Israël en guerre - Jour 537

Rechercher

Gallant : Israël a manqué sa plus grande opportunité en n’attaquant pas le Hezbollah en 2023

L’ex-ministre de la Défense accuse Netanyahu d’avoir tardé à frapper Gaza et au Liban, et dit qu’Israël aurait pu libérer "plus d’otages, plus tôt et à moindre coût"

L'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant parle avec Yonit Levi et Amit Segal de N12 news dans une interview diffusée le 6 février 2024. (Crédit : capture d'écran de N12 ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
L'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant parle avec Yonit Levi et Amit Segal de N12 news dans une interview diffusée le 6 février 2024. (Crédit : capture d'écran de N12 ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

Dans une interview diffusée jeudi, l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a reproché au Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir trop hésité à utiliser la force militaire contre les groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah, d’avoir entravé la conclusion d’un accord viable de libération d’otages et de cessez-le-feu en mai, et d’avoir échoué à élaborer un plan politique permettant de capitaliser sur les succès militaires à Gaza.

Le général devenu législateur a également abordé, lors de cet entretien, l’incapacité du gouvernement et de l’armée à prévenir et à réagir à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre en cours. C’est la première interview que Gallant accorde à la télévision israélienne depuis son limogeage par Netanyahu en novembre.

Gallant a plaidé pour la création d’une commission d’enquête publique afin de faire toute la lumière sur ces événements et a affirmé sa volonté de coopérer pleinement et d’accepter les conclusions qui concerneraient ses propres manquements.

Parmi les premiers sujets abordés dans l’interview accordée à la chaine N12 figure l’initiative menée en coulisses par Gallant pour lancer une attaque majeure contre le groupe terroriste chiite du Hezbollah au Liban, dès le 11 octobre 2023, soit quatre jours seulement après l’invasion du Hamas depuis la bande de Gaza et le pogrom perpétré par les terroristes du groupe dans le sud d’Israël.

L’ancien ministre de la Défense a déclaré que le refus du gouvernement de suivre ses recommandations ce jour-là a été « la plus grande occasion manquée par l’État d’Israël, sur le plan de la sécurité, depuis sa création ».

« Nous savions que de hauts responsables du Hezbollah allaient se réunir. Nous aurions pu frapper depuis les airs et éliminer [censuré] les chefs du Hezbollah, ainsi que des Iraniens, [le chef du Hezbollah Hassan] Nasrallah et tous les autres. Tout l’échelon supérieur du Hezbollah », a déclaré Gallant.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, rencontrant le ministre de la Défense Yoav Gallant, au centre, et les chefs militaires au quartier général de Tsahal, à Tel Aviv pour une évaluation de la sécurité, le 8 octobre 2023. (Crédit : GPO)

« Immédiatement après, nous aurions pu lancer une offensive contre l’ensemble du système de missiles et de roquettes, comme nous l’avons fait près d’un an plus tard, en septembre. Si ce n’est que si nous l’avions fait là, et nous aurions atteint non 70 ou 80 % de ces armes, mais 90 % ou plus, car une grande partie d’entre eux étaient encore stockée dans des entrepôts », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah aurait été anéanti

Il a également affirmé que l’opération des « bipeurs » – lorsque des milliers de dispositifs appartenant au Hezbollah ont explosé, marquant le début de l’offensive israélienne contre le groupe terroriste onze mois plus tard – était « prête bien avant la guerre » et aurait pu être exécutée en même temps que les frappes qu’il préconisait en octobre 2023.

« Le Hezbollah en tant qu’organisation militaire aurait cessé d’exister : plus de dirigeants, plus de missiles ni de roquettes, la plupart de ses membres éliminés sur le terrain », a affirmé Gallant.

Selon le ministre de la Défense évincé, lorsqu’il a présenté le plan à Netanyahu, ce dernier a insisté pour consulter les États-Unis avant toute action. C’est là, dit Gallant, qu’il a compris que l’attaque ne se concrétiserait pas.

« Conformément à sa demande, j’ai parlé avec Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis. Au bout de quelques minutes, Ron Dermer [ministre des Affaires stratégiques] s’est joint à la conversation et j’ai reçu un ‘non’ catégorique », a raconté Gallant.

« Je suis retourné voir le Premier ministre et je lui ai dit : ‘Nous devons le faire’. Il a alors désigné les bâtiments visibles par la fenêtre et m’a répondu : ‘Vous voyez ces bâtiments ? Ils seront tous détruits par les capacités restantes du Hezbollah. Lorsque nous les aurons frappés, ils raseront tout ce que vous voyez’ », a dit Gallant.

Un homme tenant un talkie-walkie portant le logo de la société japonaise Icom, après avoir retiré la batterie lors des funérailles des personnes tuées lorsque des bipeurs, distribués aux terroristes du Hezbollah, ont explosé au Liban la veille, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 18 septembre 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

S’exprimant sur la Quatorzième chaîne jeudi, une télévision (très) favorable au gouvernement, Netanyahu a défendu sa décision de bloquer la proposition de Gallant du 11 octobre, au motif que cela aurait été « une horrible erreur » d’ouvrir une guerre sur deux fronts si peu de temps après les attaques du Hamas du 7 octobre.

Le Premier ministre a également affirmé qu’en octobre 2023, seuls 150 bipeurs piégés étaient aux mains du Hezbollah, « alors que dans les mois qui ont suivi, ils se comptaient par milliers ».

Cette déclaration a suscité une réponse rapide de Gallant, qui a écrit sur X que « l’opération des bipeurs avait été préparée des années avant la guerre et qu’elle était prête à être activée le 11 octobre ».

« Contrairement à ce qui a été dit, des milliers de bipeurs étaient déjà entre les mains des terroristes au moment où j’ai proposé d’attaquer le Hezbollah », a affirmé Gallant.

Il a ajouté que si le plan avait été mis en œuvre en octobre 2023, l’impact des bipeurs aurait été secondaire par rapport aux dommages causés par les talkies-walkies, eux aussi piégés avec des explosifs.

Des dizaines de terroristes du Hezbollah ont été éliminé et des milliers d’autres blessés lors des attaques des 16 et 17 septembre, les explosions des bipeurs en ont mis beaucoup plus hors d’état de nuire que celle des talkies-walkies.

La raison en est, selon Gallant, qu’en septembre 2024, « la grande majorité des talkies-walkies se trouvaient dans des entrepôts, et leur explosion n’a causé aucun dommage ». Il a expliqué sur la chaîne N12 que ces appareils avaient été inspectés par le Hezbollah, qui avait des soupçons.

Un trou dans le sol près du site de l’élimination du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 29 septembre 2024. (Crédit : Hassan Ammar/AP)

Dans l’interview, Gallant est également revenu sur l’attaque qui a tué Hassan Nasrallah. Il a rappelé comment, avec le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, ils avaient contacté Netanyahu, alors en visite aux États-Unis, pour obtenir son autorisation avant de lancer l’opération. Après leur avoir donné le feu vert, Netanyahu leur a demandé d’attendre la fin de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU avant de passer à l’action, s’est souvenu Gallant.

« Quatre-vingt-quatre tonnes de bombes sont tombées… et Nasrallah a quitté ce monde », a-t-il déclaré.

Incursion terrestre de Gaza

Selon Gallant, l’hésitation de Netanyahu ne s’est pas limitée à l’attaque contre le Hezbollah au début du conflit. Le Premier ministre aurait également été réticent à envoyer des troupes au sol à Gaza, redoutant des pertes massives, un scénario qui, selon Gallant, ne s’est pas concrétisé.

« Avant l’opération terrestre, le Premier ministre m’a dit qu’il y aurait des milliers [de soldats] tués à Gaza. Je lui ai dit qu’il n’y aurait pas des milliers de morts et qu’au-delà de cela, à quoi sert une armée, si ce n’est pas pour intervenir après avoir vu un millier de nos concitoyens assassinés, des femmes, des enfants et des personnes âgées kidnappés et massacrés ? »

« Et puis [Netanyahu] a avancé un autre argument : ‘Ils utiliseront les otages comme des boucliers humains’ », a fait valoir Gallant.

Des soldats israéliens déplaçant un char dans une zone de rassemblement près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 15 octobre 2023. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP Photo)

« Je lui ai dit que si nous avions un point commun avec le Hamas, ces brutes sanguinaires, c’était que nous voulions tous deux protéger les otages », a expliqué Gallant, précisant que le Hamas avait besoin des otages vivants pour s’en servir comme arme contre Israël.

« Ce fut une lutte », a ajouté Gallant, en évoquant la difficulté de convaincre le gouvernement de lancer une opération terrestre. « Tout cela a pris du temps — mais au final, le chef d’état-major de Tsahal et moi-même sommes arrivés à cette décision », a-t-il affirmé.

L’accord sur la libération des otages et le « jour d’après » à Gaza

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que le gouvernement avait fait tout ce qu’il pouvait pour ramener les personnes enlevées le 7 octobre et retenues en otage à Gaza, l’ancien chef de la défense a répondu : « Je ne le pense pas ».

« Nous aurions pu ramener plus d’otages, plus tôt et à moindre coût. La proposition faite début juillet, que le Hamas avait acceptée, est identique à l’accord actuel, mais [celui-ci] est pire à plusieurs égards », a-t-il déclaré.

« Il y a moins d’otages en vie, je suis désolé de le dire, plus de temps s’est écoulé, et nous payons un prix plus élevé – parce qu’il y a au moins 110 assassins de plus qui seront libérés dans ce processus. »

Le ministre de la Défense Yoav Gallant rencontrant les familles des Israéliens retenus en otage à Gaza par des terroristes palestiniens, le 5 novembre 2023. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

Interrogé sur la responsabilité de l’échec de l’accord de juillet, Gallant a relaté un épisode survenu fin avril.

« Nous avions pris une décision unanime, au sein du cabinet de guerre, de nous engager sur la voie d’un accord, qui impliquait notre retrait du corridor de Netzarim. Il y avait différentes formules pour déterminer le nombre d’otages qui seraient libérés en échange du nombre de prisonniers. »

« Dans la soirée, une discussion a eu lieu au sein du cabinet, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, est arrivé. Il ne connaissait pas — ou n’était pas censé connaître — le plan, mais il a déclaré : ‘Il y a un projet de libérer 18 otages en échange du retrait de Netzarim’. Il a immédiatement annoncé qu’il s’y opposerait et qu’il quitterait le gouvernement si cela se produisait », a rapporté Gallant.

« Je ne sais pas qui l’en a informé. Ce n’est pas moi. Nous avions dit aux responsables de la sécurité que nous devions récupérer 33 otages et que le nombre minimum était de 18. Pourtant, quelques heures plus tard, ce chiffre de 18 est apparu dans les médias. »

« Il a fallu quelques jours au Hamas pour comprendre ce qui se disait dans les médias israéliens. Lorsqu’ils ont réalisé la situation, ils ont annoncé leur retrait de l’accord – et, concrètement, tout s’est effondré. Ce n’est qu’à la fin du mois de mai que l’accord est revenu sur la table, grâce au discours du président. »

Lorsqu’on lui a demandé si la pression exercée par Trump avait poussé Netanyahu à accepter l’accord, cette fois dans sa pire version, Gallant a répondu :

« Netanyahu prend davantage en compte l’avis de Trump que celui d’[Itamar] Ben Gvir », a-t-il déclaré, faisant référence au leader d’extrême droite dont le parti Otzma Yehudit a quitté le gouvernement pour protester contre le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier. « Ce n’était pas le cas avec le président américain Biden. C’est toute l’histoire. »

Le ministre de la Défense Yoav Gallant, au centre, parle au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir après un vote de la Knesset à Jérusalem, le 15 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Gallant a de nouveau accusé le gouvernement – et ce n’est pas la première fois – de ne pas avoir capitalisé sur les gains militaires à Gaza, en refusant d’adopter un plan visant à remplacer le Hamas en tant que force dirigeante dans la bande de Gaza.

Pendant un an, je leur ai dit de concevoir une alternative. Le Premier ministre, même s’il m’a attaqué, avait accepté cette idée », a déclaré Gallant. « Mais ce qui devait être fait ne l’a pas été. »

Il s’est également opposé avec fermeté à l’idée d’un régime militaire israélien à Gaza, « pour réaliser les rêves de personnes déconnectées de la réalité, d’établir des implantations au cœur de Gaza. »

« Les résultats seront désastreux », a-t-il averti.

Le Likud « s’est écarté de son chemin »

Parmi les autres sujets abordés dans l’interview figurent l’avenir de Gallant au sein du Likud, le parti au pouvoir, ainsi que les efforts pour faire avancer une législation visant à inscrire dans la loi les exemptions du service militaire obligatoire accordées aux étudiants ultra-orthodoxes des yeshivot.

« La question de la conscription des haredim est un exemple clair de la façon dont le Likud s’est écarté de sa trajectoire », a-t-il déclaré, tout en critiquant les députés d’arrière-ban du parti qui, selon lui, « pensent qu’ils peuvent surenchérir sur [Itamar] Ben Gvir par la droite ».

Il a également dénoncé les attaques de certains députés contre les chefs de l’armée israélienne et du Shin Bet.

« Le Likud doit continuer à diriger, et l’État d’Israël a besoin du Likud. Nous réglerons ces problèmes », a-t-il ajouté.

Malgré son limogeage par Netanyahu et sa décision ultérieure de démissionner de la Knesset, Gallant a été catégorique sur le fait qu’il resterait au Likud.

Interrogé sur sa capacité à demeurer une personnalité politique viable après les échecs du 7 octobre, Gallant a répondu que c’est « la population qui décidera, et, de préférence, après que les conclusions d’une commission d’enquête d’État auront établi qui est responsable et pourquoi. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.