Israël en guerre - Jour 339

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Haïfa craint les retombées d’une attaque contre ses centrales électriques

Alors que le Hezbollah menace la zone industrielle de la ville portuaire, certains habitants craignent qu'une attaque ne fasse écho à l'explosion du port de Beyrouth de 2020

Une vue du port israélien de Haïfa, au nord d’Israël, le 13 août 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)
Une vue du port israélien de Haïfa, au nord d’Israël, le 13 août 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

L’odeur de carburant qui s’échappe des réservoirs de stockage jusqu’à l’appartement de Dovi Sonny l’irrite depuis longtemps, mais c’est devenu une préoccupation majeure maintenant que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a révélé que cette installation à Haïfa, grand port du nord d’Israël, était dans sa ligne de mire.

Sonny, 66 ans, n’a aucune idée de ce qui se passerait si une roquette du groupe terroriste chiite libanais pro-iranien touchait l’un des imposants conteneurs circulaires situés à une centaine de mètres de son immeuble à Haïfa.

Comme tous les habitants de la ville portuaire, située à seulement 30 kilomètres de la frontière libanaise, il n’a pas été informé des risques liés à la zone industrielle et craint le pire.

Les réservoirs et son immeuble figurent sur des images de drone diffusées par le groupe terroriste chiite libanais.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.

« Quand on entend les sirènes [signalant des tirs de roquettes] … c’est terrifiant », raconte Sonny, se tapant la poitrine avec son poing pour évoquer les battements de son cœur.

Des personnes assises sur les rochers au bord de la mer Méditerranée, à Haïfa, le 14 août 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Manque d’information

« Pendant la guerre du Golfe, un missile est tombé non loin d’ici. C’était vraiment effrayant », poursuit Sonny, qui est aussi musicien, jouant de la basse dans un groupe de rock.

Son quartier de Kiryat Haïm fait partie de la municipalité de Haïfa, où Juifs et Arabes israéliens cohabitent, mais il est coupé de la ville par la zone industrielle du plus grand port commercial du pays, sa raffinerie et surtout son vaste entrepôt de stockage de pétrole.

« Les habitants ne savent pas combien de réservoirs sont vraiment pleins et combien sont vides », dénonce Hila Laufer, ancienne conseillère municipale écologiste de Haïfa. Vivant elle-même non loin de ces réservoirs, elle déplore le manque d’information.

Les autorités assurent que le site a été sécurisé en vidant plusieurs citernes, sans fournir de détails.

Et les militants qui ont mené plusieurs campagnes pour éloigner la zone industrielle des quartiers résidentiels ont toujours échoué.

« Depuis plusieurs années, nous dénonçons précisément la situation dans laquelle nous vivons actuellement. Que se passera-t-il le jour où nous serons attaqués par le nord, par l’Iran, par tous ? », s’interroge Laufer.

De son côté, l’armée israélienne affirme à l’AFP avoir ordonné « par précaution de surveiller, d’examiner et de limiter le transport de matériaux dans plusieurs usines du nord » mais sans « cessation totale d’activité ».

Le Commandement du Front intérieur, responsable de la protection civile, « maintient un contact permanent » avec toutes les installations, notamment en effectuant des « examens quotidiens » pour disposer « d’une image complète […] de l’inventaire des matières dangereuses », assure Tsahal.

« Enorme bombe »

Sollicitée par l’AFP, Tashan, la compagnie publique responsable du site de stockage de carburant, n’a pas répondu.

Mais le groupe Basan, l’entreprise privée qui gère la raffinerie, plus proche du centre-ville, a confirmé à l’AFP appliquer les directives de l’armée, sans fournir de détails.

Un lever de soleil sur le port de la ville de Haïfa, au nord d’Israël, le 3 août 2024. (Crédit : Oren Ziv/AFP)

Le média indépendant Mekomit a dénoncé une culture de « répression et de dissimulation » autour de la zone industrielle. Il fait aussi le parallèle avec l’explosion meurtrière de 2020 au port de Beyrouth où de grandes quantités d’ammoniac étaient stockées. Le 4 août 2020, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire dévastait des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6 500.

Raja Zaatry, conseiller municipal à Haïfa, se souvient encore de la bataille qui a opposé la ville aux entreprises privées et publiques, notamment pour que les stocks d’ammoniac soient délocalisés dans le désert du Néguev, plus au sud.

Finalement, poursuit-il, « la municipalité de Haïfa a exigé et forcé ces usines à réduire les quantités, notamment dans les zones proches des quartiers résidentiels ».

Mais même lui qui a été aux affaires reconnaît ne pas savoir « exactement de quelles matières il s’agit ».

« Nous savons que ce sont des matières dangereuses et qu’elles polluent. Et qu’en cas de guerre, elles peuvent devenir une énorme bombe », dit-il.

Alors s’ajouterait le risque d’une catastrophe environnementale, alerte Laufer.

Guerre ou pas, Sonny restera à Haïfa où il ne regrette qu’une chose : l’annulation des activités culturelles.

« En ces temps troublés, il n’y a pas de musique, pas de rock and roll. »

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