Fitch place Israël sous surveillance face au risque d’escalade à Gaza
L'agence met en garde contre le risque accru d'un conflit armé majeur, si le Hezbollah et l'Iran se mobilisent, ce qui pourrait faire baisser la note d'Israël, aujourd'hui A+
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le shekel a poursuivi sa chute et les actions à Tel-Aviv ont dévissé, mercredi, après que l’agence de notation Fitch a placé la note de crédit d’Israël (A+) sous surveillance négative, évoquant un risque accru d’escalade majeure avec le groupe terroriste du Hamas, susceptible d’entraîner une dégradation de la note.
« Le risque que d’autres acteurs hostiles à Israël, comme l’Iran ou le Hezbollah, interviennent et fassent de ce conflit une guerre à grande échelle a considérablement augmenté, comme en témoignent les échanges réguliers à la frontière israélo-libanaise et les déclarations de hauts responsables iraniens et du Hezbollah », a expliqué l’agence Fitch mardi soir.
« Une telle escalade vers un conflit à grande échelle pourrait entraîner, au-delà des seules pertes humaines, d’importantes dépenses militaires, la destruction des infrastructures, un changement durable dans le moral des ménages et des investisseurs et ainsi conduire à une forte détérioration des paramètres de crédit d’Israël ».
Cette semaine, pour la première fois depuis 2015, la monnaie israélienne a franchi la barre des 4 shekels pour un dollar, alors qu’Israël est en guerre contre un Hamas dont quelque 2 500 terroristes ont franchi la frontière fortifiée de Gaza, le 7 octobre dernier, pour assassiner quelque 1 400 personnes – essentiellement des civils, bébés, enfants et personnes âgées compris -. Beaucoup ont été assassinés chez eux et 260 ont été massacrés lors d’un festival de musique en plein air.
Les terroristes ont également fait 199 otages de tous âges, qu’ils ont conduits dans la bande de Gaza. Ils ont depuis tiré plus de 5 000 roquettes sur des villes israéliennes.
Israël a riposté au moyen de frappes aériennes à grande échelle sur des cibles du Hamas et se prépare à une incursion terrestre à Gaza. Les autorités israéliennes ont fait savoir que ses forces ont tué quelque 1 500 terroristes en territoire israélien.
Dans son rapport, Fitch explique qu’une guerre plus large et plus longue avec davantage d’acteurs pourrait conduire à une « ponction budgétaire soutenue, à la fois en raison de l’augmentation des dépenses et de la baisse des recettes fiscales, ainsi que de la perte en capital humain et matériel et des graves perturbations économiques induites ».
En l’état actuel du conflit, et à supposer qu’il demeure circonscrit à Gaza, l’économie d’Israël est suffisamment résiliente pour résister aux répercussions négatives, estime Fitch.
« En Israël, la combinaison d’une économie dynamique et à forte valeur ajoutée, résiliente face aux conflits régionaux, bien préparée aux confrontations militaires, solide sur le plan budgétaire et forte de réserves de liquidités rend peu probable le risque qu’un conflit relativement bref et confiné à Gaza affecte la note d’Israël ».
Cette note A+ n’est pas la plus élevée de la classification de Fitch – l’échelle de l’agence s’étend de AAA à D. Une note « A » témoigne d’une qualité de crédit élevée, d’un faible risque de défaut et d’une forte capacité à honorer ses engagements financiers, mais d’une certaine vulnérabilité à des conditions commerciales ou économiques défavorables.
Installée à New York et à Londres, Fitch est l’une des trois principales agences de notation, avec Moody’s Investors Service et Standard & Poor’s.
Dans une information rendue publique le 11 octobre dernier, l’agence Moody’s a indiqué que l’économie israélienne, qui, selon elle, a jusqu’ici fait preuve de résilience face aux attaques terroristes et opérations militaires, pourrait être mise en difficulté dans les semaines à venir.
« Un conflit prolongé de nature à entraver durablement et de manière significative l’activité économique et la mise en oeuvre des politiques publiques pourrait mettre cette résilience à l’épreuve », a expliqué Moody’s. « L’impact de ce conflit sur le risque de crédit dans les secteurs public, financier et des entreprises dépendra donc de son ampleur et de sa durée, qui sont loin d’être clairs à l’heure actuelle. »
« Le conflit pourrait également avoir des conséquences macro-économiques mondiales », conclut le rapport.