Grand Est : Le Rassemblement national se renforce mais trébuche en Alsace
Des résultats plus que mitigés : Strasbourg, à gauche toute, le RN plébiscité aux frontières en Lorraine et dans la Meuse, en Meurthe-et-Moselle, la majorité présidentielle disparaît
Le Rassemblement national (RN) a enregistré des résultats mitigés dans le Grand Est, très décevant en Alsace par exemple, mais raflant plusieurs sièges dans des départements ruraux comme la Meuse, les Vosges ou les secteurs frontaliers en Lorraine.
En Alsace, le soufflé RN retombe
Pourtant en tête à l’issue du premier tour dans 11 des 15 circonscriptions alsaciennes, le RN n’a pas transformé l’essai, avec un seul député élu. C’est le jeune Théo Bernhard, 24 ans, qui a arraché de justesse la 8e circonscription du Bas-Rhin face à la sortante Stéphanie Kochert (Horizons).
Dans la première circonscription du Haut-Rhin, la sortante macroniste Brigitte Klinkert, ancienne ministre déléguée à l’Insertion du gouvernement, a largement battu (58,24 %) Laurent Gnaedig (RN). Ce pilier du RN en Alsace avait vu sa campagne d’entre deux tours entachée par des déclarations selon lesquelles les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, « point de détail » de l’Histoire de la Seconde guerre mondiale, n’étaient « pas antisémites ».
Le groupe Les Républicains (LR) conserve ses deux seuls députés alsaciens : Patrick Hetzel, élu depuis 2012 dans la 7e circonscription du Bas-Rhin, rempile pour un quatrième mandat d’affilée, et dans la 4e circonscription du Haut-Rhin, celle de Fessenheim, Raphaël Schellenberger sauve son siège d’un cheveu face à la RN Marion Wilhelm (50,68 % des voix).
Strasbourg, à gauche toute
À Strasbourg, le Nouveau Front populaire (NFP) a réalisé le Grand Chelem, en remportant les trois circonscriptions de la capitale alsacienne, avec les réélections de l’écologiste Sandra Regol et du Emmanuel Fernandes (LFI), respectivement dans la 1ère et la 2e, tandis que dans la 3e, c’est Thierry Sother (PS) qui s’est extrait d’une triangulaire face au député sortant, le macroniste Bruno Studer, et à Stéphanie Dô (RN).
Le RN plébiscité aux frontières en Lorraine
Avec six députés RN élus sur sept circonscriptions lorraines frontalières de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne, le parti lepéniste a convaincu les électeurs dans ces zones désindustrialisées où nombre d’employeurs peinent à recruter face à la concurrence de salaires plus élevés de l’autre côté de la frontière.
En Moselle, LFI et LR perdent un siège
Arrivée 3e au premier tour, la seule députée sortante de gauche dans le département, Charlotte Leduc (LFI) s’était désistée au profit de Nathalie Colin-Oesterlé (UDI), élue dimanche avec 61,78 % des voix contre Victor Chomard (RN). Les trois députés sortants de la majorité présidentielle Belkhir Belhaddad (55,70 %), Ludovic Mendes (57,65 %) et Isabelle Rauch (58,13 %) sont réélus. Déception en revanche pour le RN, arrivé en tête dans les neuf circonscriptions au 1er tour : le parti n’a transformé l’essai que deux fois, avec la réélection du porte-parole du parti Laurent Jacobelli et l’élection de Pascal Jenft dans la 5e circonscription (52,64 %) contre le sortant Vincent Seitlinger (LR). Le RN grignote donc un siège, avec quatre élus contre trois auparavant.
En Meurthe-et-Moselle, la majorité présidentielle disparaît
La majorité présidentielle perd ses deux sièges dans des circonscriptions de Nancy et son agglomération remportées par des figures politiques locales socialistes, l’adjointe au maire de la ville préfecture Estelle Mercier (63,95 %) et le premier magistrat d’une ville voisine, Vandœuvre-lès-Nancy, Stéphane Hablot (45,17 % dans une triangulaire). Le RN gagne lui deux sièges dans le nord du département, les candidats Frédéric Weber (53,64 %) et Anthony Boulogne (54,64 %) l’ayant emporté sur les sortantes LFI Martine Etienne et Caroline Fiat.
Carton plein du RN dans la Meuse
Pour la toute première fois, les deux députés de la Meuse seront des représentants du RN. Après une victoire dès le premier tour de la sortante Florence Goulet, c’est le candidat RN parachuté dans la deuxième circonscription Maxime Amblard qui a remporté l’autre siège du département avec 50,50 % des voix. Ingénieur nucléaire de profession, il a été élu dans la circonscription de Bure, petit village où un projet controversé de centre de stockage des déchets radioactifs doit voir le jour dans les années à venir. Une victoire étriquée toutefois, avec moins de 500 voix d’avance pour Amblard.
Vosges : le RN gagne deux sièges sur quatre
Le RN a remporté deux sièges dans les Vosges, qui ne comptait aucun député lepéniste auparavant, faisant ainsi entrer au Palais Bourbon Gaëtan Dussausaye (52,77 %) et Sébastien Humbert (53,18 %), au détriment des sortants David Valence (Ensemble) et Jean-Jacques Gaultier (LR). Les deux députés Sébastien Viry (LR, 58,73 %) et Christophe Naegelen (DVD, 64,67 %) conservent leurs sièges avec une confortable avance face à leurs concurrents d’extrême droite.
Champagne-Ardenne : des bulles pour le RN
Dans l’ancienne région Champagne-Ardenne, terre habituellement ancrée à droite, le RN progresse, faisant carton plein en Haute-Marne, où il conserve une circonscription et gagne la seconde, et en remportant un siège dans les Ardennes (1ère circonscription), où le jeune Flavien Termet bat le macroniste sortant Lionel Vuibert.
Dans l’Aube, si la vice-présidente des Républicains Valérie Bazin-Malgras sauve son siège avec 52,17 % des voix face à Albéric Ferrand (RN) dans la 2ème circonscription, le RN conserve les deux autres. La Marne envoie quant à elle un nouveau député RN à l’Assemblée nationale, Maxime Michelet, élu dans la 3ème circonscription, où il renverse le sortant de la majorité.
Plusieurs figures du territoire parviennent à conserver leurs sièges, comme Charles de Courson (centre droit), de justesse avec 50,42 %, face au RN dans la 5e de la Marne, et Jean-Luc Warsmann (divers droite), dans la 3e des Ardennes, avec 54,44 %, également face au RN.