France : Chevènement conseille la « discrétion » aux musulmans
L'ancien ministre est pressenti pour diriger la Fondation pour l'islam de France à condition que 'l'islam de France dépende d'un argent collecté en France'
L’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour diriger la Fondation pour l’islam de France, estime que les musulmans « doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté » mais leur conseille la « discrétion » dans l’espace public « dans cette période difficile », dans un entretien publié lundi.
« Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté », estime M. Chevènement, dans une interview parue dans le quotidien Le Parisien. Mais « le conseil que je donne dans cette période difficile – comme le recteur de la mosquée de Bordeaux – est celui de discrétion », poursuit-il, alors que les polémiques se succèdent en France autour du port du voile et désormais du burkini, une tenue de bain couvrant tout le corps.
Plusieurs attentats jihadistes sanglants ont frappé la France depuis 18 mois, et le pays connaît un regain de tensions à l’encontre de la communauté musulmane, la première d’Europe.
Longtemps membre du Parti socialiste au pouvoir, Jean-Pierre Chevènement a été ministre de la Défense (1988-1991) et de l’Intérieur (1997-2000), avant de se présenter à la présidentielle de 2002. Souverainiste, il est opposé à une organisation fédéraliste de l’Union européenne et défend une politique sécuritaire ferme.
Début août, le président François Hollande avait évoqué son nom pour prendre la tête de la nouvelle Fondation pour l’islam de France. Mais cette possible nomination d’un non-musulman avait été critiquée.
Le président Hollande avait souligné la nécessité pour cette fondation, créée en 2005 mais paralysée par des dissensions internes, d’exercer un contrôle notamment sur le financement de la construction des lieux de culte musulmans.
Relancer la fondation est « une bonne réponse à la poussée du terrorisme », estime Chevènement, répétant son intention de ne pas « s’y dérober ». Début août, il avait annoncé à l’AFP qu’il se prononcerait officiellement à la rentrée.
Chevènement a indiqué poser comme « condition » à son acceptation « que les financements étrangers soient prohibés afin que tout se passe dans la plus grande transparence et que l’islam de France dépende d’un argent collecté en France. »