Hanegbi : les manifestations ont stoppé le plan de refonte judiciaire
Le conseiller à la Sécurité nationale a été "très surpris" par la réponse apportée par les Israéliens aux propositions de refonte radicale du système judiciaire du gouvernement
Dans un entretien diffusé lundi dans la soirée, le conseiller à la Sécurité nationale Tzachi Hanegbi indique que les manifestations contre le plan controversé de refonte radicale du système de la justice israélien ont été déterminantes dans l’arrêt de ce projet qui proposait initialement des changements profonds.
Dans une publicité faisant la promotion de cette interview de la Douzième chaîne, il semble que Hanegbi soit satisfait que les rassemblements aient empêché les craintes de « dictature » qui étaient nourries par les activistes de se concrétiser – des propos dont le conseiller a ultérieurement déclaré qu’ils avaient été « dénaturés ».
Dans ce clip de promotion, Hanegbi déclare avoir été « très surpris » par la réponse apportée par les Israéliens aux propositions de refonte radicale du système judiciaire du gouvernement. Cela fait 35 semaines que le mouvement de protestation balaie le pays, avec des activistes qui jurent de continuer à descendre dans la rue jusqu’à l’abandon total du projet.
« C’est pourquoi j’ai été si heureux quand j’ai compris que les sombres prévisions des manifestants n’allaient pas se concrétiser. Ce dont ils sont contents, j’en suis certain », déclare Hanegbi.
Alors que le journaliste lui demande de préciser ces prévisions, Hanegbi répond : « Celle que nous allions tout droit vers une dictature ».
Quand son interlocuteur note que c’est le mouvement de protestation massif qui a empêché ce changement radical de gouvernance, Hanegbi semble répondre : « Oui, exactement. Le mouvement de protestation a été le facteur le plus efficace ayant permis de stopper le plan initial de réforme du système judiciaire. C’est un fait ».
En réponse à la publicité de promotion, Hanegbi a fait savoir qu’elle « dénaturait » la véritable nature de ses propos. « J’ai établi de manière explicite dans l’entretien que ‘la crainte de la dictature’ n’existait que dans l’esprit des manifestants et qu’elle n’avait aucun lien avec la réalité. »
« Ces propos ne reflètent ni mon opinion, ni l’opinion du Premier ministre », a-t-il ajouté.
Les manifestations avaient atteint un nouveau cap, au mois de mars, quand le ministre de la Défense, qui avait ouvertement appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à stopper le plan de refonte du système judiciaire israélien, avait été renvoyé par ce dernier. Les rassemblements énormes qui avaient suivi avaient convaincu le chef du gouvernement de la nécessité d’arrêter l’avancée du projet original et d’entrer dans des discussions de compromis avec l’opposition, des négociations qui étaient finalement tombées dans l’impasse au mois de juin.
Après l’arrêt des pourparlers, la coalition avait fait avancer devant le parlement une loi interdisant aux juges d’utiliser la notion juridique de « raisonnabilité » lors du réexamen des décisions et des nominations ministérielles, ce qui avait entraîné des manifestations féroces.
Plusieurs anciens responsables de la sécurité ont fait part de leur opposition aux propositions soumises dans le cadre du plan de refonte du système de la justice, disant qu’elles viennent menacer le caractère démocratique d’Israël. Ces responsables prennent part au mouvement de protestation.
De surcroît, le chef d’état-major Herzl Halevi, le chef de l’armée de l’air Tomer Bar et d’autres ont averti que le mécontentement des réservistes face à la refonte du système judiciaire – ils se sont engagés au premier plan des manifestations – avait un impact négatif de plus en plus important sur l’état de préparation de Tsahal, s’attirant les réprimandes de Netanyahu, d’autres députés et de partisans du gouvernement d’extrême-droite et religieux.
Plus de 10 000 réservistes qui se présentent au service sur la base du volontariat ont indiqué, ces derniers mois, qu’ils ne le feraient plus en signe de protestation contre le projet de refonte du système judiciaire. Ils accusent le plan du gouvernement, qui cherche à affaiblir l’autorité des juges, de vouloir transformer Israël, à terme, en pays non-démocratique. Aucun chiffre officiel sur le nombre de réservistes ne s’étant pas présentés au service n’a été communiqué jusqu’à présent.
Contrairement à la plus grande partie des réservistes qui sont appelés par le biais d’un ordre officiel plusieurs journées par an, les membres de certaines unités d’élite, et en particulier les pilotes, doivent s’entraîner et effectuer des missions volontaires plus fréquentes. Un grand nombre d’entre eux continuent à faire leur devoir de réserve après 45 ans, l’âge de l’exemption pour les officiers et après 49 ans concernant d’autres postes.
La coalition de Netanyahu rejette le mouvement de protestation des réservistes, évoquant une forme de chantage dangereux et sans précédent de la part de l’armée. Certains députés de la coalition au pouvoir ont comparé ces manifestations et une tentative de coup d’état militaire.
Hanegbi, faucon du secteur de la sécurité et député des partis du Likud et de Kadima, a dirigé un certain nombre de ministères et occupé des postes à haute-responsabilité au cours des trois dernières décennies. Il est considéré comme un confident de Netanyahu.