Fin des émeutes à la frontière jusqu’en mars, assurent les groupes gazaouïs
Les rassemblements prévus ce vendredi seront les derniers jusqu'au 30 mars 2020, a fait savoir Talal Abu Zarifa, membre de la commission de la Marche du retour
Jeudi, la commission responsable de l’organisation des manifestations hebdomadaires à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, qui tournent quasiment toujours à l’émeute, a annoncé que celles-ci seraient moins fréquentes en 2020.
La Haute Commission pour la Marche du retour et la levée du siège, qui inclut des représentants des groupes terroristes et des partis politiques basés à Gaza, a fait savoir dans un communiqué que des manifestations auraient lieu « de façon mensuelle, mais aussi dès que nous devrons rassembler des masses et lors d’événements nationaux importants », à partir du 30 mars 2020.
Les manifestations qui doivent avoir lieu ce vendredi seront les dernières jusqu’au 30 mars 2020, a déclaré Talal Abu Zarifa, un membre de la commission, à l’AFP.
« Nous, à la Haute Commission pour la Marche du retour et la levée du siège, prenons cette décision et incarnons la responsabilité nationale », a fait savoir la commission dans un communiqué. « A travers cette [décision], nous affirmons le rôle de leader courageux et responsable de la commission ».
Yusri Darwish, un membre de la Haute Commission, a lu le communiqué aux journalistes réunis dans la ville de Gaza.
Des Gazaouïs participent à des manifestations le long de la frontière la plupart des vendredis depuis le 30 mars 2018, exigeant qu’Israël lève ses restrictions de mouvement des personnes et des biens devant entrer et sortir de l’enclave côtière et appelant au retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants dans des terres faisant aujourd’hui partie de l’État juif.
Les manifestants ont souvent eu recours à la violence, notamment en lançant des explosifs, des pierres et des bombes incendiaires sur les soldats israéliens, mais aussi de tentatives d’assaut ou d’endommagement de la barrière de sécurité. Les militaires de Tsahal ont souvent riposté par des tirs à balles réelles, en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Plus de 200 Palestiniens ont été tués lors de ces émeutes, et des milliers ont été blessés.
Les officiels israéliens affirment que les restrictions de mouvement sont en place pour empêcher le Hamas et d’autres groupes terroristes d’importer des armes dans la bande de Gaza. Ils estiment également que le retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants détruirait le caractère juif d’Israël.
L’annonce de jeudi intervient après que le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, s’est rendu en Égypte début décembre pour discuter avec le général égyptien des services de renseignement.
L’Égypte est un acteur clef dans la négociation d’accords de cessez-le-feu non officiels entre Israël et des groupes terroristes à Gaza, dont le Hamas.
Selon les accords, Israël devait lever certaines restrictions de mouvement des biens et de personnes pour entrer et sortir de Gaza, en échange d’un calme relatif maintenu par le Hamas dans la zone frontalière entre l’enclave côtière et l’État juif.
La déclaration de jeudi intervient après qu’une source anonyme à la Haute Commission a déclaré au journal pro-Hezbollah al-Akhbar à la mi-novembre que la commission menait des négociations sur « la diminution des marches à une fois par mois ou lors d’occasions nationales ».
D’après Talal Okal, un analyste basé à Gaza, la Haute Commission a décidé de réduire la fréquence des manifestations pour l’année prochaine étant donné que les négociations entre Israël et le Hamas progressaient.
« Les accords avancent. Tant que c’est bien le cas et que l’on obtient une plus grande stabilité, le Hamas et d’autres partis ne voient pas de grand intérêt à ces manifestations », a-t-il expliqué lors d’un appel téléphonique.
Et d’ajouter : « Mais ils ne veulent pas les arrêter totalement parce qu’ils ne font pas confiance à Israël pour qu’il applique l’accord sur le long-terme. En choisissant de ne pas tout arrêter, ils ont encore un outil à disposition qu’ils peuvent utiliser pour renforcer la pression sur Israël si cela leur semble nécessaire ».