Israël en guerre - Jour 594

Rechercher

Frappes israéliennes en Syrie : Macron dénonce une « mauvaise pratique »

Selon le président français, ces frappes ne garantiront pas "dans la durée la sécurité d’Israël"

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) salue le président intérimaire syrien Ahmed al-Sharaa à son arrivée pour leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) salue le président intérimaire syrien Ahmed al-Sharaa à son arrivée pour leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)

Le président français Emmanuel Macron a qualifié de « mauvaise pratique » jeudi les frappes israéliennes en Syrie, jugeant qu’elles ne garantiront pas « dans la durée la sécurité d’Israël ».

« Pour ce qui est des bombardements, des incursions, je pense que c’est une mauvaise pratique. On n’assure pas la sécurité de son pays en violant l’intégrité territoriale de ses voisins », a dit mercredi M. Macron, lors d’une conférence de presse commune avec le président syrien Ahmad al-Chareh à l’Elysée.

Al-Chareh a confirmé que Damas menait des discussions indirectes avec Israël, par l’intermédiaire de médiateurs, dans le but « d’apaiser les tensions et d’éviter que la situation ne devienne incontrôlable pour l’ensemble des parties concernées ».

Le chef de l’État syrien a également indiqué que son gouvernement sollicitait les pays entretenant des relations avec Israël afin qu’ils exercent des pressions sur Jérusalem, pour qu’elle mette un terme à ce qu’il qualifie d’« interventions et attaques de Tsahal en Syrie ».

Plus tôt dans la journée, l’agence Reuters avait révélé que des discussions indirectes étaient en cours entre Israël et la Syrie, sous médiation des Émirats arabes unis, et qu’elles portaient sur des questions d’ordre technique.

En février, les nouvelles autorités syriennes avaient demandé le retrait d’Israël du territoire syrien lors d’entretiens avec le chef de la force d’observation des Nations unies, ont rapporté les médias d’État.

Lors d’une réunion entre Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, avec les ministres syriens des Affaires étrangères et de la Défense, « il avait été confirmé que la Syrie était prête à coopérer pleinement avec les Nations unies », a déclaré l’agence de presse officielle SANA.

La Syrie est également prête à redéployer des forces sur le Golan, conformément à un accord de 1974 établissant une zone tampon, « à condition que les troupes israéliennes se retirent immédiatement », a ajouté SANA.

Israël a repris la majeure partie du Golan sur la Syrie au cours de la Guerre des Six Jours de 1967, avant laquelle plusieurs armées arabes avaient planifié une invasion d’Israël. Jérusalem a annexé la région en 1981, une décision qui n’a été reconnue que par les États-Unis. La zone tampon contrôlée par l’ONU était destinée à séparer les forces israéliennes et syriennes.

Les forces loyales au gouvernement Assad ont abandonné leurs positions dans le sud de la Syrie avant même que les groupes rebelles islamistes n’atteignent Damas, ce qui a conduit le Premier ministre Benjamin Netanyahu à déclarer qu’il y avait un « vide à la frontière d’Israël ».

L’ONU considère que la prise de contrôle de la zone tampon par Israël constitue une violation de l’accord de désengagement de 1974. Israël affirme que l’accord est tombé en désuétude car l’une des parties n’est plus en mesure de le mettre en œuvre.

Des soldats américains patrouillent sur l’autoroute M4 dans la ville de Tal Tamr, dans la province de Hasakah, au nord-est de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, le 24 janvier 2020. (Crédit : Delil SOULEIMAN / AFP)

Macron a par ailleurs appelé les Etats-Unis à « se précipiter pour lever des sanctions » contre la Syrie, « avec des exigences », et à « maintenir » ses opérations militaires contre le groupe Etat islamique dans le pays.

« L’intérêt de tous, y compris l’intérêt des Américains, est aujourd’hui (…) plutôt d’agir pour nous accompagner dans la levée des sanctions à l’égard du peuple syrien », et « de tarder au maximum pour le retrait de ces forces en Syrie », a dit le président français.

Macron a exhorté son homologue syrien à protéger « tous les Syriens sans exception » mais a justifié la venue en France de ce dirigeant au passé de jihadiste, vivement critiquée par une partie de la classe politique française.

Le président al-Chareh a longtemps dirigé le groupe armé Hayat Tahrir al-Sham issu de l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie. Il a tenu à se démarquer des « actes terroristes », notamment de ceux menés en France par des jihadistes passés en Syrie.

Mais à ce titre, l’invitation faite par Macron a été critiquée par la droite et l’extrême droite françaises.

« Stupeur et consternation », a réagi la chef du Rassemblement national Marine Le Pen. « On ne reçoit pas des dirigeants qui sont d’anciens terroristes membres d’organisations qui veulent attaquer la France », a également affirmé le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez.

Sur cette photo d’archives prise le 1er février 2019, le président de la droite de droite Les Republicains (LR), Laurent Wauquiez, prononce un discours lors d’une réunion publique à Belfort, dans l’est de la France. (Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP)

Des « postures à des fins politiciennes pour parler à des électorats », a balayé le président français.

« Ce que je vois, c’est qu’il y a un dirigeant qui est en place. Il a mis fin à un régime que nous avions condamné, combattu, dont nous connaissons la responsabilité et il est prêt à s’engager. Les premiers actes ont conduit à des résultats », a-t-il ajouté, estimant qu’Ahmad al-Chareh était « lucide ».

Plusieurs dizaines de membres des minorités religieuses syriennes ont d’ailleurs manifesté mercredi la place de la République, à Paris, sous le drapeau syrien.

« Jolani dégage ! Dégage de France, dégage de Syrie ! », ont crié les manifestants issus des communautés alaouites, druzes, chrétiennes ou encore sunnites, en utilisant l’ex-nom de guerre d’Ahmad al-Chareh.

A ses côtés lors d’une rare conférence de presse conjointe, après un entretien de plus de deux heures, Emmanuel Macron lui a demandé de « tout mettre en œuvre pour assurer la protection de tous les Syriens sans exception, quelles que soient leur origine, leur religion, leur confession, leurs opinions ».

Il lui a aussi dit qu’il devait « s’assurer que les auteurs » des récentes violences soient « poursuivis et jugés ». Il a même plaidé pour que l’Union européenne « sanctionne systématiquement les auteurs de ces crimes qui ont profondément choqué tous les amis de la Syrie ».

Des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l’ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG ont soulevé des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

Et ce alors même que la coalition islamiste tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale qui l’exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités.

La sécurité des Syriens est « la première priorité », a assuré Ahmad al-Chareh à l’Elysée.

Il a aussi martelé qu’il n’y aurait « pas de place pour les confrontations confessionnelles » en Syrie, et a estimé avoir « prouvé » être « un partenaire fiable pour la lutte contre le terrorisme ».

Une image du président syrien Bashar el-Assad, criblé de balles, est vue sur la façade du bureau du gouvernement provincial au lendemain de la prise de contrôle de Hama par l’opposition, en Syrie, le 6 décembre 2024. (Crédit : Omar Albam/AP)

En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l’économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile, avec, selon l’ONU, 90% des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.

« Rien ne justifie qu’elles soient maintenues », a lancé le président syrien.

Emmanuel Macron a abondé dans son sens : il a plaidé pour une « levée des sanctions » économiques européennes dès juin, et a appelé les Etats-Unis à en faire autant, quitte à refaire le point régulièrement pour voir si Damas tient ses engagements.

Auparavant, le dirigeant syrien avait rencontré l’homme qui avait été à l’origine de milliers de photos de corps suppliciés dans des centres de détention syriens sous le règne de Bachar al-Assad. Aujourd’hui installé en France, Farid al-Mazhan, alias César, avait témoigné devant une commission du Congrès américain, et ses photos ont inspiré une loi américaine adoptée en 2020 – la loi César -, instaurant des sanctions économiques contre le régime syrien.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.