Gantz met en garde contre « l’illégalité » du projet d’avant-postes en Cisjordanie
Le ministre de la Défense a déclaré que la loi serait « appliquée strictement » contre les plans du Mouvement Na’hala pour les implantations, pour établir 3 avant-postes mercredi
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Le ministre de la Défense Benny Gantz, l’armée et la police israéliennes ont publié, mardi, des déclarations mettant en garde les Israéliens contre la participation à une initiative, prévue mercredi, pour établir trois avant-postes illégaux en Cisjordanie.
Le Mouvement Na’hala pour les implantations prévoit depuis des mois de créer de nouveaux avant-postes et a recruté des centaines, voire des milliers de militants pour ce faire.
Selon un communiqué du cabinet de Gantz, le ministre a été informé de l’opération lundi et a donné des instructions mardi « pour envoyer un message clair aux citoyens israéliens tentés d’y prendre part, et leur rappeler qu’il s’agit d’activités illégales auxquelles les forces de l’ordre vont s’opposer ».
La déclaration souligne notamment que « parallèlement à la poursuite de la construction et du renforcement des implantations légales », il y aura une « contrôle strict » sur toute activité visant à établir des avant-postes illégaux.
La police et Tsahal ont également évoqué ce projet, mardi, affirmant dans un communiqué que l’établissement d’implantations en Cisjordanie sans autorisation était illégale et que des unités spécialement dépêchées sur place feraient en sorte de réprimer « toute activité illégale ».
Le communiqué indique que Tsahal, la police israélienne et la police des frontières se préparaient à l’opération de Na’hala [en étant présents] « sur les routes, aux postes de contrôle et dans les lieux importants de Judée-Samarie, afin de garantir la sécurité, la légalité et l’ordre public dans la région ». Dans ce communiqué, la Cisjordanie est évoquée sous son nom biblique, pratique courante en hébreu.
Na’hala a rejeté les propos de Gantz, affirmant que ce dernier n’avait rien fait pour empêcher les constructions palestiniennes illégales dans la zone C de Cisjordanie, mais qu’il faisait tout pour empêcher les implantations juives dans la même zone.
« Nous souhaitons que le ministre de la Défense et le gouvernement annoncent un changement de politique, pour permettre au peuple juif de faire son devoir en construisant la Terre d’Israël », a déclaré l’organisation.
Na’hala a redoublé d’efforts pour préparer ce projet, allant jusqu’à organiser une importante collecte de fonds et financer l’achat de kits pour aider les militants, une fois sur place.
Selon l’organisation, la campagne de financement participatif aurait permis de recueillir plus de 5 millions de shekels auprès de plus de 8 000 donateurs.
Quelque 3 000 kits sont prêts, comprenant auvents, lampes solaires, jerrycans d’eau de 20 litres, chargeurs de téléphone et latrines portables.
Les « groupes de base » formés pour établir les avant-postes ont bénéficié de « briefings pratiques » pour leur apprendre à créer leur implantation, a expliqué l’organisation.
Il existe 28 groupes de ce type, mais trois seulement devraient prendre part à l’opération de mercredi, selon Na’hala.
La campagne de Na’hala est soutenue par le chef du parti Sionisme religieux, Bezalel Smotrich, son collègue Itamar Ben Gvir, le grand rabbin de Jérusalem Aryeh Stern, le grand rabbin de Safed Shmuel Eliyahu, plusieurs maires d’implantations de Cisjordanie, entre autres personnalités publiques.
L’organisation de gauche La Paix Maintenant a créé sa propre unité de militants, dans la perspective de l’opération de Na’hala, qu’elle a l’intention de dépêcher en Cisjordanie, mercredi, afin de contrecarrer le projet de création de nouveaux avant-postes.
« L’établissement de nouveaux avant-postes terroristes, soutenu par une campagne publique avec le blanc-seing des têtes pensantes de la droite messianique, est une attaque en règle contre les intérêts d’Israël », a déclaré l’organisation mardi.
« Il n’y a que de la violence à attendre de la part de ces avant-postes, que ce soit à l’encontre des soldats de Tsahal, des militants de gauche ou des Palestiniens, ce qui ne peut que conduire à l’expropriation de terres palestiniennes. Nous ne les laisserons pas faire. »