Indifférente à la guerre, l’anémone rouge emblématique du sud d’Israël refleurit
Cette fleur est la première des cinq espèces de fleurs rouges, évasées avec le centre noir, qui fleurissent, l'une après l'autre, pour ne pas se concurrencer envers les insectes pollinisateurs
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Voilà bien une période de pèlerinage, dans le calendrier d’Israël, qui n’a rien à voir avec la Bible.
Entre janvier et avril, les Israéliens sont nombreux à arpenter les déserts, les côtes et les collines méditerranéennes pour s’émerveiller de l’arrivée des fleurs du printemps.
Tou Bichvat, le Nouvel An des arbres dans le calendrier juif, qui tombe cette année le jeudi 25 janvier, est traditionnellement associée à la floraison de l’amandier, lourde de symboles et mentionnée à plusieurs reprises dans la Bible.
Mais l’amandier n’est pas la seule plante à impressionner par sa floraison. L’anémone à couronne rouge (Anemone coronaria, ou kalanit en hébreu) – la fleur d’Israël – tapisse en effet les champs le long de la zone frontalière de Gaza en cette période de l’année, pour le plus grand plaisir des foules qui se pressent au festival « Darom Adom » (« Sud rouge »).
Nombre de ces endroits de pure grâce et de grande beauté sont désormais associés aux atrocités commises par le Hamas, le 7 octobre dernier, qui ont conduit à la guerre brutale à Gaza.
C’est le cas du kibboutz Beeri, à l’intérieur duquel des terroristes ont assassiné plus de 130 personnes, de sang-froid, le 7 octobre 2023, ou encore du kibboutz Reim, tout près de l’endroit où 360 personnes, essentiellement des jeunes, ont été assassinés, violés et mutilés par des hommes armés du Hamas.
Cette année, comme symbole de renaissance – et aussi pour générer des revenus dans la région -, un petit Darom Adom aura lieu en février, cette année amputé du terme « festival », autour de quelques événements commémoratifs.

La plupart des fleurs dépendent d’autres créatures vivantes pour acheminer leur pollen vers l’organe reproducteur femelle d’une autre plante de la même espèce. La fleur, c’est un peu la « vitrine ». Son rôle est d’attirer le pollinisateur. Les fleurs ont développé des couleurs et des formes parfaitement adaptées à leurs pollinisateurs.
La plupart des insectes ne voient pas la couleur rouge, à l’exception des coléoptères qui pollinisent l’anémone couronnée.
L’anémone est une fleur largement ouverte, en forme de cupule, ce qui convient parfaitement aux coléoptères, attirés par la couleur rouge mais plutôt maladroits. Ils atterrissent sur la fleur et roulent jusque vers le centre noir, là où se trouve le pollen.

Selon certains, le point noir ressemblerait à un coléoptère, ce qui serait le signe que la nourriture est bonne dans cette fleur.
Par une journée ensoleillée, l’anémone suit le mouvement du soleil dans le ciel. Elle se referme lorsque le soleil se couche ou lorsque le temps est nuageux, de façon à garder son pollen au sec. Il n’est pas rare que les coléoptères sautent dans la fleur avant sa fermeture, pour se protéger de la pluie. Le pollen dont ils se régalent recouvre leur corps et est déposé à l’intérieur d’autres fleurs lorsqu’ils se déplacent.
En Israël, plusieurs fleurs rouges fleurissent, les unes après les autres, de façon à attirer les coléoptères sans trop se faire de concurrence.
Cinq fleurs sauvages ont cette même forme de cupule rouge distinctive, avec un centre noir. L’anémone couronnée est la première à fleurir, suivie du narcisse à fleurs rayonnantes et des tulipes. La renoncule « turban doré » et la fleur de pavot sont les dernières.
On trouve les anémones couronnées du centre au sud du pays, dans des sols bien drainés. Elles poussent également dans les collines du nord, où l’on peut trouver des variétés blanches, roses et violettes, en particulier sur les sols qui retiennent bien l’eau.

La floraison des anémones multicolores attire les foules à l’entrée de l’aéroport de Megiddo, dans la vallée de Jezréel, dans le nord d’Israël.
Selon un site Internet israélien spécialisé dans les fleurs sauvages, celles-ci auraient été introduites par l’Homme.