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Gaza : des clans démentent le vol d’aide par le Hamas après la réduction des livraisons

La Fondation humanitaire de Gaza affirme avoir été la seule à distribuer de l’aide jeudi, tandis que l’ONU dénonce un accès bloqué par Israël aux postes frontières

Des volontaires de clans palestiniens organisés en comités pour empêcher les vols, gardant des camions transportant de l'aide qui sont entrés dans la bande de Gaza par le passage de Zikim, à l'ouest de Beit Lahiya dans le nord de la bande de Gaza, le 25 juin 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)
Des volontaires de clans palestiniens organisés en comités pour empêcher les vols, gardant des camions transportant de l'aide qui sont entrés dans la bande de Gaza par le passage de Zikim, à l'ouest de Beit Lahiya dans le nord de la bande de Gaza, le 25 juin 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Des chefs de clan à Gaza ont affirmé jeudi que les hommes armés aperçus à bord de camions d’aide humanitaire n’étaient pas des membres du groupe terroriste palestinien du Hamas, mais des gardes chargés de protéger les livraisons contre les pillages, une déclaration faite après la décision d’Israël de réduire les livraisons d’aide, accusant le Hamas d’en avoir repris le vol.

Plus tôt dans la journée, après la diffusion d’images montrant des hommes masqués à bord de camions d’aide, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israel Katz ont publié un communiqué conjoint affirmant détenir des preuves de la reprise du contrôle de l’aide par le Hamas dans le nord de la bande de Gaza.

Les deux hommes ont précisé que l’armée israélienne avait reçu pour instruction de présenter un plan visant à empêcher cette situation dans les 48 heures.

À la suite de cette déclaration et d’un reportage de N12 affirmant que toutes les livraisons d’aide avaient été interrompues par crainte de détournement par le Hamas, le porte-parole du gouvernement israélien David Mencer a fait savoir aux journalistes que l’aide continuait de parvenir dans la bande de Gaza par le sud. Il a toutefois refusé de dire si les livraisons vers le nord avaient été suspendues, mais deux responsables israéliens l’ont confirmé à Reuters.

Par ailleurs, la commission supérieure des affaires tribales, qui représente les clans influents de Gaza, a démenti que les hommes masqués visibles sur les images étaient des membres du Hamas, affirmant que les camions étaient protégés dans le cadre d’un dispositif de sécurisation de l’aide organisé « exclusivement par les tribus ».

La commission a insisté sur le fait qu’aucune faction palestinienne, c’est-à-dire le Hamas, n’avait été impliquée dans le processus. Le groupe terroriste palestinien, qui a dirigé Gaza pendant près de vingt ans, mais dont le contrôle est désormais réduit à certaines zones, a également nié toute implication.

Des Palestiniens transportent des sacs de farine pillés dans des camions d’aide à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 juin 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par le pogrom meurtrier du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, de nombreux clans, organisations civiles et factions, y compris le Fatah, rival séculier du Hamas, se sont mobilisés pour sécuriser les convois humanitaires.

Les clans, constitués de familles élargies liées par le sang et le mariage, sont depuis longtemps des piliers de la société gazaouie.

Amjad al-Shawa, directeur d’un réseau de coordination des ONG palestiniennes, a indiqué que l’aide sécurisée par les clans mercredi était destinée aux familles vulnérables.

Depuis près de deux ans de campagne militaire israélienne, la pénurie de nourriture et d’autres produits de première nécessité est aiguë, la majorité des 2,3 millions d’habitants de Gaza ayant été déplacés, tandis que le Hamas détient toujours 50 otages israéliens.

Les camions d’aide et les entrepôts de stockage sont régulièrement la cible de pillages. Israël accuse le Hamas de détourner l’aide à son profit ou de la revendre pour financer ses opérations, ce que le Hamas dément. D’autres sources estiment que ces pillages sont bien souvent le fait de Palestiniens désespérés et affamés.

« Les clans se sont mobilisés […] pour empêcher les agresseurs et les voleurs de s’emparer de la nourriture destinée à notre peuple », a déclaré Abu Salman Al Moghani, représentant des clans gazaouis, à propos de l’opération de mercredi.

Seul le GHF a pu distribuer de l’aide jeudi

Bien que David Mencer ait affirmé que les livraisons d’aide vers le sud de la bande de Gaza se poursuivaient normalement, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, a indiqué qu’elle était la seule organisation autorisée à distribuer de l’aide jeudi, laissant entendre qu’aucun camion n’était entré par le point de passage de Kerem Shalom.

Les camions humanitaires entrant par Kerem Shalom, au sud, et Zikim, au nord, transportent notamment de la farine, des denrées alimentaires et du matériel médical. Ils viennent compléter l’aide fournie par la GHF, qui opère à plus petite échelle et dans des zones limitées.

Des personnes transportent des caisses de fournitures de secours de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mai 2025. (Crédit : Eyad BABA/AFP)

Un porte-parole de l’ONU a confirmé au Times of Israel que les autorités israéliennes avaient bloqué l’accès de ses équipes au point de passage de Zikim, où elles devaient récupérer des cargaisons d’aide.

L’ONU a reconnu que certains de ses convois avaient été victimes de pillages, mais a mis en cause des bandes armées plutôt que le Hamas, insistant sur le fait que la solution passe par une augmentation massive des livraisons d’aide humanitaire par Israël pour répondre aux besoins et limiter la pression sur les convois.

Depuis la levée partielle du blocus israélien le 19 mai, en vigueur depuis 78 jours, seuls 56 camions d’aide entrent en moyenne chaque jour dans la bande de Gaza. Selon les Nations unies, plusieurs centaines de camions par jour seraient nécessaires pour couvrir les besoins de la population.

La GHF affirme que son modèle de distribution est plus efficace, soulignant que ses convois n’ont pas été pillés, car ils sont protégés par des hommes armés.

Cependant, l’organisation ne dispose que de quatre sites de distribution sur l’ensemble de la bande de Gaza, aucun dans le nord, et les habitants sont souvent contraints de parcourir de longues distances à pied, en traversant les lignes israéliennes, pour récupérer les fournitures.

Les Etats-Unis ont annoncé jeudi avoir débloqué 30 millions de dollars pour financer la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les opérations de distribution d’aide donnent lieu régulièrement à des scènes chaotiques et meurtrières.

« Nous avons approuvé un financement de 30 millions de dollars pour la Fondation humanitaire de Gaza. Et nous appelons les autres pays à soutenir également la GHF, et son travail essentiel », a déclaré à la presse Tommy Pigott, porte-parole adjoint du département d’Etat.

Il n’a pas été en mesure de dire combien de cet argent a déjà été effectivement déboursé.

Ces 30 millions de dollars sont bien en deçà des 500 millions de dollars que les États-Unis auraient envisagé d’accorder au GHF au début du mois.

Quelque 46 millions de repas ont déjà été distribués, a indiqué le porte-parole.

L’ONU et des ONG humanitaires ont sévèrement critiqué la GHF et refusent de travailler avec elle, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

La fondation nie tout incident à l’intérieur de ses centres.

Soutenue par Washington et Israël, la fondation, dont l’encadrement reste nébuleux, a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de ses centres de distribution dans la bande de Gaza.

Le ministère de la Santé de Gaza affirme que depuis la fin du mois de mai, près de 550 personnes ont été tuées à proximité des centres d’aide, alors qu’elles cherchaient à obtenir de la nourriture.

Interrogé sur les critiques formulées à l’encontre de l’opération, M. Pigott a déclaré que les 46 millions de repas que le groupe affirme avoir distribués jusqu’à présent sont « absolument incroyables » et « méritent d’être applaudis ».

Un Palestinien fait le signe de la victoire et montre un pot de tahini qu’il a reçu de la Gaza Humanitarian Foundation, une organisation soutenue par les États-Unis et Israël, à Rafah, dans le sud de Gaza, le 26 juin 2025. (Crédit : AP Photo/Abdel Kareem Hana)

« Dès le premier jour, nous avons dit que nous étions ouverts à des solutions créatives permettant de fournir de l’aide aux habitants de Gaza et de protéger Israël », a déclaré M. Pigott.

Le soutien financier à la GHF s’inscrit dans le cadre de la « poursuite de la paix dans la région » du président Donald Trump et du secrétaire d’Etat Marco Rubio, a-t-il ajouté.

Mercredi, le président américain avait déclaré que de « grands progrès » avaient été réalisés en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.

L’OMS annonce avoir effectué sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars

L’OMS a annoncé avoir effectué mercredi à Gaza sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars.

« Hier, l’OMS a livré sa première cargaison médicale à Gaza depuis le 2 mars – 9 camions transportant des fournitures médicales essentielles, 2.000 unités de sang et 1.500 unités de plasma », a indiqué jeudi le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X.

« Ces fournitures médicales ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Une aide à grande échelle est essentielle pour sauver des vies », a-t-il ajouté.

L’OMS appelle « à l’acheminement immédiat, sans entrave et durable de l’aide sanitaire à Gaza par toutes les voies possibles ».

« Les fournitures seront distribuées aux hôpitaux prioritaires dans les prochains jours. Le sang et le plasma ont été livrés à l’entrepôt frigorifique du complexe médical Nasser en vue d’être distribués aux hôpitaux confrontés à de graves pénuries », a expliqué M. Tedros.

Selon le chef de l’OMS, les fournitures médicales ont été transportées dans Gaza depuis le point de passage de Kerem Shalom, « sans aucun pillage, malgré les conditions à haut risque le long de la route ».

Quatre camions de l’OMS sont toujours à Kerem Shalom et d’autres sont en route pour Gaza.

Un enfant palestinien transporte des colis alimentaires donnés par les Émirats arabes unis, depuis un point de distribution supervisé par des bénévoles issus de familles palestiniennes organisées en commissions pour prévenir les vols, à Gaza-City, le 26 juin 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Les incidents ayant fait de nombreuses victimes signalés aux points de distribution d’aide humanitaire n’ont montré aucun signe de ralentissement jeudi, l’agence de défense civile liée au Hamas affirmant que les forces israéliennes avaient tué 56 personnes dans l’enclave ravagée par la guerre au cours de la journée, révisant ainsi le bilan précédent qui s’élevait à 35 morts.

Sept d’entre eux ont notamment été tués alors qu’ils attendaient de recevoir de l’aide, a précisé la porte parole de cette organisation de premiers secours, Mahmoud Bassal à l’AFP.

Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit « examiner » des informations faisant état de blessés près du carrefour de Netzarim (centre), où des gens s’étaient rassemblés. Des soldats « ont tenté d’empêcher les suspects de s’approcher et tiré des coups de semonce », a-t-elle indiqué.

Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 55 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 20 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.

Le bilan de l’offensive terrestre israélienne contre le Hamas à Gaza et des opérations militaires menées le long de la frontière avec la bande de Gaza s’élève à 440 morts. Ce bilan inclut un officier de police tué lors d’une mission de sauvetage d’otages et des civils qui travaillaient comme sous-traitant pour le ministère de la Défense.

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