Ginette Kolinka s’exprime sur les attaques du 7 octobre
La survivante de la Shoah se dit "pas très optimiste" sur le fait que le message qu’elle porte aux jeunes, "plus jamais ça !", devienne réalité
Ginette Kolinka, survivante de la Shoah et rescapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, fêtera ses 99 ans le mois prochain. Malgré l’âge, elle continue inlassablement à témoigner de son expérience auprès des jeunes.
Elle a donné une interview à France 3 Régions lors de sa venue en Charente fin novembre, dans laquelle elle a rappelé sa vitalité et son envie continue de témoigner, malgré quelques légers soucis de santé liés à son grand âge.
Elle s’est aussi dit « pas très optimiste » sur le fait que le message qu’elle porte aux jeunes, « plus jamais ça ! », devienne réalité.
« Tant que ces jeunes sont ensemble dans les cours, que toutes les nationalités cohabitent, oui… Mais quand ils deviennent adultes, pour peu qu’ils tombent sur quelqu’un qui va leur tenir un autre discours, ils peuvent changer d’opinion. Je dis ça d’un ton triste parce que ça ne devrait plus exister. Hélas, l’actualité nous prouve le contraire. J’ai longtemps voulu croire que ça ne serait pas possible, et pourtant… ça recommence », a-t-elle expliqué, faisant référence aux attaques du 7 octobre dans le sud d’Israël.
« Je suis très attristée de voir qu’il y a encore des gens capables de faire à du mal à d’autres uniquement parce qu’ils ne sont pas de la même religion. Comment leur faire comprendre ? Je l’ignore… Mais peut-être que les journalistes ont leur part de responsabilité », a-t-elle ajouté. « Je le dis souvent aux personnes que je rencontre : la même histoire ne sera pas racontée pareil dans un journal israélien ou dans un journal palestinien. Naturellement, un journal pro-palestinien ne va pas chanter les louanges d’un pro-israélien… Et pourtant, ça pourrait. Ça devrait. Mais cela ne se fait pas. »
Après avoir fui Paris en 1942, Ginette Kolinka a été arrêtée à Avignon (sud) en mars 1944, à l’âge de 19 ans, transférée vers Marseille, puis vers le camp de Drancy, en région parisienne, et enfin déportée vers Birkenau en avril. Elle passera par Bergen-Belsen puis Theresienstadt, avant de rentrer à Paris en juin 1945. Elle a alors perdu 40 kg, pour n’en peser que 26. Elle a rencontré en déportation Simone Veil, qui deviendrait plus tard ministre française et présidente du Parlement européen, et Marceline Loridan-Ivens, réalisatrice.
Ginette Kolinka a publié en janvier 2023 avec la journaliste Marion Ruggieri un nouvel ouvrage autobiographique, Une vie heureuse (Grasset).
Deux autres livres sur elle ont été publiés en 2023.
Adieu Birkenau a été publié par les éditions Albin Michel, avec Jean-David Morvan et Victor Matet pour le scénario, et trois Espagnols pour le dessin, Ricard Efa, Cesc F. Dalmases et Roger Surroca Sole. L’album dessiné raconte ce qui était prévu comme le dernier voyage de Ginette Kolinka dans le camp, en octobre 2020.
Ginette Kolinka, récit d’une rescapée d’Auschwitz-Birkenau d’Aurore D’Hondt, a été publié par les éditions Des ronds dans l’O. La bande dessinée retrace son expérience des camps.