Tirs de Houthis sur une école de Ramat Gan pendant des frappes israéliennes au Yémen
L'armée de l'air se préparait à cette frappe depuis plusieurs semaines, selon des sources militaires, et les avions étaient déjà en route pour le Yémen lorsque les Houthis ont lancé leur missile en direction d'Israël
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a mené une série de lourdes frappes aériennes visant la capitale du Yémen tenue par les rebelles et une ville portuaire jeudi, en tout début de matinée, dans le cadre d’une opération programmée qui a coïncidé avec le tir d’un missile par les Houthis en direction du centre d’Israël.
Personne n’a été blessé par le missile balistique qui, selon Tsahal, a été partiellement intercepté par le système de défense antimissile à longue portée Arrow alors qu’il se trouvait encore à l’extérieur de l’espace aérien israélien. Toutefois, l’ogive n’a pas explosé en l’air et elle s’est écrasée sur une école vide dans la ville de Ramat Gan, sans faire de blessés. Il s’agit du deuxième missile à avoir été tiré depuis le Yémen cette semaine. Il y a également eu une frappe au drone.
Les sirènes ont retenti à Tel Aviv, Holon, Rishon Lezion, Petah Tikva, Ramat Gan, Herzliya et dans de nombreuses régions environnantes, y compris dans plusieurs implantations du nord de la Cisjordanie.
Le projectile a activé les sirènes en raison des inquiétudes entraînées par la chute de débris issus de l’interception, des débris qui ont provoqué d’importants dégâts dans une école de Ramat Gan, en banlieue de Tel Aviv, où un bâtiment abritant une école s’est effondré. Des millions de personnes ont été dans l’obligation de trouver refuge dans les abris antiaériens, a précisé Tsahal.
Le service d’ambulance Magen David Adom a déclaré que ses équipes avaient soigné cinq personnes légèrement blessées alors qu’elles couraient pour se mettre à l’abri pendant les sirènes à Tel Aviv, Petah Tikvah, Kfar Saba, Holon et au carrefour d’Em Hamoshavot. Les blessés ont été transportés à l’hôpital pour y être soignés, a indiqué MDA dans un communiqué.
Selon une enquête préliminaire menée par l’armée, le missile a probablement été partiellement intercepté, l’ogive intacte ayant causé d’importants dégâts.
Le ministre de l’Education Yoav Kisch s’est rendu jeudi matin sur le site de l’école de Ramat Gan. Il a indiqué que les élèves ont été temporairement transférés dans une école voisine, où ils resteront pendant les deux prochaines semaines avant de retourner dans un bâtiment nouvellement construit, qui avait déjà été achevé avant la frappe.
Des voitures en stationnement, dans la ville, ont aussi été touchées par ces débris.
Le maire de Modiin, Haïm Bibas, a déclaré que des éclats d’obus, provenant apparemment de missiles d’interception de l’armée israélienne, étaient également tombés à deux endroits dans le centre de la ville, causant des dégâts mineurs, mais sans faire de blessés.
Les sirènes n’ont pas retenti dans la ville pendant l’attaque, et Bibas a déclaré qu’il était en contact avec le commandement du Front intérieur de l’armée israélienne pour en comprendre la raison.
Les Houthis du Yémen ont revendiqué jeudi matin le tir de deux missiles.
« Deux cibles militaires israéliennes dans la région de Yafa (nom arabe de Jaffa)ont été visées par deux missiles balistiques hypersoniques de type Palestine 2 », a déclaré le porte-parole Yahya al-Saree.
Les ports des Houthis paralysés
Selon un communiqué des militaires, des dizaines d’avions de l’armée de l’air israélienne qui ont participé aux frappes au Yémen – qui ont été menées peu après le lancement du missile – notamment des avions de chasse, des avions de ravitaillement et des avions de surveillance, une mission qui s’est déroulée à environ 2 000 kilomètres d’Israël. Des « cibles militaires » des Houthis ont été pilonnées dans le port de Hodeidah – qu’Israël avait déjà bombardé à deux reprises – et, pour la première fois, il y a eu des bombardements dans la capitale de Sanaa qui est tenue par les rebelles.
Les avions ont touché des remorqueurs utilisés pour amener les navires au port et des centrales électriques dans la capitale.
L’armée de l’air se préparait à cette frappe depuis plusieurs semaines, selon des sources militaires, et les avions étaient déjà en route pour le Yémen lorsque les Houthis ont lancé leur missile en direction d’Israël.
Des sources militaires israéliennes ont déclaré que les frappes au Yémen visaient à paralyser les trois ports utilisés par les Houthis, un groupe rebelle qui est soutenu par l’Iran, sur la côte du pays.
Tous les remorqueurs utilisés pour amener les navires dans les ports ont été bombardés lors de cette attaque israélienne, ainsi que les centrales électriques.
Lors de la précédente frappe effectuée par l’armée sur le port de Hodeida, les grues utilisées pour décharger les cargaisons avaient été touchées.
Israël estime désormais que toutes les activités, dans les ports contrôlés par les Houthis, sont paralysées, selon des sources.
שיגור הטיל מתימן: חלקי יירוט נפלו במחוז תל אביב. לא דווח על נפגעים אך נגרם נזק לרכוש | תיעוד @hadasgrinberg https://t.co/cVRwivMzXq pic.twitter.com/SxeXhCviZa
— כאן חדשות (@kann_news) December 19, 2024
Peu après le tir de missile des Houthis, la chaîne par satellite du groupe rebelle, al-Masirah, a évoqué des frappes à Sanaa et dans la province de Hodeida, sur la côte. Certaines ont visé des centrales électriques de la capitale ainsi que le terminal pétrolier de Ras Isa, sur la mer Rouge, a noté la chaîne.
Ces frappes ont tué neuf personnes, selon la chaîne.
Une vidéo non-vérifiée qui a été diffusée sur les réseaux sociaux a dit montrer les suites directes de l’attaque, avec des bâtiments en flammes.
Breaking: New FAFO sighting from Israeli airstrikes in Houthi-controlled Sana'a, Hodeidah and Ras Isa Port pic.twitter.com/IKtPm1YaXo
— Eitan Fischberger (@EFischberger) December 19, 2024
C’est la première fois que les avions israéliens pilonnent des cibles à Sanaa et c’est la troisième fois qu’ils interviennent au Yémen en réponse à des attaques des Houthis. Au mois de juillet, par exemple, un drone tiré par les Houthis avait entraîné la mort d’un civil à Tel Aviv.
Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a confirmé que parmi les cibles touchées par les « frappes de précision » de l’armée de l’air se trouvaient « des ports et des infrastructures énergétiques ». Il a accusé les Houthis de les utiliser pour « leurs actions militaires ».
« Avec leurs attaques qui prennent pour cible les navires et qui visent les itinéraires maritimes internationaux en mer Rouge et ailleurs, les Houthis sont devenus une menace mondiale. Qui est derrière les Houthis ? L’Iran », a-t-il dit en anglais dans une déclaration filmée. Il a par ailleurs promis que l’armée « agira contre toute personne » menaçant Israël au Moyen-Orient.
⭕️ IAF fighter jets struck military targets belonging to the Houthi terrorist regime on the western coast and in inland Yemen.
Over the past year, the Houthi terrorist regime has been operating with the direction and funding of Iran, and in cooperation with Iraqi militias in… pic.twitter.com/hYNRstbhxP
— Israel Defense Forces (@IDF) December 19, 2024
Les frappes aériennes sur les cibles des Houthis au Yémen ont été menées en deux phases, selon l’armée.
Quatorze avions de chasse, ainsi que des avions de ravitaillement et des avions de surveillance, ont pris part à cette opération qui avait été programmée depuis plusieurs semaines en riposte aux attaques menées à l’encontre d’Israël par le groupe soutenu par l’Iran.
Les appareils de l’armée de l’air étaient déjà partis pour le Yémen lorsque les Houthis ont lancé un missile balistique sur Israël, aux environs de 2 heures 35 du matin. Les frappes contre le Yémen avaient été prévues pendant la nuit en raison de diverses questions d’ordre opérationnel et des initiatives prises pour obtenir un plus grand nombre de renseignements sur les cibles.
À 3 heures 15, la première vague de frappes a ainsi eu lieu le long de la côte du Yémen, touchant les ports de Hodeida, Ras Isa et Salif. Huit remorqueurs utilisés ont été détruits à cette occasion. Une deuxième série de bombardements a touché deux centrales électriques de Sanaa à 4 heures 30 du matin.
Au total, ce sont des dizaines de bombes qui ont été larguées sur les cinq cibles, a précisé l’armée.
La chaîne publique Kan a indiqué qu’Israël avait prévenu les États-Unis avant de passer à l’attaque.
Hodeida, une ville tenue par les rebelles et située à quelque 145 kilomètres au sud-ouest de Sanaa, a joué un rôle déterminant dans l’acheminement des denrées alimentaires vers le Yémen au cours de la guerre civile – une guerre qui est en cours depuis dix ans. L’Iran est aussi accusée depuis longtemps d’utiliser ce port pour le transit de ses armes – l’armée israélienne avait d’ailleurs fait référence à ce point précis dans un communiqué antérieur consacré aux attaques. En tout, des dizaines de bombes ont été larguées par les avions de chasse de l’armée de l’air sur les cinq cibles, ont noté les militaires.
« Attaquer ces cibles nuit aux terroristes en empêchant l’exploitation des infrastructures à des fins militaires et terroristes, y compris le transfert d’armes iraniennes dans la région », avait indiqué ce communiqué antérieur.
Tsahal a aussi expliqué que « avec les conseils et le financement de l’Iran », les Houthis ont agi de concert avec les milices soutenues par Téhéran au cours de ces douze dernières mois dans leurs attaques contre l’État juif, des attaques également menées « pour saper la stabilité régionale et pour perturber le transport maritime mondial ».
« Les militaires israéliens sont déterminés à continuer à agir et à frapper tous ceux qui menacent les citoyens de l’État d’Israël, quelle que soit la distance », a noté l’armée.
Les Houthis ont tiré plus de 200 missiles et 170 drones en direction d’Israël au cours des douze derniers mois. Selon l’armée israélienne, la grande majorité de ces missiles ne sont pas entrés dans l’espace aérien ou ils ont été interceptés par Tsahal et par les alliés de l’État juif qui se trouvent dans la région.
לפי הדיווחים מתימן, צה"ל תקף הלילה ארבע מטרות תשתית: נמל חודיידה, מתקן הנפט בנמל ראס עיסא מחוץ לחודיידה, ושתי תחנות כוח בבירה צנעא – תחנת דהבאן בצפון הבירה, ותחנת חזיז בדרומה. בראס עיסא יש לפחות שלושה הרוגים מבין עובדי המתקן pic.twitter.com/ruJ8Fc5lKv
— Jacky Hugi (@JackyHugi) December 19, 2024
Le ministre de la Défense Israël Katz a lancé une mise en garde aux chefs Houthis, dans la matinée de jeudi.
« Le long bras d’Israël arrivera jusqu’à vous », a-t-il dit dans un communiqué. « Ceux qui lèveront la main auront la main coupée… Ceux qui nous frappent, ils seront frappés plusieurs fois en retour ».
En plus d’Israël, les forces américaines ont également mené des attaques en série contre les Houthis depuis près d’un an en raison des attaques lancées par ces derniers contre les navires naviguant en mer Rouge. Lundi, le Commandement central de l’armée américaine a déclaré avoir frappé « une structure de commandement et de contrôle de premier plan » qui était exploitée par les Houthis à Sanaa. Il a été ultérieurement annoncé qu’il s’agissait du complexe al-Ardi, qui abritait autrefois le ministère de la Défense du gouvernement.
Les Houthis ont pris pour cible à l’aide de missiles ou de drones une centaine de navires commerciaux depuis le pogrom commis par leur allié palestinien, le groupe terroriste du Hamas, sur le sol israélien, le 7 octobre 2023 – un massacre qui a été à l’origine de la guerre actuellement en cours dans la bande de Gaza. Ils ont également tiré des missiles et des drones en direction d’Israël.
Lundi, les Houthis ont revendiqué un tir de missile qui visait, selon eux, « une cible militaire de l’ennemi israélien dans la zone occupée de Yaffa », faisant référence à la région de Tel Aviv.
Lundi également, un navire lance-missiles de la marine israélienne a intercepté un drone qui avait été lancé depuis le territoire yéménite en méditerranée, selon Tsahal.
Le 9 décembre, un drone dont le tir a été revendiqué par les Houthis a explosé au dernier étage d’un immeuble résidentiel de la ville de Yavné, dans le centre d’Israël, sans faire de victimes.
Au mois de juillet, une attaque au drone des Houthis à Tel Aviv avait entraîné la mort d’un civil israélien, amenant l’armée de l’air à attaquer en représailles le port yéménite de Hodeida.
En mer Rouge, les Houthis se sont emparés d’un navire et ils en ont coulé deux dans le cadre de leur campagne – qui a également coûté la vie à quatre marins. D’autres missiles et drones ont été interceptés par des coalitions distinctes, placées sous la direction des États-Unis et de l’Europe en mer Rouge. D’autres encore ne sont pas parvenus à atteindre leurs cibles – avec, parmi elles, des navires militaires occidentaux.
Les rebelles affirment qu’ils visent des navires liés à Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni pour obliger à mettre un terme à l’offensive israélienne en cours à Gaza, où l’armée israélienne affronte le Hamas. Toutefois, de nombreux navires attaqués n’avaient pas – ou peu – de lien avec ce conflit : certains naviguaient notamment vers l’Iran.
Les Houthis, qui s’étaient opposés à une coalition placée sous l’autorité de l’Arabie saoudite, avaient mis cette dernière dans l’impasse dans le cadre d’une guerre plus large au Yémen qui a fait plus de 150 000 morts, y-compris des civils. Le conflit a également entraîné l’une des pires catastrophes humanitaires au monde, qui aurait fait des dizaines de milliers de victimes supplémentaires.