Gilad Kariv: L’opposition boycottera le vote final sur la loi sur la commission de sélection des juges
Le président de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a par ailleurs appelé les Israéliens à manifester devant la Knesset dans la soirée ; il a averti que le pays se trouvait "au bord de la guerre civile"

Le député du parti Les Démocrates, Gilad Kariv, a confirmé au Times of Israel que l’ensemble de l’opposition boycottera le vote final sur un projet de loi controversé qui renforcera de manière considérable le contrôle exercé par les politiques sur le processus de nomination des juges dans les tribunaux israéliens.
Ce vote doit avoir lieu dans la soirée de mercredi.
Les chefs des partis de l’opposition, à la Knesset, ont annoncé dans la journée de mercredi qu’à l’avenir, ils coordonneraient pleinement leurs actions pour lutter contre le programme de refonte radicale du système judiciaire qui est avancé par le gouvernement.
« Ce gouvernement sape les fondements de la démocratie et l’ensemble de l’opposition s’y opposera jusqu’à la fin de toutes les tentatives qui visent à transformer Israël en dictature », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
« À la suite d’une discussion commune entre les présidents des factions de l’opposition, il a été décidé que l’opposition agira avec la pleine coopération de tous ses membres à la Knesset, et qu’elle combattra avec résolution la législation sur le coup d’état judiciaire qui est actuellement mené par la coalition », affirme cette déclaration.
Une coordination qui ne se limitera pas aux factions sionistes de l’opposition, qui travaillent souvent ensemble, mais qui inclut également le parti islamiste Raam et le parti Hadash-Taal, des factions à majorité arabe.
Le texte de loi, qui modifiera la composition de la commission chargée de sélectionner les magistrats au sein de l’État juif, a suscité de vives critiques de la part des parlementaires de l’opposition qui ont prévenu qu’il porterait gravement atteinte à la démocratie israélienne.

Le président de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a par ailleurs appelé les Israéliens à manifester devant la Knesset dans la soirée.
« Aujourd’hui, un an et demi après la plus grande catastrophe de l’histoire de l’État, ce que [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu et [le ministre de la Justice Yariv] Levin sont en train de prendre en charge, ce n’est pas la question du retour des otages : c’est la question du retour du coup d’état judiciaire », s’est-il insurgé.
« Aujourd’hui, à la Knesset, ces gens veulent faire approuver une loi qui vise à politiser la commission de sélection des juges. Dans des moments comme ceux-là et même si c’est difficile, nous ne devons pas perdre espoir – nous devons tous sortir et faire entendre notre voix », a-t-il ajouté.
Un appel lancé alors que Gantz a rencontré dans la journée le ministre de la Justice, Yariv Levin, dans une ultime tentative de le convaincre d’abandonner la législation.
Lors de la réunion entre les deux hommes, Gantz a dit à Levin qu’il commettrait une « erreur » en soumettant le projet de loi au vote final, a signalé la chaîne d’information N12, tandis que le site d’information Ynet a affirmé qu’il avait averti Levin qu’Israël était « au bord d’une guerre civile ».
En réponse, Levin a déclaré au chef du parti d’opposition que le texte était « destiné à combler le fossé apparu au sein de la nation » dans la mesure où il a été présenté à la Knesset par ses soins et par le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar comme étant un « compromis ostensible » après l’avancée, par la coalition, d’une loi qui accordait à la coalition un contrôle presque total sur toutes les nominations au sein du système judiciaire.
Les médias ont aussi fait savoir qu’avant sa rencontre avec Levin, Gantz avait également écrit au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour lui demander d’empêcher la législation d’aller davantage de l’avant.
« Je m’adresse à vous en tant que personnalité endossant la responsabilité d’agir au nom de tous les citoyens de ce pays », avait écrit Gantz dans ce courrier adressé au Premier ministre, selon la chaîne N12.
« Notre société est blessée et elle saigne ; elle est divisée comme nous ne l’avions pas vu depuis le 6 octobre [2023]. Cinquante-neuf de nos frères et sœurs sont toujours captifs à Gaza, et nos soldats, de toutes les factions politiques, se battent sur de multiples fronts ».
Dans sa lettre, Gantz avertissait Netanyahu que le retour de la législation controversée qui entre dans le cadre du projet de refonte radicale du système judiciaire – un projet qui avait créé d’importantes fractures au sein de la population israélienne pendant une grande partie de l’année 2023 – constituerait un abandon du peuple.
« La façon dont vous gérez la question, avec une majorité parlementaire qui approuvera unilatéralement une législation à laquelle le peuple s’oppose, nuira à la capacité de créer une réforme générale qui fera appel à tous, cela conduira à la polarisation et cela renforcera la méfiance à l’égard des pouvoirs législatif et exécutif », avait écrit Gantz.