Foi comme motif de refus de soigner : L’Association médicale israélienne riposte
L'IMA a diffusé des publicités affirmant que les médecins ne feront jamais de discrimination à l'encontre des patients, comme l'a suggéré la ministre Orit Strouk

Le principal syndicat de médecins en Israël a lancé une campagne publicitaire nationale pour s’opposer à ce qu’il considère comme une attaque d’une ministre du gouvernement contre l’éthique médicale.
En réponse aux commentaires très controversés du mois dernier d’Orit Strouk, ministre des Missions nationales, affiliée au parti d’extrême droite, l’Association médicale israélienne (IMA) a placé des publicités à la télévision et à la radio soulignant que les médecins ne feront jamais de discrimination dans les soins qu’ils prodiguent.
La campagne publicitaire de deux jours a été programmée pour coïncider avec la Journée des médecins, mercredi, une occasion annuelle au cours de laquelle de nombreux Israéliens remercient leurs médecins par des cartes et des messages sur les réseaux sociaux.
Strouk a provoqué une vive émotion le mois dernier, peu avant sa nomination à son poste de ministre, lorsqu’elle a déclaré que les médecins devraient être autorisés à refuser de fournir des traitements contraires à leur foi religieuse, du moment qu’un autre médecin est disposé à fournir le même traitement. Son parti, HaTzionout HaDatit, comme indiqué dans son accord de coalition avec le Likud, a proposé une législation qui permettrait potentiellement aux prestataires de services de refuser un service s’il est en contradiction avec leurs croyances religieuses.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté la position de Strouk, mais le vice-président de l’IMA, le Dr Zeev Feldman, a déclaré que son organisation avait décidé d’intervenir publiquement parce qu’elle craignait que ses commentaires puissent influencer la politique du gouvernement ou le discours national.
Le Dr Feldman a déclaré qu’il pensait que la position de Strouk pourrait permettre aux médecins de refuser toute une série de traitements, notamment les traitements de fertilité pour les femmes non mariées, les avortements et les soins spécialisés pour les Israéliens LBGTQ.

« Notre campagne indique très clairement que cela ne peut pas arriver », a-t-il déclaré au Times of Israel mercredi. « Nous tiendrons fermement le serment que nous avons tous prêté, et traiterons chaque personne au mieux de ses capacités, indépendamment de sa race, de son sexe et de tout autre facteur. »
S’exprimant le mois dernier, Strouk a proclamé que « si on demande à un médecin de donner un type de traitement à quelqu’un qui viole sa foi religieuse, s’il y a un autre médecin qui peut le faire, alors on ne peut pas le forcer à fournir le traitement », a-t-elle déclaré à la radio publique Kan. L’élue a affirmé que parfois la foi religieuse est « piétinée » dans le contexte des règles anti-discrimination.
Mais Feldman a déclaré que la communauté médicale est presque « unanime » sur le fait que l’éthique médicale repose sur le fait que l’identité et les choix de vie du patient ne doivent jamais dissuader un médecin de lui fournir le meilleur niveau de soins ».
« Le système de santé israélien a la réputation, dont nous sommes fiers, de traiter tout le monde de manière égale », a déclaré Feldman. « Les médecins juifs et arabes travaillent ensemble dans un système qui ne discrimine personne, et cela doit rester ainsi. »
Feldman a ajouté que les travailleurs de la santé sont « un îlot de bon sens et de professionnalisme dans une société turbulente et nous voulons le garder libre de toute interférence basée sur des agendas politiques et garder l’accent sur les patients. »
Les spécialistes israéliens des problèmes d’éthique médicale affirment que l’égalité de traitement n’est pas négociable. Shimon Glick, ancien médiateur du ministère de la Santé et professeur émérite à l’Université Ben-Gurion, a déclaré qu’il ne voulait pas parler spécifiquement de Strouk, mais a déclaré mercredi que « les médecins du monde occidental ont la responsabilité de traiter tout le monde, point final, et l’attitude juive est également de cet ordre. »

Il a précisé que cela ne se limite pas aux procédures de survie, mais inclut une gamme complète de services médicaux. Il a donné l’exemple d’une clinique de fertilité, qui propose des FIV, en précisant qu’un médecin y travaillant n’aurait aucune raison de refuser de traiter une femme non mariée en raison de sa conviction personnelle que les enfants doivent naître de parents mariés.
Glick, qui est orthodoxe, est réputé pour son expertise en matière d’éthique médicale juive et est le père de l’ancien législateur de droite du Likud, Yehuda Glick. Il a déclaré au Times of Israel qu' »une personne peut ne pas être d’accord avec l’homosexualité, par exemple, mais en tant que médecin, elle a l’obligation de traiter cette personne comme elle traite tout le monde ».
Jeremy Sharon a contribué à cet article.