Gantz s’en prend aux élus de la coalition: les Israéliens « méritent mieux de notre part »
Alors que le ministre du cabinet de guerre a semblé critiquer Netanyahu, Gadi Eizenkot, qui appartient à son parti, a fustigé des propos "sur des nombre de terroristes qui ne sont apparus dans aucun document"
Le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz a paru s’en prendre au Premier ministre Benjamin Netanyahu au cours d’une conférence de presse dans la soirée de mardi, accusant les députés de la coalition d’avoir créé des fissures dans le public, ces derniers jours, avec des propos incendiaires et avec des attaques directes contre l’armée dans le contexte de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas dans la bande de Gaza.
Gantz, qui avait fait entrer son parti HaMahane HaMamlahti dans le gouvernement de Netanyahu quelques jours après le massacre commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, a condamné les responsables du gouvernement « qui tiennent des discours clivants à la Knesset ; qui transforment les réunions du cabinet en attaques contre les militaires, qui comparent nos studios de télévision à nos ennemis, qui les comparent à ceux qui ont assassiné nos fils et nos filles ».
Même s’il s’est abstenu de citer explicitement des noms, les propos de Gantz ont semblé partiellement s’adresser à Netanyahu lui-même.
Pendant une conférence de presse, le 18 janvier, Netanyahu avait déclaré que l’idée qu’Israël ne serait pas en capacité de gagner la guerre circulait « dans les studios de télévision », disant à un journaliste que « je continuerai à combattre le Hamas et vous continuerez à me combattre, moi… C’est le principe de la division du travail ».
Disant aux autres députés qu’être « un leader public, en période de crise, est une énorme responsabilité », Gantz a interpellé, mardi, tous les membres de la sphère politique : « Avant de vous exprimer – pensez aux soldats et aux otages, pensez à la situation qui est actuellement la nôtre et à la raison qui explique pourquoi nous sommes aujourd’hui dans cette situation ».
« Les citoyens d’Israël méritent mieux de notre part », a-t-il ajouté.
Gantz a ensuite évoqué la question des otages encore détenus à Gaza et la proposition d’accord qui ouvrirait la porte à leur libération.
« Nous travaillons actuellement sur un cadre qui permettrait au retour des otages de se concrétiser », a-t-il dit. « C’est le résultat des pressions militaires, c’est le résultat de notre force en tant que société en quête de vie, c’est aussi le résultat des actions politiques que nous mettons en place avec notamment, parmi elles, l’implication des familles courageuses des otages, de ces familles qui nous sont chères ».
« Le rapatriement des otages fait partie intégrante de la victoire et il ne remplace pas notre devoir qui est de faire disparaître la menace du Hamas », a-t-il poursuivi. « Si nous trouvons un accord, alors ce sera une nouvelle avancée sur le chemin de la victoire. »
Abordant le sujet de l’avenir de la bande de Gaza et du futur de ses 2,3 millions d’habitants palestiniens, Gantz a indiqué que, concernant l’administration des affaires civiles lorsque la guerre sera terminée, « toutes les options sont sur la table… sauf celle du Hamas ».
« Notre objectif est celui d’un contrôle sécuritaire à 100 % – et de zéro pour cent en ce qui concerne le contrôle civil », a-t-il précisé.
En réponse aux propos tenus par Gantz, le parti du Likud de Netanyahu a émis un communiqué affirmant que le Premier ministre « se bat pour une victoire absolue. Ceux qui pensent que faire venir des responsables de l’Autorité palestinienne au sein de la bande de Gaza vaincra le Hamas se trompent. Il n’y a pas d’autre alternative à la victoire absolue ».
Mardi soir également, Gadi Eizenkot, membre du parti HaMahane HaMamlahti de Gantz et observateur au sein du cabinet de guerre, a commenté un possible accord sur les otages ainsi que les déclarations « irresponsables », selon lui, qui ont pu être faites par les autres ministres du gouvernement.
« Il ne s’agit pas d’un seul soldat – il y a des centaines de civils qui vivaient leur vie, qui faisaient confiance à l’armée israélienne et qui, un jour, ont dû se battre pour leur survie et qui ont été abandonnés », a expliqué Eizenkot, qui a ajouté qu’Israël avait, en conséquence, « l’obligation » de les sortir des geôles du Hamas.
« Je considère toutes les déclarations qui peuvent être faites sur cet accord comme très graves », a-t-il noté. « Les politiciens se sont exprimés de manière irresponsable en évoquant des nombres de terroristes qui n’apparaissent dans aucun document et dans aucune proposition ».
Des paroles qui ont paru, là aussi, s’adresser à Netanyahu qui a insisté de manière répétée sur le fait qu’Israël n’était pas prêt à relâcher « des milliers de terroristes » en échange des 136 otages actuellement retenus en captivité à Gaza. Certains d’entre eux sont morts pendant leur détention et d’autres ont été tués le 7 octobre et leur dépouille a été emportée par les terroristes.
Ces propos tenus par Gantz et par Eizenkot surviennent dans un contexte de frictions croissantes entre HaMahane HaMamlahti et le Likud. Dans les premières semaines qui avaient suivi l’entrée de HaMahane HaMamlahti au sein du gouvernement, Gantz et Netanyahu avaient affiché un front uni, apparaissant l’un à côté de l’autre lors des conférences de presse, en compagnie du ministre Yoav Gallant et semblant être en accord sur les problématiques au cœur de l’effort de guerre.
Toutefois, alors que les désaccords politiques ont commencé à faire leur réapparition à la Knesset, cela a aussi été le cas des tensions entre Gantz et Netanyahu – le premier faisant une percée dans les sondages d’opinion et le Likud et son leader continuant leur chute dans ces enquêtes.
Avec cette nouvelle manifestation des crispations entre Gantz et Netanyahu, alors que les deux hommes se sont subtilement critiqués à travers des déclarations formulées avec soin sur des questions variées qui ont divisé l’opinion publique, les rumeurs enflent sur une possible rupture de ce partenariat délicat.