France : Le sénateur Roger Karoutchi déplore le soutien de la France à la CPI
"Ne mettez pas sur le même plan un État démocratique avec des instances élues et une organisation terroriste qui a assassiné", a-t-il déclaré au ministre Stéphane Séjourné
Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains, a interrogé mercredi 22 mai le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné au Sénat à propos d’un communiqué du Quai d’Orsay en soutien à la Cour pénale internationale après que son procureur, Karim Khan, a réclamé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, le ministre israélien de la Défense, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas.
« Monsieur le ministre. À force d’en même temps, plus personne ne vous entend. À l’ONU – alors c’est vrai que cette organisation, le ‘machin’ comme disait de Gaulle, a beaucoup évolué : il y a un comité des droits de l’Homme présidé par l’Iran, un comité des droits de la femme présidé par l’Arabie saoudite, un comité de décolonisation dont le rapporteur est le représentant de la Syrie de Bachar Al Assad, ce comité qui demande régulièrement d’ailleurs l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie… Le secrétaire général a demandé une minute de silence pour le boucher de Téhéran [Ebrahim Raïssi]. Ma foi, l’ambassadeur de France y a participé volontiers, visiblement », a déploré le sénateur.
« Vous dites que, au niveau protocolaire, on a présenté les condoléances de la France, franchement, il y a des messages qu’on entend plus ou moins : que pensent les femmes iraniennes ? Que pense l’opposition démocratique iranienne ? Que pensent tous ces jeunes iraniens de ce que vous faites ? Franchement, la France étant obséquieuse avec l’obscurantisme, c’est non. »
« Et la France, c’est aussi la voix de la démocratie. Alors vous me dites que le communiqué du quai d’Orsay sur la demande du procureur à la CPI est un communiqué ‘institutionnel’, mais alors il ne fallait pas le faire », a-t-il poursuivi.
Cour pénale internationale | Demande de mandats d’arrêts par le Procureur auprès de la CPI.
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— France Diplomatie???????????????? (@francediplo) May 20, 2024
« Si c’est juste pour dire que la France respecte l’indépendance de la CPI, ça n’avait aucune utilité. On espère que c’est le cas tout le temps, pas juste ce soir-là, pas juste par un communiqué à minuit et quart. Franchement, vous aviez honte de ce communiqué ? Il fallait le faire nuitamment ? Alors, ne mettez pas sur le même plan – quels que soient les commentaires des uns et des autres sur le gouvernement de Netanyahu – un État démocratique avec des instances élues et une organisation terroriste qui a assassiné », a-t-il conclu.
Dans le même temps, le patron des Républicains, Eric Ciotti, a lui indiqué que la Cour pénale internationale « s’est définitivement décrédibilisée » avec un mandat d’arrêt requis contre Benjamin Netanyahu, et que la France devrait la quitter.
Le président du Sénat Gérard Larcher a lui qualifié « d’outrageuses » les demandes de son procureur.
Karim Khan, le procureur de la juridiction basée à La Haye, a requis la semaine dernière des mandats d’arrêt à l’encontre du chef de gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que son ministre de la Défense Yoav Gallant, visés au même titre que les trois plus hauts chefs du Hamas – Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif, Yahya Sinouar.