France: 2 maires priés de retirer des délibérations sur le terroriste Barghouthi
L'épouse du terroriste doit être "reçue officiellement en mairie" de Vandoeuvre-lès-Nancy samedi avant de se rendre à une exposition sur la Palestine
Le préfet de Meurthe-et-Moselle a demandé aux communes de Vandoeuvre-lès-Nancy et Villerupt de retirer deux délibérations relatives au terroriste palestinien incarcéré Marwan Barghouthi, considérées comme contraires au principe de neutralité des services publics et hors du champ de compétence communal, a indiqué mercredi la préfecture.
Dans un courrier, la préfecture a demandé au maire (Front de gauche) de Villerupt, Alain Casoni, « de retirer la délibération du 9 octobre 2017 (décernant le titre de citoyen d’honneur de la ville de Villerupt à Marwan Barghouthi, NDLR) et de procéder à l’enlèvement (de son portrait) affiché sur la façade de l’Hôtel de ville ».
« Le préfet mésestime de façon grave un article de la Constitution française qui dit qu’une collectivité s’administre librement », a réagi auprès de l’AFP M. Casoni, « étonné de cette réaction tardive ».
« Le combat que mène M. Barghouthi pour la libération du peuple palestinien mérite d’être reconnu et soutenu au niveau international », a ajouté M. Casoni, précisant que sa commune « depuis des décennies, a pris l’habitude de faire citoyen d’honneur un certain nombre de personnalités ».
Un même courrier prie la commune de Vandoeuvre-lès-Nancy de retirer « un voeu ayant pour objet de demander la libération de Marwan Barghouthi, la reprise des négociations en vue d’aboutir à une paix durable à travers une solution à deux Etats dans les frontières de 1967 et le respect des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies », adopté lundi par le conseil municipal.
« Si les villes ne peuvent pas faire ça, c’est une atteinte à la démocratie, à l’expression de la population », a regretté le maire socialiste Stéphane Hablot, tout en ayant conscience dans le même temps que « Marwan Barghouthi est un personnage controversé ».
Barghouthi est l’ancien chef de l’aile armée Tanzim du Fatah et a été condamné en Israël pour avoir fondé la brigade des martyrs d’Al-Aqsa, un autre groupe terroriste du Fatah.
Il purge actuellement cinq peines de prison à vie dans un centre d’incarcération israélien pour avoir ourdi des attentats terroristes au cours de la Seconde intifada au début des années 2000.
Barghouthi est resté très actif au niveau politique derrière les barreaux, et est souvent désigné comme l’un des quelques successeurs probables du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Au mois d’avril, Barghouthi avait lancé une grève de la faim pour obtenir de meilleures conditions pour les prisonniers mais également, selon les experts, pour faire la démonstration de son pouvoir et de son autorité politiques.
Cette motion contrevient au code général des collectivités territoriales et « porte atteinte au principe de neutralité des services publics et est de nature à porter atteinte à l’ordre public », est-il écrit.
« M. Barghouthi (a) été condamné en Israël à la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtres et tentatives de meurtres », a rappelé la préfecture.
Début juin, le tribunal administratif de Nancy avait annulé une délibération de la ville, datant de novembre 2016, accordant le titre de citoyen d’honneur au terroriste palestinien.
L’épouse de M. Barghouthi doit être « reçue officiellement en mairie » de Vandoeuvre-lès-Nancy samedi avant de se rendre à une exposition sur la Palestine, a précisé le maire.