grandement renforcé depuis le début de la guerre, au cours de laquelle plus de 320 soldats ont été tués sur les différents fronts israéliens et plus de 300 000 citoyens ont été rappelés au service de réserve.