Ciotti souhaite que la France quitte la CPI, Larcher juge « outrageuses » les demandes du procureur
"Est-ce qu'elle attaque l'ayatollah Khamenei en Iran ? Est-ce qu'elle attaque M. Erdogan ? Est-ce qu'elle attaque Xi Jinping ? Enfin, où est-on là ? C'est ridicule," a déclaré le chef LR
La Cour pénale internationale « s’est définitivement décrédibilisée » avec un mandat d’arrêt requis contre Benjamin Netanyahu et la France doit la quitter, a déclaré mercredi le patron des Républicains Eric Ciotti, tandis que le président du Sénat Gérard Larcher a qualifié « d’outrageuses » les demandes de son procureur.
« Je crois que la CPI s’est définitivement décrédibilisée, qu’elle n’existera plus », a déclaré M. Ciotti sur BFMTV et RMC, jugeant « ridicule » de « mettre en accusation le Premier ministre d’un Etat démocratique qui se défend de la pire attaque terroriste qui ait jamais eu lieu ».
Le procureur de la juridiction basée à La Haye a requis des mandats d’arrêt à l’encontre du chef de gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que son ministre de la Défense Yoav Gallant, visés au même titre que les trois plus hauts chefs du Hamas – Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif, Yahya Sinouar.
Ce qui revient pour M. Ciotti à « mettre sur le même plan des terroristes immondes, des islamistes », qui ont « les mêmes racines que ceux qui ont attaqué le Bataclan et la promenade des Anglais à Nice ».
???? "Je crois que la Cour pénale internationale s'est définitivement décrédibilisée"
Éric Ciotti (@ECiotti) réagit à la demande de mandats d'arrêt de la CPI contre Benjamin Netanyahu pic.twitter.com/w41gmkPPCP
— RMC (@RMCInfo) May 22, 2024
Le député des Alpes-Maritimes a déploré que l’on « donne du crédit à des institutions politisées ».
Quitte à sortir de la CPI ? « Oui, absolument, elle s’est décrédibilisée », a-t-il répondu, avant de lancer : « Est-ce qu’elle attaque l’ayatollah Khamenei en Iran ? Est-ce qu’elle attaque M. Erdogan ? Est-ce qu’elle attaque Xi Jinping ? Enfin, où est-on là ? C’est ridicule ».
Le président LR du Sénat Gérard Larcher, qui recevait dans la matinée le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz ainsi que plusieurs familles d’otages, a déclaré que « mettre sur le même plan un gouvernement démocratique et des terroristes » était « une comparaison outrageuse et outrageante ».
« Il faut faire attention à ce que ne se retrouvent pas sur le même banc ceux qui sont responsables d’assassinats et ceux qui ont été les victimes. C’est ma conception de la justice et je ne souhaite pas qu’elle s’égare », a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse après cette visite ministérielle.
Le sujet divise depuis lundi la classe politique française : d’un côté la droite, l’extrême droite et ensuite le camp présidentiel se sont émus d’une décision traçant un « parallèle » ou une « équivalence » entre Israël et le Hamas, placés « sur un pied d’égalité »; de l’autre la gauche s’est réjouie de l’action d’une CPI « dans son rôle » – en particulier pour le mandat demandé pour Netanyahu.
Roger Karoutchi, sénateur LR, a lui interrogé mercredi après-midi Stéphane Séjourné au Sénat à propos d’un communiqué du Quai d’Orsay en soutien à la Cour pénale internationale après que son procureur, Karim Khan, a réclamé des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens.
« Internationalement, la parole de la France a toujours été contre l’obscurantisme et pour la démocratie. Avez-vous le sentiment que c’est toujours le cas aujourd’hui ? », a-t-il demandé, devant le Sénat.
« C’est vrai que l’ONU a beaucoup évolué. Il y a un comité des droits de l’Homme présidé par l’Iran, un comité des droits de la femme présidé par l’Arabie saoudite, un comité de décolonisation dont le rapporteur est le représentant de la Syrie de Bachar Al Assad, ce comité qui demande régulièrement d’ailleurs l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie », a-t-il ironisé.
« Si c’est juste pour dire que la France respecte l’indépendance de la CPI, ça n’avait aucune utilité. On espère que c’est le cas tout le temps […] Quels que soient les commentaires des uns et des autres sur le gouvernement de Netanyahu, ne mettez pas sur le même plan un État démocratique avec des instances élues et une organisation terroriste qui a assassiné », a-t-il conclu.
« Défendre la Cour pénale internationale, ce n’est pas défendre des méthodes déloyales du parquet qui affaiblissent la Cour », a quant à lui réagi François Zimeray, ancien ambassadeur de France pour les droits de l’Homme. « Ce n’est pas traiter sur le même plan une organisation criminelle qui agresse et une démocratie qui se défend, même si elle peut commettre de graves fautes en le faisant. La Cour aurait dû mettre en cause le Hamas dès que les preuves étaient réunies, c’est-à-dire très vite après le 7 octobre. Je suis bien placé pour savoir que le parquet a toutes les preuves en main depuis plusieurs mois, puisque nous les lui avons fournies. »
« Quant à la justice israélienne, elle aurait dû être interrogée sur les enquêtes en cours. Cela n’a pas été fait », a-t-il ajouté. « Encore une fois, personne n’est au-dessus des lois, pas plus Israël que quiconque, mais orchestrer les poursuites pour présenter un tableau de chasse avec, sur le même plan, le Premier ministre d’Israël et les chefs d’une organisation terroriste est une faute morale autant que la violation des principes essentiels de neutralité et de loyauté. La justice internationale, qui reste un grand projet, et, dans une large mesure une idée française, méritait mieux que cela. »
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