Gantz : « après cette série », une solution diplomatique doit être trouvée
L'ex-chef d'Etat major et chef de Kakhol lavan, en visite dans le sud meurtri, a dit "qu'après cette série" de combats, une solution diplomatique devra être cherchée avec le Hamas
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
YAD MORDECHAI — Se tenant à l’entrée d’un abri antiaérien en béton, situé à quelques mètres de l’endroit où s’était écrasé quelques minutes auparavant un mortier et alors qu’un nouveau barrage de roquettes se profilait au-dessus de nos têtes, le responsable du parti Kakhol lavan et ex-chef d’Etat-major Benny Gantz a déclaré, dans l’après-midi de dimanche, que l’Etat juif devait renforcer encore sa riposte militaire aux roquettes émanant de la bande de Gaza mais « qu’après cette série » de combats, le pays devrait se mettre en quête d’une solution diplomatique pour mettre fin aux violences.
« Israël doit renforcer ses attaques et agir avec force contre le Hamas de manière à restaurer la dissuasion », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse improvisée au sein de la communauté de Yad Mordechai, à la frontière avec Gaza, après que les sirènes d’alerte continuent de retentir à travers toute la région.
« Mais à la fin de la campagne, nous devrons initier un processus diplomatique qui se jouera entre tous les acteurs pour trouver une solution à long-terme », a-t-il ajouté alors que des douzaines d’explosions se faisaient entendre aux abords de l’abri.
« Aujourd’hui, c’est le temps de la lutte et nous allons devoir travailler dur. Mais la responsabilité du Premier ministre, du cabinet et du gouvernement d’Israël est d’assurer, après cette série de combats, la stabilité et le maintien stable de toutes les communautés frontalières », a-t-il déclaré après une matinée passée à visiter les villes et les communautés agricoles situées à la frontière de l’enclave côtière contrôlée par le groupe terroriste du Hamas.
Les roquettes lancées à peu-près au moment de l’arrivée de Gantz à Yad Mordechai — il avait prévu d’y faire une déclaration à la presse avec, en arrière-plan, les champs israéliens tranquilles qui mènent à la frontière – ont tué deux personnes et fait deux blessés.
Quelques heures auparavant, les militaires israéliens avaient envoyé une brigade supplémentaire de blindés à la frontière avec Gaza pour se préparer aux combats lors des prochains jours après que plus de 450 roquettes et tirs de mortier ont été envoyés dans le sud d’Israël, depuis la bande de Gaza, en vingt-quatre heures, pendant le week-end. Ces frappes ont fait quatre morts et plusieurs blessés du côté israélien.
En représailles, l’armée israélienne a fait savoir qu’elle avait bombardé plus de 220 cibles militaires dans la bande, causant des dégâts considérables aux structures des groupes terroristes mais ne faisant que relativement peu de victimes côté terroristes islamistes palestiniens au sein de l’enclave côtière densément peuplée.
Gantz a expliqué qu’Israël devait se concentrer sur un certain nombre d’objectifs et pas seulement militaires : « Ecraser les terroristes en utilisant tous les moyens à notre disposition, restaurer la dissuasion, ne pas souscrire à une politique visant à payer notre protection, renforcer les communautés qui avoisinent la frontière toute entière, et mobiliser les pays et les instances internationales pour développer les infrastructures dans la bande ».
Dimanche dans la matinée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pour sa part ordonné de continuer à frapper Gaza. Puis de se préparer à l’escalade.
« J’ai ordonné à l’armée israélienne, ce matin, de continuer ses frappes massives contre les forces terroristes dans la bande de Gaza et j’ai donné pour instruction aux militaires d’accroître leur présence autour de la bande de Gaza avec des forces blindées, d’artillerie et d’infanterie », a-t-il déclaré au cabinet avant sa réunion hebdomadaire à Jérusalem.
Il a également dit que le secteur avoisinant le bande de Gaza bénéficiait dorénavant d’un « statut spécial », une désignation légale octroyant au gouvernement des pouvoirs supplémentaires pour protéger la vie des civils.
« Comme je suis convaincu qu’il y a un risque raisonnablement élevé qu’une attaque contre la population civile soit menée, je déclare ce statut spécial pour la périphérie de Gaza sur un rayon de 0 à 40 kilomètres depuis la bande de Gaza », a écrit Netanyahu dans une déclaration officielle.
Cette désignation de « statut spécial » durera quarante-huit heures et elle peut être renouvelée.
Sous les termes de la loi de défense civile de 1951, cette classification spéciale donne aux gouvernants locaux et nationaux la capacité de contourner les législations habituelles en cas d’urgence, et notamment à obliger les populations à travailler pour garantir le maintien de services critiques – tels que l’approvisionnement en eau et en électricité aux résidents. Les militaires sont également autorisés à donner des ordres à la population civile pour assurer sa sécurité.
Israël avait utilisé pour la dernière fois cette disposition de la loi de Défense civile pendant la guerre de Gaza, en 2014.
Gantz a expliqué que c’était la bonne chose à faire et que « notre première pensée doit aller à ceux qui vivent ici, aux parents qui doivent décider de s’ils laissent leurs enfants quitter leur abri pour aller aux toilettes, aux enfants qui ne peuvent pas dormir à cause des sirènes ou de la peur ».
Mais il a ajouté que Netanyahu devait également réfléchir à une solution à long-terme.
« Il ne faut pas se demander seulement qu’est-ce qu’on doit faire le jour où surviennent des événements tels que ceux-là mais ce que fait le gouvernement lorsqu’il ne se passe rien, ce que fait le gouvernement pour changer la situation », a-t-il poursuivi. « Malheureusement, ce n’est pas arrivé ces dernières années. J’espère que le gouvernement y pensera maintenant ».
Gantz a déclaré samedi soir qu’Israël payait actuellement le prix de « l’extorsion mafieuse » consentie en direction des groupes terroristes de la bande de Gaza, se référant à l’entrée des fonds alloués par le Qatar en échange d’une trêve.
Au mois de novembre, l’Etat du Golfe, allié de longue date du Hamas, s’était engagé à verser environ 15 millions de dollars d’aides par mois sur six mois – ce qu’Israël aurait approuvé.
Gantz a néanmoins estimé qu’il autoriserait « certains transferts de fonds ciblés dans la bande de Gaza pour certains projets ».
« J’aurais fait différemment », a-t-il expliqué. « Je me serais imposé mais j’aurais par ailleurs utilisé les systèmes régionaux et globaux qui n’auraient pas nécessité l’emploi de cette forme d’escroquerie », a-t-il ajouté.