Hamas : Netanyahu accepte de développer des projets humanitaires à Gaza
Selon des sources au sein du groupe terroriste, le Premier ministre souhaite voir développer l'infrastructure électrique et construire une zone industrielle dans l'enclave côtière
Mardi, des responsables du Hamas ont affirmé que le Premier ministre Benjamin Netanyahu souhaitait, par le biais de médiateurs internationaux, faire avancer des projets humanitaires dans la bande de Gaza, y compris pour améliorer l’infrastructure électrique de l’enclave côtière, selon un article d’un journal libanais Al-Akhbar.
L’Egypte, les Nations unies et le Qatar ont récemment pu sceller un accord de cessez-le feu entre Israël et le Hamas qui, selon des médias israéliens, inclut un arrêt des violences en provenance de Gaza en échange d’un assouplissement de certaines restrictions imposées par Israël sur les mouvements de personnes et de marchandises entrant et sortant de la bande de Gaza.
Mardi, des sources proches du groupe terroriste basé à Gaza ont déclaré à Al-Akhbar que « les interlocuteurs égyptiens et qataris ont transmis le message que Netanyahu avait renouvelé son engagement à l’accord et qu’il avait approuvé la mise en place de projets humanitaires qui avaient été retardés à après les élections israéliennes, dont des projets pour améliorer le secteur des l’électricité et la construction de zones industrielles le long des frontières de la bande de Gaza.
L’article a également précisé que les versements de fonds qataris vont reprendre le mois prochain dans la bande de Gaza, avec 100 dollars donnés à 100 000 familles pauvres de Gaza.
10 000 emplois temporaires supplémentaires à Gaza, par le biais des Nations unies, seront annoncés le mois prochain, selon Al-Akhbar.
A la suite d’affrontements entre Israël et le Hamas le mois dernier – survenus suite au tir d’une roquette sur Israël, détruisant une maison et blessant sept personnes –, un cessez-le-feu non confirmé a été négocié en pleine crainte d’une escalade.
Le Hamas a déclaré que la trêve verrait Israël assouplir son blocus de Gaza en échange du calme. Israël n’a pas commenté publiquement l’accord annoncé. Israël maintient le blocus pour empêcher le Hamas, une organisation terroriste qui a affirmé sa volonté de destruction d’Israël, de faire entrer des armes, des roquettes et d’autres matériaux utilisés pour construire des tunnels d’attaque et d’autres fortifications.
Parmi les mesures évoquées pour aider les Gazaouis, on trouvait le projet de verser l’aide bloquée du Qatar apportée à travers un fonds des Nations unies pour un programme d’emploi.
En novembre, l’Etat du Golfe, qui est un allié de longue date du Hamas, s’est engagé à verser environ 15 millions de dollars par mois en aides sur six mois.
A l’origine, une partie des fonds a été utilisée pour payer les salaires d’employés du Hamas, mais cette mesure a été cessée après une opposition politique en Israël.
Les sources du Hamas ont déclaré que les médiateurs travaillent à débloquer les fonds qataris pour les salaires des employés du gouvernement, selon Al-Akhbar.
Vendredi, Khalil al-Hayya, l’assistant du chef du bureau politique du Hamas à Gaza, a déclaré à l’AFP que les fonds étaient bloqués par les Nations unies.
« Les fonds qataris existent et les fonds alloués à la Banque mondiale (le liquide pour les programmes d’emploi) existent », a-t-il dit.
« Mais le rythme de mise en place des mécanismes des Nations unies est lent, a-t-il déclaré avant d’ajouter un appel à Nickolay Mladenov, ambassadeur auprès des Nations unies. Nous appelons les Nations unies et M. Mladenov à accélérer la mise en place de cette procédure. »
Deux millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, région démunie et coincée entre Israël, l’Egypte et la mer Méditerranée.
L’Egypte et Israël, qui a combattu trois guerres contre le Hamas, exercent un blocus sur l’enclave depuis plus de 10 ans.
Le 1er avril, Israël a élargi la zone de pêche autour de Gaza – la plus grande superficie depuis des années. Des officiels du Hamas ont affirmé qu’il s’agissait de la première mesure respectée dans « l’accord » avec Israël.
Ces dernières années, Israël a fortement réduit l’entrée dans Gaza de produits considérés comme à « double emploi », ce qui signifie qu’ils peuvent être utilisés à la fois à des fins civiles et militaires. Les Palestiniens de Gaza doivent recevoir des permis spéciaux pour faire importer des biens qu’Israël classe dans la catégorie à « double emploi ».
« Nous avons arraché à l’occupation la levée des restrictions et de l’interdiction… de 30 % de ces produits », a déclaré al-Hayya à la chaîne Al-Aqsa, affiliée au Hamas, dans un long entretien.
Le Coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), l’organe du ministère de la Défense responsable de la liaison avec les Palestiniens, a refusé de confirmer ou de démentir les commentaires d’Hayya.
Selon un rapport de la Banque mondiale publié mercredi, on compte 118 produits classés par Israël comme étant à double emploi à Gaza et 56 pour la Cisjordanie. Les produits listés pour Gaza incluent plusieurs produits chimiques, des machines dont des équipements de forage, des jets ski et beaucoup d’autres matériels et produits.
Le rapport précisait que la Banque mondiale estimait « qu’adoucir les restrictions sur les produits à double emploi pourrait conduire à une augmentation de 6 % de la croissance en Cisjordanie et de 11 % à Gaza d’ici 2025, en comparaison à un scénario où les restrictions seraient maintenues ».
Hayya a également prévenu que si Israël ne respectait par les récents accords de cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza reprendraient les lancers d’engins incendiaires et de ballons chargés d’explosifs vers l’Etat juif, ainsi que les émeutes nocturnes dans la zone frontalière entre Israël et l’enclave côtière, et d’autres mesures.
« [Si Israël] ne respecte pas ses engagements… cela impliquerait un retour des moyens forts. Et même plus, a-t-il déclaré. Nous affirmons que nous n’accepterons pas que le siège reste en place. »
Les « moyens durs » font référence aux lancers d’engins incendiaires et de ballons chargés d’explosifs vers Israël et aux manifestations nocturnes le long de la frontière entre Israël et Gaza, lors desquelles ont lieu de légères explosions, des mises à feu de pneus et l’utilisation de lasers pointés vers les soldats israéliens.
Depuis le début du mois d’avril, le lancer des ballons et les manifestations nocturnes ont globalement cessé.
Adam Rasgon a contribué à cet article.