France : 436 actes antisémites signalés en 2022, moins qu’en 2021
53 % de ces actes "portent atteinte à des personnes" et 10 % sont des "agressions physiques violentes", indique le CRIF
Les actes antisémites ont été en 2022 au nombre de 436, contre 589 l’année précédente, selon un décompte rendu public mercredi par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), soit une baisse de 26 %, à « relativiser » cependant, indique l’organisation.
Dans un communiqué, le CRIF fait état du rapport annuel publié ce mercredi par le Service de protection de la communauté juive (SPCJ, organisation privée qui a pour vocation la protection de la vie juive), émanation des principales institutions juives. Ce rapport a été réalisé « avec le ministère de l’Intérieur », dit le groupe.
« En 2022, le ministère de l’Intérieur et le SPCJ ont recensé 436 actes antisémites » ayant fait l’objet d’une plainte ou d’un signalement à la police, écrit le CRIF. « 53 % » de ces actes « portent atteinte à des personnes » et « 10 % sont des agressions physiques violentes ».
Interrogée par l’AFP, la place Beauvau n’a pas confirmé ces statistiques. Les chiffres du ministère doivent être publiés ultérieurement.
En outre, selon le CRIF, « 61 % des actes antireligieux portant atteinte aux personnes sont dirigés contre des Juifs ».
Communiqué du Crif – Persistance des actes antisemitismes en 2022 @Yonathan_Arfi : "Nous avons la responsabilité d’identifier et de combattre les formes traditionnelles de l’antisémitisme comme ses formes contemporaines". ⤵️https://t.co/jRGLTkwVtr
— CRIF (@Le_CRIF) January 25, 2023
« Evidemment, une baisse est une bonne nouvelle, mais c’est à relativiser », a commenté le président du CRIF, Yonathan Arfi, auprès de l’AFP.
Notamment parce qu’il ne s’agit « que des chiffres enregistrés en commissariat », ou parce que « les actes les plus graves restent à un niveau élevé ». Ou encore parce que cela « ne reflète pas (…) la réalité de l’antisémitisme sur Internet ».
« On reste sur un plateau élevé, du même ordre que ces 20 dernières années, a ajouté M. Arfi, pour qui l’antisémitisme continue « de prendre différents visages et notamment ceux de l’islamisme, du complotisme et de la haine d’Israël ».
Selon le CRIF, le SPCF a également mené « une étude (…) sur la réponse pénale apportée aux agressions physiques antisémites commises de 2015 à 2019 ». Il en ressort que « 63 % des affaires d’agressions antisémites ont été classées sans suite » et que « dans seulement 24 % des affaires les agresseurs ont été condamnés ».
"Le niveau de préjugés antisémites est 2x plus élevé dans l'électorat d'extrême droite, d'extrême gauche et des Français qui s'identifient comme musulmans"
???? @Yonathan_Arfi, président @Le_CRIF, sur les 436 actes antisémites recensés en 2022 pic.twitter.com/vBZlz2k7Qi
— Telematin (@telematin) January 26, 2023
En septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était félicité d’un recul de « 25 % » du nombre des actes antisémites recensés en France au premier semestre 2022 par rapport aux six premiers mois de 2021.
En 2021, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur, il y avait eu au total « 1 659 actes antireligieux » en France, soit 857 actes antichrétiens, 589 actes antisémites et 213 actes antimusulmans.
Dans un communiqué distinct, l’UEJF a parlé d’une « baisse en trompe-l’oeil » et demandé que « le combat » contre l’antisémitisme soit « une priorité des pouvoirs publics ».
Vitrine politique de la première population juive d’Europe (environ 500 000 personnes), le CRIF rassemble quelque 70 associations, telles que le Fonds social juif unifié ou l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Lundi dernier, son président a rencontré Emmanuel Macron, pour « discuter de l’antisémitisme contemporain (islamisme, complotisme, antisionisme…), du poids politique inédit de LFI et du RN, des relations France-Israël et des défis internationaux ».