Floride : Des Palestiniens poursuivent Joseph Abruzzo pour l’achat de 700 M de $ en obligations israéliennes
Joseph Abruzzo, qui a investi 15 % des fonds du comté de Palm Beach en obligations israéliennes, est accusé d'imprudence avec les deniers publics pour soutenir Israël
Un groupe d’Américains d’origine palestinienne a porté plainte contre un responsable du gouvernement local, en Floride, pour avoir investi plus de 700 millions de dollars de fonds publics dans des obligations israéliennes – qui permettent de financer la guerre d’Israël contre l’organisation terroriste du Hamas, à Gaza.
Chargé des investissements pour le comté de Palm Beach, Joseph Abruzzo a en effet investi près de 15 % des fonds du comté dans ces obligations, ce qui fait de lui le plus gros acheteur de la dette israélienne de par le monde depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, au cours de laquelle des terroristes ont tué près de 1 200 personnes et fait 252 otages, ce qui a déclenché le conflit actuel.
Les investissements d’Abruzzo et son soutien franc à Israël lui ont valu les éloges de nombreux membres de l’importante communauté juive du comté de Palm Beach.
Les plaignants reprochent à Abruzzo d’avoir enfreint les lois de l’État et du comté qui exigent des autorités d’éviter les investissements risqués et d’administrer les fonds publics sans considérations idéologiques. Abruzzo n’aurait pas tenu compte des mises en garde relatives à la capacité d’Israël à rembourser ses dettes, emporté par ses sympathies pro-israéliennes, peut-on lire dans la plainte.
Abruzzo a nié ces accusations, expliquant que le fait d’investir dans des obligations est non seulement légal mais s’est d’ores et déjà avéré avantageux, avec la perception de 172 millions de dollars d’intérêts qui sont allés enrichir les caisses du comté.
« Cette plainte sera rapidement rejetée », a-t-il expliqué dans une déclaration écrite. « Le comté de Palm Beach dispose d’un portefeuille solide et diversifié, conçu pour protéger les intérêts des contribuables. »
La plainte a été déposée devant le tribunal d’État du comté de Palm Beach, le 15 mai dernier, soit deux semaines après la parution dans la Jewish Telegraphic Agency d’un article consacré aux investissements d’Abruzzo dans lequel deux experts en finances municipales soulignaient que le fait de concentrer une grande partie de l’argent des contribuables sur un type d’investissement était pour le moins inhabituel, pour ne pas dire risqué. La plainte se réfère d’ailleurs littéralement au reportage de la JTA.
Traditionnellement vendues aux Juifs de la diaspora pour soutenir Israël, ces obligations peuvent être acquises par tout type d’investisseur et de nombreuses institutions financières se sont portées acquéreuses ces dernières années.
Abruzzo est l’un des nombreux responsables de l’État et des collectivités locales á avoir acheté avec enthousiasme ces obligations, ces tout derniers mois, pour témoigner de leur soutien à la cause israélienne.
Selon Israel Bonds, le service gouvernemental chargé de la dette, plus de 3 milliards de dollars d’obligations se sont vendues depuis le 7 octobre dernier, trois fois plus que le montant annuel habituel.
Cette bonne performance s’explique également par les rendements obligataires israéliens, supérieurs à ceux des bons du Trésor américain, comme par de récentes lois, dans plusieurs États, qui permettent aux autorités locales d’acheter de la dette israélienne alors que d’autres investissements étrangers sont prohibés.
Cette plainte est intentée par trois résidents palestino-américains du comté de Palm Beach. Ils ont déposé leur plainte sous couvert d’anonymat en demandant au tribunal de les autoriser à procéder ainsi, de crainte de harcèlement ou de représailles envers les membres de leur famille encore à Gaza.
L’un des plaignants dit avoir perdu 37 membres de sa famille lors des combats à Gaza. Il « souffre de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression depuis qu’il sait que l’argent des impôts de son comté contribue significativement au génocide à Gaza et met en danger ses proches », peut-on lire dans la plainte.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 35 000 personnes ont été tuées dans les combats ou sont présumées mortes dans la bande de Gaza, là où les hôpitaux évoquent 24 000 décès.
Le bilan, qui ne peut être vérifié de manière indépendante, comprend quelque 15 000 terroristes dont Israël revendique la mort lors des combats, auxquels s’ajoutent un millier de terroristes tués sur le sol israélien dans la journée du 7 octobre.
Le système judiciaire américain est le point de mire des partisans, de part et d’autre de ce conflit, qui y voient un moyen d’action.
Ainsi, plusieurs universités ont intenté des poursuites pour discrimination contre les étudiants juifs ou pro-palestiniens dans le cadre de la gestion par les établissements des manifestations étudiantes liées à la guerre.