2 chanteurs ne participeront plus au rallye pour le soldat de Hébron
David D'or et Eyal Golan préfèrent finalement rester en dehors d'un événement trop politisé
Deux des stars de la pop israélienne qui devaient participer à un rassemblement de soutien pour le soldat de Tsahal qui a abattu un assaillant palestinien désarmé à Hébron le mois dernier ont annulé leurs performances au vu de la nature hautement politisée de l’événement controversé.
Officiellement, David D’or a déclaré qu’il s’est retiré de la manifestation prévue mardi sur la place Rabin à Tel-Aviv à cause d’un problème d’emploi du temps. Mais dans une interview à la Deuxième chaine lundi matin, il a souligné son désir d’éviter l’ « orientation politique claire » de l’évènement.
« Cet incident a été amplifié de manière disproportionnée, à mon avis, » a-t-il dit à la chaîne de télévision. « Je ne suis pas une personne engagée politiquement et m’étiqueter comme appartenant à une certaine idéologie n’est pas pertinent ».
« Je n’ai pas réalisé que l’événement avait une orientation politique si claire », a déclaré D’Or. « Je voulais juste exprimer de l’empathie pour la famille du soldat. Ce n’était pas une déclaration contre l’armée ou le chef d’état-major. Je crois en notre système judiciaire ».
Plus tard, ce lundi, le chanteur Eyal Golan a annoncé qu’il manquerait égalment le rallye, invoquant des raisons similaires.
« Je ne voudrais jamais aller à l’encontre du chef d’état-major, un homme que j’admire beaucoup, ou de l’armée israélienne, qui est l’armée de notre peuple», a-t-il écrit dans un post Facebook.
« Il est regrettable que certaines personnes aient fait de cela un débat sur les valeurs et la démocratie, quand tout ce que je voulais faire était chanter et montrer mon soutien en tant qu’artiste, » a dit Golan. « Je suis déçu que mon annonce ait été traînée dans l’arène politique, comme si j’avais en quelque sorte déclaré la guerre à l’armée israélienne. Je tiens notre démocratie, la primauté du droit et l’armée israélienne pour des valeurs suprêmes « .
Le rassemblement prévu – qui devrait attirer foule – aura lieu un jour après l’inculpation du soldat pour homicide involontaire pour avoir tiré sur Abdel Fattah al-Sharif dans la tête le 24 mars dernier.
Les poursuites judiciaires contre le soldat sont à l’origine d’une controverse politique majeure en Israël, certains politiciens de droite et la famille du soldat affirmant qu’il est «lynché» par les médias. Pendant ce temps, des milliers de personnes ont manifesté pour son soutien, demandant sa libération par Tsahal.
Le soldat a été filmé tirant dans la tête de Sharif, 21 ans, le 24 mars, quelques minutes après que Sharif et un autre assaillant aient poignardé et légèrement blessé un autre soldat à Tel Rumeida, une enclave israélienne d’Hébron. Les deux assaillants ont été tués – le premier a été tué par un officier de l’armée au cours de leur attaque, tandis que Sharif a été blessé.
Le soldat affirme qu’il croyait que Sharif portait une ceinture explosive et qu’il lui a tiré dessus par crainte qu’il puisse l’activer. Les procureurs militaires ont déclaré que le comportement du soldat au vu de la scène n’indiquait pas une telle préoccupation.
Le soldat, qui a tiré et tué Sharif environ 10 minutes après que celui-ci ait déjà été neutralisé et désarmé, a été arrêté par la police militaire de Tsahal mais a été libéré de prison en détention surveillée sur une base de l’armée, au milieu d’une controverse politique concernant ses actions et la réponse de l’armée.
Le Procureur Adam Riegler a dit à la cour la semaine dernière que l’armée avait recueilli suffisamment de preuves pour accuser le soldat d’homicide involontaire, selon le site internet de nouvelles Ynet.
Cependant, les partisans du soldat accusent l’armée de l’abandonner en l’arrêtant et en le plaçant sous enquête.
L’annonce de la manifestation de mardi a attiré la colère de plusieurs députés, certains s’interrogeant sur les dommages qu’un tel rassemblement peut causer à l’armée.
La députée Tzipi Livni (Union sioniste) a déclaré dimanche : « nous vivons dans un pays où nous ne traînons pas les gens sur la place publique et nous ne les acquittons pas dans un tribunal de rue. La Justice se fera dans une salle d’audience ».
Attaquant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est resté plutôt silencieux sur la question après avoir tout d’abord condamné le meurtre, elle a ajouté : « Ce dont Israël a besoin n’est pas d’un groupe d’artistes qui chanteront ce que le public veut entendre mais d’un leader qui se dresse face à eux et soutienne l’armée israélienne, ses commandants, son éthique et le système judiciaire « .
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.