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Haifa: 19 manifestants libérés après la colère suscitée par leurs arrestations

Gilad Erdan réclame par ailleurs une enquête après qu'un policier aurait fracturé la jambe de l'un des militants qui se trouvait en détention

Jafar Farah, membre arabe israélien d'une ONG, qui affirme que la police lui a cassé le genou après son arrestation. Ici devant les magistrats, le 20 mai 2018 (Capture d'écran : Hadashot)
Jafar Farah, membre arabe israélien d'une ONG, qui affirme que la police lui a cassé le genou après son arrestation. Ici devant les magistrats, le 20 mai 2018 (Capture d'écran : Hadashot)

Un magistrat a ordonné la remise en liberté des 19 suspects arrêtés pendant le week-end à Haïfa, tôt dans la matinée de lundi, alors que la ville s’interroge sur d’éventuelles brutalités policières contre les manifestants.

Amir Salameh, juge à la cour des magistrats de Haïfa, a ordonné que 12 des 19 détenus soient immédiatement libérés tandis que les sept autres, soupçonnés d’avoir agressé un agent de police, devraient être relâchés dans la journée.

Les 19 individus ont été arrêtés vendredi soir alors que la police dispersait une manifestation contre les morts sur la frontière avec Gaza. Parmi les personnes appréhendées, le militant des droits de l’Homme arabe Jafar Farah, qui avait indiqué qu’un agent de police lui avait brisé le genou alors qu’il se trouvait en détention.

Dimanche, le département des enquêtes internes de la police du ministère de la Justice a ouvert une enquête préliminaire sur la blessure de Farah et sur les allégations de violences policières.

Le militant israélo-arabe Jafar Farah arrêté par la police lors d’une manifestation contre la conduite d’Israël à Gaza, à Haïfa, le 18 mai 2018 (Capture d’écran/Twitter)

Dimanche soir, le ministre de la Sécurité intérieure a donné son feu vert à une « enquête rapide » alors que l’indignation publique autour de l’incident ne cessait de croître.

Erdan a indiqué à la radio militaire lundi matin que si un agent devait s’être comporté avec violence à l’encontre d’un détenu, « sa place n’est pas dans la police ».

Riot police surrounded protest in down town Haifa tonight and immediately attacked protesters.21 arrested so far.#Haifa #Gaza #GreatReturnMarch #حيفا #فلسطين #مسيرة_العودة_الكبرى #غزة

Posted by Nadine Nashef on Friday, May 18, 2018

La police a indiqué que toutes les arrestations faites vendredi avaient été menées « conformément aux règles et aux procédures » mais n’a pas su donner d’explication à la fracture de Farah. Selon les forces de l’ordre, les manifestations ont été l’occasion de jets de pierre à l’encontre des agents, de dégâts commis aux biens particuliers, de tentatives de bloquer les routes et de perturbations à l’ordre public.

Farah, qui a été hospitalisé, son fils et son neveu font partie des 12 personnes qui ont été libérées immédiatement.

La police lors d’un rassemblement pro-Gaza à Haïfa, le 20 mai 2018 (Crédit : Unité du porte-parole de la police israélienne)

Farah a déclaré lors de sa libération : « Il est temps que la police israélienne éduque ses agents pour qu’ils respectent le droit à la liberté d’expression et à ne pas opprimer les gens. Ce n’est pas l’Iran ici… Ce qui est arrivé à Haïfa au cours des deux derniers jours est scandaleux et inouï pour une nation démocratique ».

La police a demandé dimanche que les 19 individus appréhendés restent en détention pendant encore au moins cinq jours. Le magistrat a réprimandé la police qui avait tenté de tous les accuser d’agression envers un agent, alors qu’un seul petit groupe est soupçonné de s’en être pris aux forces de l’ordre.

Il a noté que sept manifestants avaient eu besoin d’une assistance médicale.

Amir Salameh (Autorité judiciaire israélienne)

La police aura jusqu’à 14 heures pour faire appel de la libération des sept autres suspects, a statué Salameh.

Dimanche soir, des centaines de personnes à Haïfa – dont des politiciens – ont manifesté devant le tribunal et dans d’autres secteurs de la ville contre ces arrestations.

Les personnes présentes ont brandi des drapeaux palestiniens et ont appelé à libérer les manifestants emprisonnés.

Le mouvement de protestation de vendredi a été organisé pour manifester contre les morts de douzaines de Palestiniens au cours d’affrontements à la frontière avec Gaza, la semaine dernière.

Depuis le 30 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens ont pris part à la « marche du retour » qui, selon Israël, est orchestrée par le groupe terroriste du Hamas à Gaza et utilisée comme couverture pour des attentats présumés et des tentatives d’ouverture de brèches dans la clôture frontalière.

Les manifestants se rassemblent dans le centre de Haïfa pour réclamer la libération des 21 personnes arrêtées lors d’un rassemblement de solidarité avec Gaza durant le week-end (Autorisation : Liste arabe unie)

Samedi, le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir que le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes durant les affrontements à la frontière de lundi s’élevait à 64 et que plus de 2 700 personnes avaient été blessées durant ces violences. Le Hamas a admis que 50 morts appartenaient à son groupe. Trois autres étaient membres du Jihad islamique palestinien.

Le Hamas a indiqué qu’il voulait que cette campagne de protestation contre Israël, qui dure depuis des semaines, continue. Environ 1 000 manifestants ont pris part au rassemblement près de la frontière vendredi dernier.

Les morts palestiniens, au cours des manifestations, ont suscité l’indignation à l’international. Vendredi, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a ordonné une enquête sur ces meurtres. Israël a fait savoir que le pays ne coopérerait pas et les Etats-Unis ont qualifié l’initiative de « scandaleuse ».

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