Gifle/Macron : La police retrouve une copie de « Mein Kampf » chez un suspect
Le principal suspect, Damien Tarel, auteur de la gifle, a été condamné jeudi à 18 mois de prison, dont 14 mois avec sursis, avec mandat de dépôt
La justice française a condamné jeudi à 18 mois de prison, dont 14 mois avec sursis, avec mandat de dépôt, l’homme qui a asséné une gifle au président Emmanuel Macron mardi lors d’un déplacement dans le sud-est de la France.
Le procureur de la République de Valence (sud-est) avait requis 18 mois de prison pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique.
Daniel Tarel, 28 ans, qui a reconnu avoir donné cette gifle au président français lors de l’audience, a été incarcéré.
Interpellé avec lui, son camarade « Arthur C. va se voir délivrer une convocation en justice pour la fin du second semestre 2022 pour répondre des infractions en lien avec les armes détenues illégalement » trouvées à son domicile, a précisé le magistrat. Des « livres anciens sur l’art de la guerre et Mein Kampf ainsi qu’un drapeau à fond rouge avec faucille et marteau jaune et un drapeau de la révolution russe », ont aussi été trouvés chez lui lors d’une perquisition.
Leur garde à vue, décidée pour les chefs de « violences sans incapacité sur personne dépositaire de l’autorité publique », a par ailleurs été prolongée « afin de poursuivre les vérifications ».
JUST IN: President Macron slapped during incident in southeast France pic.twitter.com/sLINDd3r69
— Modiology.Com (@Modiology_Com) June 8, 2021
Résidant à Saint-Vallier, au nord de Valence, les deux hommes avaient été arrêtés tout de suite après les faits. Ils sont « tous deux inconnus des services judiciaires et des services de renseignements ». Ils sont membres d’associations de leur commune « en lien avec les arts martiaux, le Moyen-âge et l’univers mangas », a rappelé le magistrat.
Lors de son audition, Damien T., « en couple, sans enfant, sans profession », a reconnu « avoir porté un coup au chef de l’État et avoir prononcé des paroles dénonçant la politique ».
Proche, selon lui, de « la mouvance des Gilets jaunes » et partageant des « convictions politiques traditionnelles de droite ou d’ultra droite » sans être « d’aucun parti ni militantisme exprimé », il a affirmé avoir « agi d’instinct et ‘sans réfléchir’ pour exprimer son mécontentement », a encore expliqué M. Perrin.
Les auditions des témoins et de la compagne de Damien T. n’ont pas éclairé « davantage les motivations » du jeune homme, contre qui la préméditation – « à l’heure actuelle » – n’est pas retenue.
« Les dernières vérifications et investigations sont en cours », a souligné néanmoins le procureur.
Quant à Arthur C., 28 ans également, « célibataire, sans enfant, intérimaire, arrêté aux côtés de son ami après avoir filmé l’agression du chef de l’État, il « a pu expliquer sa présence sur les lieux sans pour autant participer à l’agression » du président de la République.
« Pas représentatif » des Français
Cette gifle a suscité l’indignation de l’ensemble de la classe politique même si Emmanuel Macron a relativisé le geste, dénonçant des « faits isolés » commis par « des individus ultraviolents ». « C’est de la bêtise. Et quand la bêtise s’allie à la violence, c’est inacceptable », a-t-il ajouté.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a évoqué pour sa part un acte « grave », mais qui n’est « pas représentatif » des Français ou même de la « colère » d’une partie d’entre eux.
« Nous continuons, et nous continuerons plus que jamais, à aller à la rencontre des Français (…) », a assuré pour sa part le Premier ministre Jean Castex, lors d’un déplacement à Rungis (Val-de-Marne), parlant aussi du président.
« La violence dans une société démocratique, la haine, l’exclusion, ne seront jamais une solution, ne pourront jamais être acceptées », a-t-il ajouté.
Mardi, il en avait appelé devant les députés « à un sursaut républicain », estimant que « nous sommes tous concernés, il en va des fondements de notre démocratie ». Une indignation partagée par l’ensemble de la classe politique.
« Gifler le Président, c’est gifler la République. Intolérable, inacceptable », a estimé le patron des députés LR Damien Abad, quand Xavier Bertrand, président (ex-LR) des Hauts-de-France a rappelé que « le respect des institutions de la République et de ses représentants est un principe cardinal de notre vie démocratique ».
De son côté, le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon s’est dit « solidaire » du président, tandis que la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen a considéré ce genre de comportement comme inadmissible », et « profondément condamnable dans une démocratie ».
L’ancien président François Hollande s’est, lui, indigné face au « coup insupportable et intolérable à nos institutions ». « Face à ce geste inqualifiable, toute la Nation doit être solidaire du chef de l’État », a-t-il plaidé.