Guterres veut taxer les énergies fossiles pour financer les impacts du réchauffement
Le secrétaire général dénonce la "cupidité" des compagnies pétrolières et gazières qui réalisent des profits "scandaleux" sur "le dos des plus pauvres" grâce à la crise énergétique
Le secrétaire général de l’ONU a appelé mardi, à l’ouverture de l’Assemblée générale annuelle, les pays riches à taxer les profits du secteur des énergies fossiles pour les redistribuer aux pays victimes des impacts du changement climatique et aux populations touchées par l’inflation.
« Aujourd’hui, j’appelle toutes les économies développées à taxer les profits exceptionnels des entreprises productrices d’énergies fossiles » et à « rediriger (ces taxes) de deux façons : vers les pays souffrant de pertes et dommages causés par la crise climatique, et aux populations en difficulté face aux prix alimentaires et de l’énergie en hausse », a déclaré Antonio Guterres.
Les entreprises du secteur des énergies fossiles qui « se régalent » des profits gonflés par la guerre en Ukraine « devraient passer moins de temps à faire de la publicité pour éviter un désastre de communication et plus à éviter un désastre planétaire ».
Le secrétaire général avait déjà dénoncé il y a quelques semaines la « cupidité » des grandes entreprises pétrolières et gazières qui réalisent des profits « scandaleux » sur « le dos des plus pauvres » grâce à la crise énergétique provoquée par cette guerre, appelant les gouvernements à les taxer.
Mais il n’avait alors pas évoqué la possibilité de redistribuer une partie de ces taxes aux pays en première ligne face aux impacts du réchauffement dont charbon, pétrole, et gaz sont les premiers responsables.
Cette question des « pertes et dommages » déjà causés par la multiplication des événements météo extrêmes est devenue un point crucial des négociations climat et devrait être un enjeu majeur de la conférence climat de l’ONU COP27 en Egypte en novembre.
S’ajoutant aux questions de l’ambition dans la réduction des émissions pour espérer respecter l’accord de Paris, de l’adaptation aux impacts, et du financement.
Lors de la COP26 à Glasgow fin 2021, malgré les pressions des pays en développement plaidant pour un financement spécifique de ces pertes et dommages, les pays riches avaient bloqué cette demande et la réunion avait simplement accouché du lancement d’un « dialogue » jusqu’en 2024.
Il y a quelques jours, le groupe des Pays les moins avancés, réunis à Dakar, a remis cette revendication sur le tapis, réclamant la mise en place d’un « mécanisme de financement » pour faire face aux dégâts causés par le réchauffement.
« Il est grand temps de dépasser ces discussions sans fin », a dénoncé mardi Antonio Guterres. « Les pays vulnérables ont besoin d’une action qui a du sens ».
Dénonçant un monde « accro » aux énergies fossiles, il a également appelé à investir plus dans les renouvelables.
« Nous avons rendez-vous avec une catastrophe climatique », a-t-il alerté, appelant à mettre fin à « notre guerre suicidaire contre la nature ».