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Grèce: le président israélien pose la première pierre d’un musée de la Shoah

"Le musée de la Shoah est un hommage aux 50 000 Juifs grecs, jeunes, enfants, personnes âgées, de Thessalonique, exterminés dans les camps de concentration", a dit Alexis Tsipras

Le président Reuven Rivlin assiste à une cérémonie de pose de la première pierre d'un musée de l'Holocauste dans la ville grecque de Thessalonique, le 30 janvier 2018 (Haim Zach / GPO)
Le président Reuven Rivlin assiste à une cérémonie de pose de la première pierre d'un musée de l'Holocauste dans la ville grecque de Thessalonique, le 30 janvier 2018 (Haim Zach / GPO)

Un musée consacré à la Shoah sera construit à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, en hommage aux milliers de Juifs exterminés par les nazis, a annoncé mardi le Premier ministre grec Alexis Tsipras sur le futur chantier, en présence du président israélien Reuven Rivlin.

C’est l’Allemagne et la Fondation de l’armateur grec Stavros Niarchos qui couvriront principalement les frais de construction, en offrant dix millions d’euros chacun pour ce musée qui sera construit sur l’ancienne gare de la ville, d’où partaient les trains pour le camp de concentration d’Auschwitz, en Pologne.

Le budget s’élève au total à 22 millions d’euros, d’autres donateurs assurant les deux millions restants.

Le président Reuven Rivlin et le Premier ministre grec Alexis Tsipras assistent à une cérémonie de pose de la première pierre d’un musée de l’Holocauste dans la ville grecque de Thessalonique, le 30 janvier 2018 (Haim Zach / GPO)

« Le musée de la Shoah est un hommage aux 50 000 Juifs grecs, jeunes, enfants, personnes âgées, de Thessalonique, exterminés dans les camps de concentration », a indiqué Alexis Tsipras.

« Rien ni personne n’a été oublié, ni les criminels ni les victimes », a-t-il ajouté.

« Nous ne resterons pas aveugles face à ces ombres. Malheureusement, il y a des ombres qui apparaissent aujourd’hui en Europe ; le racisme tente à nouveau d’émerger et des monuments sont malheureusement à nouveau vandalisés. Le musée fait partie de notre engagement envers les droits des peuples dans le monde entier de vivre en l’absence de peur. »

La construction du musée, d’une surface de 7 000 m2, doit commencer cet été et les travaux être achevés d’ici à 2020.

« 90 % des juifs grecs de Thessalonique ont été exterminés, ce musée est un lieu de mémoire et de témoignage. Il devra exprimer la riche histoire de Thessalonique et montrer notre devoir de forger un monde qui jurera : plus jamais cela », a souligné pour sa part Reuven Rivlin, en visite officielle en Grèce depuis lundi.

« L’Holocauste n’est pas seulement une question juive ; c’est un problème international qui a touché chaque nation et chaque peuple. Ici aussi, en Grèce, c’est un problème national », a-t-il ajouté lors de la cérémonie.

Les survivants de l’Holocauste Heinz Kunio (à gauche) et Zana Sadikario-Saatsoglou (au centre), devant le mémorial de l’Holocauste à Thessalonique, le 28 janvier 2018, lors d’une cérémonie commémorant la persécution du peuple juif pendant l’Holocauste (AFP PHOTO / SAKIS MITROLIDIS)

« Il est très important pour Thessalonique, pour la communauté juive et pour l’humanité que la ville construise un musée de l’Holocauste », a déclaré Heinz Kunio, survivant du camp d’Auschwitz et participant à la cérémonie.

Kunio, âgé de 90 ans, faisait partie du premier groupe de Juifs de Thessalonique à avoir été déportés au camp de concentration en 1943, accompagné de sa sœur et de ses parents. Tous ont survécu parce qu’ils parlaient allemand et étaient employés comme interprètes.

Yiannis Boutaris, maire de Thessalonique, a quant à lui déclaré que le musée raconterait l’histoire des communautés juives de toute la Grèce et des Balkans du sud-ouest.

« Cela symbolisera notre honte », a-t-il dit. « Pour ce qui est survenu, pour ce que nous avons fait, et surtout pour ce que nous ne pouvions pas ou ne voulions pas faire… pendant et après la guerre. »

Rivlin et Tsipras ont planté symboliquement deux oliviers à la mémoire des victimes sur l’emplacement du parc qui sera aménagé à côté du musée, dans une enceinte de quatre hectares.

Nommée « Jérusalem des Balkans » au début du XXe siècle en raison du nombre important de Juifs qui y résidaient – environ 54 000 soit environ un tiers de sa population à l’époque –, Thessalonique n’en compte actuellement plus que quelques centaines.

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