France : la justice saisit des propriétés de l’oncle d’Assad
Un haras, des hôtels particuliers et des bureaux appartenant à Rifaat el-Assad auraient été acquis par des détournements de fonds publics
La justice française a saisi un haras, des hôtels particuliers et des bureaux appartenant à Rifaat el-Assad, l’oncle du président syrien Bachar el-Assad, soupçonné de les avoir acquis grâce à des détournements de fonds publics, a appris l’AFP vendredi de source proche du dossier.
Frère de l’ancien président syrien Hafez al-Assad, qui l’avait écarté du pouvoir dans les années 1980, Rifaat el-Assad, 78 ans, partage sa vie entre la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne.
Le 9 juin, il a été inculpé par la justice française dans le cadre d’une enquête ouverte après une plainte de l’association Sherpa, partie civile dans plusieurs dossiers de « biens mal acquis ».
Les enquêteurs ont évalué à environ 90 millions d’euros le patrimoine détenu en France par cet ancien vice-président de Syrie et sa famille, au travers de sociétés, dont certaines installées au Luxembourg.
Entendu une première fois en 2015, Rifaat al-Assad avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d’Arabie saoudite dans les années 80. Mais, selon la justice, il n’a fourni qu’un justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984.
Un ancien ministre syrien des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, lui aussi résidant en France, a déclaré aux enquêteurs que Hafez el-Assad avait fait verser à son frère quelque 300 millions de dollars en 1984 pour s’en débarrasser, dont 200 venaient des frais de la présidence et 100 d’un prêt libyen.
De « fausses accusations » qui « émanent exclusivement des opposants politiques historiques » de leur client, avaient rétorqué les avocats de Rifaat el-Assad lors de l’annonce de son inculpation.
Le 8 juillet, la justice a ordonné la saisie d’une longue liste de ses biens : un haras en région parisienne évalué à 7 millions d’euros, deux hôtels particuliers et plusieurs autres biens immobiliers à Paris et un ensemble de bureaux à Lyon, estimés à 12,3 millions d’euros, a indiqué la source proche du dossier à l’AFP.
Aux yeux du juge, les saisies sont nécessaires pour éviter que les biens ne soient vendus, privant la possibilité de les confisquer en cas de condamnation, a expliqué cette source.